Origine et histoire de l'Église de l'Annonciation
L'église de l'Annonciation, communément appelée chapelle Sainte-Rita et aussi connue sous les noms de chapelle Saint-Jaume, Saint-Jacques-le-Majeur ou Saint-Giaume, se situe dans le Vieux-Nice au 1 rue de la Poissonnerie et est classée monument historique par arrêté du 3 février 1942. L'édifice, l'une des plus anciennes églises de Nice, aurait été érigé vers l'an 900 et fut dédiée à l'apôtre Jacques le Majeur pendant 935 ans, dont 893 comme paroisse, jouant un rôle important parmi les paroisses de la ville et servant notamment la paroisse de la Marine où se trouvait l'autel de saint Érasme. En 1531, les moines de l'abbaye Saint-Pons procédèrent à un échange avec le chapitre cathédral pour obtenir l'église paroissiale Saint-Jacques, transaction achevée en 1576. Après la destruction du couvent des Carmes lors du siège de 1543, les Carmes s'établirent à Saint-Jacques ; un accord avec l'abbaye Saint-Pons fut approuvé par le pape Paul V le 4 juin 1605. Les pères carmes, auxquels succédèrent des travaux de reconstruction, prirent en charge l'église à partir de 1604 et, jugeant l'édifice trop étroit, entreprirent dès 1610 sa reconstruction et l'acquisition d'une maison contiguë, la première pierre de la nouvelle construction étant posée le 15 mai 1677. L'église fut essentiellement achevée vers 1685, des travaux de finition se poursuivirent pendant quelques années, un clocher fut ajouté en 1740-1741 et une reprise des travaux est signalée vers 1760 ; la structure et la décoration rappellent les réalisations de Jean-André Guiberto et Marc-Antoine Grigho. Fermée en 1793 et convertie en dépôt de sel durant la Terreur, elle fut restaurée et rouverte au culte en 1806 ; elle ne retrouva pas son statut paroissial et dépendit désormais de la paroisse du Gesù, tandis que des prêtres tels que Borelli et l'abbé André Gilli œuvrèrent à sa restauration. Un incendie détruisit le 16 juillet 1834 le grand tableau de l'abside, la Transfiguration attribuée à Domenichino ; l'œuvre fut remplacée par L'Annonciation de K. A. Chevelkine (1829), offerte par le comte Alexandre Michaud de Beauretour, et l'église prit dès lors le nom populaire d'Annonciation. La façade fut rénovée en 1836, puis en 1844 l'évêque de Nice confia l'église aux pères oblats de la Vierge Marie qui menèrent une restauration complète, parmi laquelle figurent les portes en noyer sculpté exécutées vers 1845. Au XXe siècle, Henri Betti y fut nommé organiste en 1930 et, en 1934, le père Andrea Bianco introduisit la dévotion à sainte Rita en installant sa statue sur le premier autel latéral gauche, dévotion qui contribua au renom actuel de la chapelle sous le vocable de Sainte-Rita. Des travaux sur la façade en 1983 dégagèrent l'inscription du linteau et, en 1984-1985, les Pères Oblats avec les fidèles procédèrent à d'importantes rénovations ; au fil des restaurations, deux autels seulement ont changé d'intitulé : celui de la Sainte-Croix remplacé par Sainte-Rita en 1934 et celui de Saint-Joseph restitué à Saint-Érasme.
