Origine et histoire
L'église Saint‑Pierre‑et‑Saint‑Paul est située place de l'Église à Sigolsheim, dans le Haut‑Rhin. Classée au titre des monuments historiques par arrêté du 1er octobre 1841, elle conserve des éléments romans associés à des réaménagements successifs. Une première église fondée par l'impératrice sainte Richarde en 880 fut remplacée par une paroissiale romane vers 1180‑1190, utilisant les fondations du chœur demi‑circulaire et peut‑être le mur oriental de la nef. Au XVe siècle, après un pillage et des destructions attribués au seigneur Jean Wild, la tour de croisée reçut des baies gothiques en arc brisé et une flèche remplaça la couverture antérieure. En 1837‑1838, l'architecte départemental Félix Griois allongea la nef vers l'ouest par deux travées, reconstruisit une travée simple et la façade occidentale à l'identique avec des matériaux d'origine; les escaliers en vis ne furent toutefois pas rétablis jusque sous le comble, les baies furent agrandies, la baie au‑dessus du portail reçut un réseau néo‑gothique abritant les statues de saint Pierre et de saint Paul, la porte du croisillon sud fut déplacée dans le bas‑côté sud et une nouvelle porte percée dans le bas‑côté nord. Selon les plans de Jean‑Baptiste Schacre, le chœur roman demi‑circulaire fut remplacé en 1865‑1866 par un chœur néo‑roman plus vaste, comportant une travée droite, une abside et une sacristie arrondie vers le sud; l'ensemble fut béni en 1866. En 1910‑1911, Klem fournit un mobilier liturgique neuf. Les bombardements de décembre 1944 endommagèrent gravement l'édifice et la tour fut incendiée la nuit de Noël. Restaurée dans les années 1950 par Charles‑Henri Arnhold, l'église a bénéficié d'une restitution volumétrique du chœur primitif sur des fondations carolingiennes ou ottoniennes mises au jour lors de fouilles, ainsi que de la restitution de l'élévation romane de la tour à partir de vestiges de baies du XIIe siècle partiellement conservés en place ou noyés dans la maçonnerie gothique des niveaux supérieurs. La flèche fut remplacée par un toit en bâtière et les croupes des bras du transept restaurées en pignons selon l'état antérieur à 1837. Orientée et entièrement voûtée, l'église présente une nef à trois vaisseaux (trois travées doubles et une travée simple), un transept non saillant avec tour de croisée et un chœur demi‑circulaire plus large que le vaisseau central. De grandes arcades alternent piles fortes et piles faibles et sont surmontées d'une frise de billettes; doubleaux, formerets et ogives retombent sur piédroits, dosserets et colonnettes dont certains chapiteaux sont sculptés d'aigles, notamment contre l'arc triomphal. Des ogives quadrangulaires apparaissent dans les bas‑côtés et des ogives à cavets dans la croisée, où elles retombent sur des chapiteaux sculptés de têtes; dans le comble du bas‑côté nord subsistent deux consoles à buste d'homme et à dragons ailés, le tympan de la porte murée nord du transept porte un décor gravé et les chapiteaux de la porte sud sont sculptés. Des frises d'arceaux ornent les élévations de la nef et du transept, et des consoles sculptées de têtes d'homme et de chat décorent la façade ouest; dans chaque face de la tour, aux deuxième et troisième étages, deux baies géminées sont encore visibles. Le portail concentre l'essentiel du décor : les chapiteaux des colonnettes de l'ébrasement présentent un bestiaire réel et fantastique dans une végétation luxuriante, le linteau porte cinq médaillons figurant l'agneau pascal entouré des symboles des évangélistes, et le tympan représente le Christ remettant la clef à saint Pierre et le livre à saint Paul, encadré par deux donateurs, l'un offrant une bourse et l'autre un fût de vin.