Église de l'Exaltation-de-la-Sainte-Croix de Caix dans la Somme

Patrimoine classé Patrimoine religieux Architecture gothique flamboyant

Église de l'Exaltation-de-la-Sainte-Croix de Caix

  • 5-6 Rue des Fleurons 
  • 80170 Caix
Église de lExaltation-de-la-Sainte-Croix de Caix
Église de lExaltation-de-la-Sainte-Croix de Caix
Église de lExaltation-de-la-Sainte-Croix de Caix
Église de lExaltation-de-la-Sainte-Croix de Caix
Église de lExaltation-de-la-Sainte-Croix de Caix
Église de lExaltation-de-la-Sainte-Croix de Caix
Église de lExaltation-de-la-Sainte-Croix de Caix
Église de lExaltation-de-la-Sainte-Croix de Caix
Crédit photo : Auteur inconnu - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Frise chronologique

Bas Moyen Âge
Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1300
1400
1500
1600
1700
1800
1900
2000
XIIIe siècle
Origines de l'église
XVe siècle
Construction du transept
1577
Achèvement du clocher
XVIe siècle
Construction de la nef
1768
Incendie destructeur
1906
Classement historique
1922-1928
Restauration post-guerre
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Eglise : classement par arrêté du 16 octobre 1906

Personnages clés

Quentin Bonian de Caix Tailleur de pierre réputé ayant travaillé sur des chantiers lointains.
Claude de Lorraine Mécène de la Maison de Lorraine ayant contribué à la reconstruction de l'église.
Victor Dupont Architecte responsable de la restauration du XIXe siècle.
Honoré Rogere Curé ayant supervisé la construction de la chaire en 1678.
Claude Parmentier Marguillier ayant participé à la construction de la chaire en 1678.

Origine et histoire de l'Église de l'Exaltation-de-la-Sainte-Croix

L’église de l’Exaltation-de-la-Sainte-Croix de Caix, dans la Somme, date du XVIe siècle et est considérée comme l’une des plus remarquables du Santerre. Les tailleurs de pierre de Caix jouissaient d’une grande réputation : on les appelait sur des chantiers lointains, comme en témoigne Quentin Bonian de Caix qui réalisa en 1567 une fenêtre gothique à l’église Saint‑Pierre de Roye, et l’appareillage de toute l’église atteste cette maîtrise. La seigneurie de Caix appartenait au XVIe siècle à la Maison de Lorraine, mécène d’ouvrages religieux, et il est probable que Claude de Lorraine contribua à la reconstruction et à l’édification du clocher ; l’autel, en revanche, relevait depuis longtemps du prieuré de Lihons‑en‑Santerre. Un incendie, le 26 avril 1768, détruisit une grande partie du village et provoqua l’effondrement d’une tour au croisement du transept et de la nef ainsi que du pignon triangulaire du bas‑côté sud ; les réparations ordonnées par le prieur de Lihons furent menées au moindre coût, la tour centrale ne fut pas relevée et un mur nu remplaça le pignon central épargné par le feu. L’église a été classée Monument historique en 1906. Pendant la Grande Guerre, située à deux lieues du front, elle subit des dommages limités : un contrefort nord‑ouest du haut clocher fut largement ébréché, déjà atteint en 1870 ; la première travée, contre le clocher du bas‑côté gauche, fut détruite avec les fonts baptismaux, le tympan vitré du portail pulvérisé, et le tableau du retable du maître‑autel ainsi que un pendentif de bois ornemental disparurent. Des travaux de restauration ont été conduits de 1922 à 1928.

Construite en pierre blanche locale sur soubassement de grès, l’église suit un plan en croix latine : le transept, le chœur et l’abside à trois pans appartiennent au XVe siècle, tandis que la nef, la façade et le clocher datent de la première moitié du XVIe siècle, période finale du style gothique flamboyant. L’ornementation des portes et les clefs de voûte de la nef montrent toutefois des motifs de style Renaissance inspirés de modèles italiens, particulièrement visibles au clocher, qui n’a été achevé que dans le dernier quart du XVIe siècle, lorsque la Renaissance avait profondément modifié l’ornementation.

Le clocher est une tour carrée hors œuvre de neuf mètres de côté et haute d’environ quarante mètres. Ses contreforts, disposés deux à deux à chaque angle, ressortent largement à la base, se montent en s’amincissant et sont interrompus par sept cordons saillants ; au nord‑est, un contrefort est remplacé par une tourelle abritant un escalier éclairé par des baies étroites, rondes puis à quatre pans à la hauteur des abat‑sons, surmontées de frontons triangulaires de style Renaissance ; un cadre du même style est ajouté sur la face sud au‑dessus d’un cartouche daté de 1577 et la face ouest porte la date de 1556. À son dernier étage, deux abat‑sons sous plein cintre percent chaque face, encadrés de pilastres cannelés à chapiteau dorique, et le clocher doit son aspect de beffroi aux quatre trompes ou consoles moulurées insérées entre les contreforts. Les échauguettes ont des toits de pierre en forme de cloche surmontés d’une fleur de lis ; une balustrade ajourée de style Renaissance relie ces échauguettes et entoure une plate‑forme offrant une large vue sur le Santerre et la vallée de la Luce. La lanterne de pierre qui occupe le centre porte aujourd’hui un dôme en métal et une croix de fer dont la pointe atteint 43 mètres du sol.