La façade inachevée a perdu ses structures originelles ; le porche, concentrant l'ornementation, tranche par la blancheur de ses marbres sur le mur crépi du corps d'église et s'ouvre par des vantaux en noyer sculpté frappés du monogramme des Oblats, œuvre du frère Julien Barberis vers 1845. Le linteau porte l'inscription latine « O quœ carmeli Gaudes quos purgant ignes / Habitare recessus hos tua vota iuvent », rappelant la présence des Carmes, et le clocher, ajouté au XVIIIe siècle, renferme deux cloches coulées en 1807 par les frères Rosina et une troisième fondue en 1872 par Giacomo Sémeria ; il est coiffé d'un bulbe couvert de tuiles vernissées et orné des trois étoiles carmélites. Entièrement restructuré au XVIIe siècle dans le style baroque niçois, l'intérieur présente un plan simple : une nef rectangulaire précédant un chœur en hémicycle séparé par un arc triomphal et surmonté d'une demi-coupole ; la nef, voûtée en berceau, est bordée de six chapelles latérales autrefois entretenues par des corporations ou utilisées comme sépultures. L'entrée est surmontée d'un orgue construit par la Maison Tamburini et les retables, divers dans leur provenance mais bien intégrés au volume des travées, occupent le fond des chapelles.
La voûte de la nef fut décorée de fresques vers 1834 : la série centrale comprend la Délivrance de saint Pierre, l'Annonciation et la Vierge du Mont-Carmel donnant le scapulaire à saint Simon Stock ; dans les tympans figurent le Sacré-Cœur porté par Marguerite-Marie Alacoque et la Sainte Face portée par sainte Véronique, entre lesquels quatre allégories symbolisent des vertus. Le chœur, couronné d'une coupole très lumineuse, abrite un maître-autel en marbre polychrome qui met en valeur le tableau de l'Annonciation, remplacé lors de la fête de sainte Rita par l'image de la sainte ; l'emblème des Oblats figure au-dessus et une fresque représente l'Adoration du Saint-Sacrement. La clôture de chœur porte deux calices sculptés avec une hostie figurant la Crucifixion à gauche et la Résurrection à droite, et une plaque commémorative rappelle la sépulture de Philippe de Blonay.
La première chapelle à gauche, dédiée aujourd'hui à sainte Rita, a successivement porté les vocables de la Sainte-Croix et de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs ; elle conserve des éléments évoquant ces deux titulaires, parmi lesquels les instruments de la Passion peints sur la voûte, le tableau de la Déposition par Charles Garacci (1840), une copie représentant sainte Élisabeth de Hongrie et une statue naïve de sainte Rita datée du début du XXe siècle. La deuxième chapelle à gauche, corporative des pêcheurs, présente un programme iconographique centré sur saint Pierre : un tableau du XVIIe siècle illustrant sa vocation, des statues de saint Paul et saint André, des toiles de Louis-Abraham van Loo datées de 1699 et des stucs de dauphins en relation avec le monde maritime. La chapelle Notre-Dame-du-Mont-Carmel, en marbre et de décor rococo, est un aménagement du XVIIIe siècle commandé par les Carmes ; elle est dominée par la statue en marbre blanc de la Vierge et l'Enfant présentant le scapulaire, œuvre de J. B. Ansaldi, et renferme la tombe des Balduini ainsi qu'une Santissima Bambina en vitrine et des toiles de N. Masset (1854). À droite, la chapelle de saint Julien, corporative des tonneliers, présente une iconographie du martyre et des épisodes liés à saint Ferréol, ainsi que d'importantes gypseries et stucs au-dessus du retable. La chapelle du Cœur Immaculé de Marie, centre d'une confrérie liée à Notre-Dame-des-Victoires de Paris, conserve un grand tableau de 1854 attribué à Cottolengo représentant la Vierge au Cœur Immaculé entourée d'archanges et de saints, un cœur de bois reliquaire contenant la liste des membres et des toiles représentant saint Antoine ermite et saint Homobon. La première chapelle à droite, dédiée à saint Érasme et aux marins, développe une décoration maritime avec instruments de navigation et une peinture centrale du XVIIe siècle où le saint semble tenir un navire auquel on a reconnu un pavillon sarde postérieur, sans toutefois altérer la vocation marine du décor, qui inclut aussi une représentation de sainte Rosalie intercédant contre la peste. L'ensemble de l'édifice, par ses décorations, stucs, sculptures et peintures, illustre la richesse du baroque niçois et la continuité des dévotions locales qui ont fait évoluer au fil du temps les titulatures et usages de la chapelle.