Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-l'Assomption
L'église Notre‑Dame‑de‑l'Assomption, dite église polonaise, se trouve place Maurice‑Barrès, à l'angle de la rue Saint‑Honoré et de la rue Cambon dans le 1er arrondissement de Paris, et est affectée à la Mission catholique polonaise en France. Elle dépendait du couvent Notre‑Dame‑de‑l'Assomption, fondé en 1622, et fut construite entre 1670 et 1676. Le cardinal de la Rochefoucauld fit transférer la communauté des Haudriettes rue Saint‑Honoré ; les religieuses, devenues Dames de l'Assomption, transformèrent la maison en couvent et firent appel à Charles Errard pour le projet de la nouvelle église, l'exécution ayant été assurée par M. Chéret. L'édifice fut achevé en 1676 et béni le 14 août de la même année par l'archevêque de Bourges Michel Poncet de La Rivière. Le couvent accueillait sous l'Ancien Régime certaines dames de la cour et occupait une place importante rue Saint‑Honoré. Supprimé en 1790, il devint bien national; ses bâtiments furent transformés en caserne, et les terrains furent ouverts pour la création de la rue de Rivoli, de la rue Cambon et d'autres voies. De l'ancien ensemble subsistent des ailes et la caserne aménagée sur place a successivement accueilli des garnisons puis des services des Finances. Le site fut réaménagé à la fin du XIXe siècle pour permettre la construction du palais Cambon, qui accueille la Cour des comptes à partir de 1912. Le parvis, jusque‑là clos, a été aménagé en place Maurice‑Barrès en 1924. Contrairement aux autres bâtiments, l'église échappa à la destruction et servit de magasin de décors pendant la Révolution. Napoléon l'affecta à la paroisse du 1er arrondissement en remplacement de l'ancienne Madeleine; la dénomination officielle date de 1803, mais le nom d'Assomption demeura d'usage. Après le transfert du culte dans la nouvelle église de la Madeleine, l'Assomption conserva des usages paroissiaux pour l'enseignement du catéchisme. En 1844, l'archevêque Denys Affre attribua l'église à la Mission catholique polonaise; les pères résurrectionistes assurèrent l'aumônerie polonaise jusqu'en 1903. L'église fut classée au titre des monuments historiques en 1907. Sa façade présente un péristyle à six colonnes corinthiennes surmonté d'un fronton triangulaire et évoque la façade nord de la Sorbonne. Le plan centré fait de l'édifice une rotonde de 24 mètres de diamètre, surmontée d'une coupole percée de huit baies alternant avec des niches à statues; la façade est ornée d'un buste de Jean‑Paul II. La crypte abrite un restaurant géré par la Mission polonaise. Parmi les œuvres et le mobilier figurent la peinture murale de la coupole L'Assomption par Charles de La Fosse (1676), La Naissance de la Vierge (1779) de Joseph‑Benoît Suvée, L'Adoration des bergers (1648) de Dingeman van der Hagen, L'Annonciation de Joseph‑Marie Vien, L'Adoration des mages de Carle Van Loo, ainsi que le maître‑autel, l'autel de la Vierge, le chemin de croix, les fonts baptismaux ornés d'une statue de l'Enfant Jésus de Prague, un confessionnal et une plaque en mémoire de Juliusz Słowacki. Le grand orgue est une partie instrumentale d'Aristide Cavaillé‑Coll, datée de la fin du XIXe siècle et portant le numéro 709, logée dans un buffet classique français de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle; l'instrument, à transmissions électriques, comporte 19 jeux, deux claviers de 56 notes et un pédalier de 30 notes. Il a été restauré en 1970 par Danion‑Gonzalez, en 1981 par Sebire & Glandaz et à nouveau en 2017‑2018 par Bernard Dargassies après une période de dégradation aggravée par l'empoussièrement lié aux travaux décoratifs de 2013. Le relevage de 2017‑2018 a inclus le démontage partiel, la restauration de la tuyauterie et du sommier, le remplacement de la turbine, la révision de la transmission, le nettoyage, la réharmonisation et l'accord général. L'église a accueilli plusieurs événements marquants : le cœur de François‑Jean‑Hyacinthe Feutrier fut déposé dans un autel le 26 juin 1830, les funérailles du général Lafayette eurent lieu le 22 mai 1834, l'inhumation provisoire de Talleyrand se déroula le 22 mai 1838 et les obsèques de Stendhal eurent lieu en mars 1842. L'édifice a également été fréquenté par le poète Adam Mickiewicz et, à son arrivée à Paris, par le musicien Frédéric Chopin.