Origine et histoire de l'Église de l'Annonciation
L'église de l'Assomption de Maubourguet, vestige du monastère fondé par Héraclius au XIe siècle, est le seul élément subsistant de cet établissement bénédictin. Située au centre de la ville, sur la rive gauche de l'Adour et sur la via Tolosane, elle tient une place importante dans le paysage local. Selon un manuscrit de 1680 rédigé par dom Estiennot, des moines venus du monastère des Saints-Pierre-et-Martin d'Elvis auraient fondé l'implantation à la demande d'Héraclius et de Bernard, évêque et comte de Bigorre ; Paul Mesplé a toutefois suggéré que « Elvis » pourrait être une mauvaise transcription d'« Alet ». Des fouilles menées entre 1983 et 1985 sous la direction de Sylvain Doussau ont révélé des occupations plus anciennes sur le site, depuis le Néolithique et la protohistoire jusqu'à un édifice gallo‑romain, une basilique du VIe siècle et une église carolingienne. L'édifice actuel remonte essentiellement au XIe siècle ; le chœur et le chevet, notamment l'abside et les deux absidioles semi-circulaires, conservent encore des vestiges romans presque intacts. L'église se compose d'une nef de trois travées flanquée de bas-côtés, prolongée par un transept non saillant, puis par l'abside et les absidioles ; la croisée du transept a reçu une tour‑lanterne. Le désaxement des absides par rapport à la nef romane laisse supposer que plusieurs campagnes de travaux se sont succédé entre les XIe et XIIe siècles, période durant laquelle le transept et la nef furent largement transformés et la nef complétée par des collatéraux. Pendant la guerre de Cent Ans, les Anglais occupèrent et fortifièrent le monastère en y ajoutant remparts et tours, et l'on attribue au XIVe siècle le surhaussement de l'abside et des absidioles ; c'est peut‑être à cette époque que la croisée reçut sa tour‑lanterne octogonale. Les guerres de Religion ruinèrent en grande partie le monastère et endommagèrent l'église au point que la nef fut en partie en ruine ; au XVIe siècle, des prêtres remplacèrent les moines, les biens du prieuré furent réunis à ceux de l'église d'Alet et des éléments du cloître furent transférés pour décorer le château du vicomte de Labatut. Le vocable de l'église changea au XVIIIe siècle pour devenir celui de l'Assomption de Notre‑Dame. Fermée pendant la Révolution, l'église fut rouverte en 1804 sous le Concordat et connut plusieurs campagnes de restauration au cours du XIXe siècle, dont des travaux au XVIIe siècle qui n'avaient pas permis de lui rendre son volume primitif, puis des interventions durant la seconde moitié du XIXe siècle et dans les années 1980. L'ensemble a été inscrit au titre des monuments historiques le 3 mars 1979. Sur le plan architectural, le chevet présente un dispositif d'absides précédées de parties droites aux murs légèrement convergents depuis le transept ; la voûte de l'abside, remaniée au XIIe siècle, a nécessité l'épaississement intérieur du mur semi‑circulaire et la mise en place de colonnes doubles qui encadrent les fenêtres et masquent partiellement leurs chapiteaux. Les maçonneries, réalisées avec des galets noyés dans du mortier, ont été renforcées par des contreforts : chaque absidiole, voûtée dès l'origine, comporte quatre contreforts et l'abside conserve six contreforts, deux autres ayant été supprimés lors de reconstructions au XIIe siècle. Le portail méridional, daté du XIIe siècle, se distingue par la richesse de sa sculpture : frise de palmettes sur impostes et archivolte, rinceaux ornés de pommes de pin, corniche portée par des modillons séparés par des métopes dont la métope centrale représente un Christ en majesté ; parmi les modillons figurent des sujets animaliers et humains tels que Samson maîtrisant le lion, un centaure et une tête de loup.