La porte particulière du clocher présente, sous un cintre surbaissé, une cloche sculptée dans l’imposte, un arc brisé dominé par un tympan aux tracés flamboyants et une haute accolade ornée de crochets de feuillage ; la zone entre l’accolade et les pilastres est ajourée d’arcatures flamboyantes d’une grande finesse sculpturale. Le clocher abrite deux salles superposées et le logement de deux cloches, l’une grosse et l’autre petite, toutes deux datées de 1804. Ces salles, des carrés de six mètres de côté, ont des voûtes à nervures sur croisée d’ogives d’exécution remarquable ; on lit l’inscription 1548 dans la voûte inférieure et une note fait état d’une réparation en 1741 par M. Sirot, curé de Caix, et Florans Rinui, marguillier. Les restes d’une très ancienne croix ont été installés dans l’angle entre le clocher et la façade : sur un piédestal à trois marches, une base et un fût de grès de 2,70 m de hauteur montrent, par leur chapiteau à feuilles plates, un caractère roman du XIIe siècle.

La façade présente une dentelle de pierre sculptée caractéristique du gothique flamboyant ; le portail est encadré par deux contreforts coiffés de hauts pinacles dont les niches abritent des statues rapportées. Au trumeau, l’Ecce Homo, peut‑être en place depuis le XVe siècle, sépare deux portes en anse de panier surmontées d’un tympan vitré dont les montants rectilignes modernes remplacent le remplage ancien. Une grande accolade brisée, qui traverse une balustrade de pur style flamboyant, domine le portail et porte un écu timbré d’une couronne ducale et d’un casque ; cet écu, qui se lit comme les armes de Bar‑Montbelliard et l’un des quartiers de la Maison de Lorraine, est entouré d’un riche remplage dont le médaillon central renferme l’Agnus Dei, tandis qu’une croix antéfixe surmonte la pointe du pignon.

La porte latérale, dans la seconde travée sud, s’ouvre sous un cintre surbaissé décoré de sarments de vigne ; le tympan vitré est encadré de voussures à décor végétal, dont le cadre de pampres est encore lisible, et le meneau central porte une Vierge couronnée tenant l’Enfant sur l’avant‑bras droit, particularité assez rare ; un écu effacé au pied renvoie au blason d’Amyot de Moyencourt et la date 1530 est gravée sur un culot. Cette porte compte parmi les trois entrées de la première moitié du XVIe siècle, toutes différentes mais harmonieuses. Le pignon du transept sud, entre larges contreforts, est percé d’une grande baie du XIVe siècle composée d’un quadrilobe dans un cercle surmontant deux trilobes.

À l’intérieur, la nef, large de 6,70 mètres, se compose de quatre travées flanquées de bas‑côtés de 4 mètres. De gros piliers cylindriques de 1,20 m de diamètre, posés sur des bases de plus d’un mètre, suivent la règle du XVIe siècle qui supprime les chapiteaux ; les dais appliqués aux piliers étaient finement ciselés mais leurs consoles et statuettes sont aujourd’hui en plâtre. Les voûtes, d’une épaisseur d’environ 0,12 m, s’organisent en croisées d’ogives d’un tracé sobre et l’appareillage est d’exécution soignée ; les clefs de voûte offrent une richesse de formes, en rosaces, couronnes fleuries ou blasons, et les culots des retombées des voûtes des bas‑côtés, surtout à gauche, figurent personnages, démons et monstres. Le confessionnal du XVIIIe siècle est une belle menuiserie ; la chaire, datée par une inscription de 1678 et attribuée sous la signature d’Honoré Rogere, curé, et Claude Parmentier, marguillier, se distinguait autrefois par des statuettes de docteurs de l’Église aujourd’hui disparues.

Une statue de saint Roch, implantée haut sur le bas‑côté droit, repose sur une console datée de 1681 où deux angelots tiennent un blason découpé portant trois peignes, outil des artisans de la laine dont l’activité était importante à Caix au XVIe siècle ; la place était sans doute jadis occupée par saint Blaise, patron des métiers de la laine. Un orgue a été installé sur la tribune au‑dessus du porche d’entrée. L’arc triomphal sépare le transept du XIVe siècle, dont les chapiteaux étroits affichent un décor simple de bagues de feuillage, de la nef reconstruite au XVIe siècle ; le dallage conserve l’épitaphe du curé de 1768 et une lampe contre le mur droit porte l’inscription d’une fondation de 1493 au profit de la confrérie des Trépassés. Le chœur, plus bas que la nef et légèrement dévié sur la gauche par rapport à son axe, présente trois pans percés de larges fenêtres, la baie centrale étant obturée par un haut retable entre colonnes dont les chapiteaux ont été refaits au XVIIe siècle ; le maître‑autel, d’un goût de transition entre Louis XV et Louis XVI, associe grâce et légèreté avec des décors de fleurs, frises et angelots ornant le coffre rocaille.

Liens externes