Origine et histoire de l'Église de l'Exaltation-de-la-Sainte-Croix
L'église de l'Exaltation-de-la-Sainte-Croix est un édifice roman situé à Sainte-Croix-de-Quintillargues (Hérault, Occitanie) qui dépendait de l'abbaye d'Aniane et formait, avec Fontanès, une paroisse du diocèse de Maquelone. Le lieu est mentionné dès 1110 sous le nom de Mansus de Quintanello dans le cartulaire de Gellone, puis comme Ecclesia S. Crucis de Quintilanegues en 1146 et dans une bulle du pape Adrien IV en 1154 ; il apparaît encore sous le nom de Villa S. Crucis de Quintilhanicis dans le cartulaire de l'évêché de Maguelone. L'église a été consacrée en 1138. Construite aux XIe et XIIe siècles, elle a fait l'objet de transformations aux siècles suivants et a été modifiée au XVIe siècle. Endommagée lors des guerres de Religion, elle a été réaménagée : la voûte fut reprise et le couvrement extérieur adapté à la défense, notamment par l'ajout de deux échauguettes ; la voûte actuelle, en berceau brisé surbaissé, date de cette réfection tardive. L'édifice présente le plan habituel des petites églises romanes de la région : une nef unique terminée par une abside hémicylindrique, l'entrée se faisant par la façade occidentale. Deux portes murées, surmontées d'un petit arc de décharge, s'ouvrent dans la première travée de la nef sur les flancs nord et sud ; la porte nord communiquait sans doute avec les bâtiments du prieuré attenant. À l'origine la nef ne comportait pas de division en travées ; lors du remplacement de la couverture en charpente par une voûte, de forts piliers engagés furent élevés pour soutenir des doubleaux et diviser la nef en deux travées. Des arcs de décharge en berceau brisé furent également plaqués contre les murs latéraux et retombent sur des pilastres par l'intermédiaire de consoles ; ces transformations relèvent probablement d'une période indéterminée du XIIe siècle, et l'on ne sait pas si la voûte élevée alors était en plein cintre ou en berceau brisé. L'église est bâtie en pierre de taille, sauf la partie haute constituée de moellons, résultat probable d'une surélévation et d'un renforcement défensif ; cinq assises de calcaire brun, ajoutées environ quarante ans après la pose de la toiture de charpente, sont encore visibles dans la partie haute. Faute de contreforts extérieurs, d'épais arcs de décharge intérieurs furent plaqués contre les murs pour contenir les poussées de la voûte, réduisant sensiblement l'espace intérieur ; cette consolidation explique aussi l'aveuglement de la fenêtre qui s'ouvrait au sud de la première travée. Au XIVe siècle l'édifice fut surélevé et fortifié : des tours de défense encorbellées, ancrées aux angles sud-est et nord-ouest, sont reliées par un chemin de ronde situé juste au-dessus de la corniche. Le chevet, en pierre de taille, associe par endroits un appareil en opus monspeliensis, visible notamment à la base et à mi-hauteur, et certaines assises plus foncées ; il est surmonté d'une corniche biseautée et couvert de tuiles romaines, la fenêtre absidiale à double ébrasement ne présentant aucune décoration. La façade méridionale, qui porte des traces d'opus monspeliensis et de nombreuses réfections, est percée d'une unique fenêtre analogue à celle de l'abside et conserve l'empreinte d'une ancienne porte romane murée, comme la façade nord. La façade occidentale est coiffée d'un clocheton à deux baies campanaires. L'église est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 30 mars 1978.