Origine et histoire de l'Église de l'Invention-de-la-Sainte-Croix
L'église de l'Invention-de-la-Sainte-Croix, aussi appelée église de la Sainte-Croix, se situe à Saint-Dalmas du Plan, dans le village de Saint-Dalmas de la commune de Valdeblore, dans les Alpes-Maritimes. Elle est mentionnée dès environ 1060 comme ancien prieuré dépendant de l'abbaye San Dalmazzo da Pedona, à Borgo San Dalmazzo en Italie, et était alors dédiée à saint Dalmas. Les récits hagiographiques rapportés par différentes sources décrivent saint Dalmas comme un évangélisateur des Alpes et indiquent que ses reliques sont conservées dans la crypte de l'église ; les versions divergent sur les circonstances exactes de son martyre. Au début du Moyen Âge, Théodelinde de Bavière aurait obtenu la fondation d'une abbaye à Pedona en l'honneur de saint Dalmas, donnant naissance à une maison bénédictine qui possédait un vaste territoire et créa des filiales dans plusieurs vallées. L'abbaye connut ensuite des troubles liés aux incursions sarrasines, qui entraînèrent le transfert des reliques et des reconstructions jusqu'à la reprise de l'activité monastique à la fin du Xe siècle. La première mention documentaire de l'église de Valdeblore figure dans une donation « ad ecclesiam sancti Dalmacii » aux alentours de 1060, et une bulle du pape Innocent IV de 1246 confirme la possession de Saint-Dalmas par l'abbaye de Pedona. Des vestiges de peintures murales, retrouvés dans les absidioles et la nef, semblent remonter au XIIe siècle. Classée au titre des monuments historiques en 1943, l'église possède également des cloches inscrites à l'inventaire des objets mobiliers : deux cloches de 1452 et 1500 classées en 1910 et la cloche Salvatore Mundi de 1764 classée en 1989. Architectoniquement, l'édifice est un témoin du premier art roman lombard et adopte un plan basilical ; aucun document ne précise sa date de construction, mais des comparaisons stylistiques avec des églises italiennes ont conduit certains chercheurs, comme Jacques Thirion, à situer sa réalisation dans le deuxième tiers du XIe siècle. La nef comprend un vaisseau central et deux collatéraux de sept travées ; à l'origine la toiture était une charpente apparente, à deux pentes au-dessus du vaisseau central et en appentis sur les bas-côtés, puis cette charpente a été lambrissée au XVe siècle. L'église se termine par trois chœurs surélevés, placés au-dessus de trois cryptes souterraines accessibles par quatre portes depuis la nef ; la crypte centrale semble contemporaine de l'édifice, tandis que les cryptes latérales ont été aménagées lors du développement du culte des reliques entre 1100 et 1150, ce qui a valu à l'église son vocable d'Invention de la Sainte-Croix. Plusieurs séismes, notamment en 1494, 1556 et 1564, ont fragilisé la structure et provoqué des glissements de terrain qui ont partiellement comblé la crypte nord et entraîné des remaniements du terrain et des accès : la coulée de terre a conduit à la transformation d'une crypte en ossuaire, à l'ouverture d'une nouvelle porte occidentale et à la reconstruction du clocher effondré en 1564, reconstruit ensuite dans la travée du collatéral nord. Un séisme de 1644 causa de nouveaux dommages ; au XVIIIe siècle, le comblement partiel de la nef d'environ 1,50 m permit d'ajuster le niveau du sol pour un accès plus direct au chœur, puis, en 1738, des voûtes d'arêtes maçonnées furent posées et des contreforts extérieurs réalisés pour en soutenir le poids, le clocher étant réparé en 1740. Des fouilles menées depuis 1978 ont mis au jour une crypte dans le prolongement du collatéral nord ; sous la direction de l'architecte en chef des Monuments historiques Jean-Claude Yarmola et sur décision de la Commission supérieure des monuments historiques, le sol de l'église a été rétabli à son niveau initial, les accès aux cryptes restitués et la crypte nord reconstituée. Le mobilier comprend un polyptyque du maître-autel signé Guillaume Planeta daté de 1584, représentant saint Dalmas, saint Roch et les évangélistes ; un retable des stigmates de saint François anciennement attribué à Andrea de Cella (1520) ; des tableaux de la fin du XVIe siècle et du XVIIe siècle, dont un retable du Rosaire devant lequel se trouvent des fresques anciennes, ainsi que d'autres toiles représentant Sainte Marie-Madeleine et la Crucifixion. Les cryptes conservent un retable de l'autel de la Sainte-Croix, des peintures murales et, dans la crypte sud, un autel présentant les instruments de la Passion daté de 1683. L'ensemble fait de cette église un site majeur pour l'étude de l'art roman lombard, des pratiques cultuelles liées aux reliques et du patrimoine mobilier des Alpes-Maritimes.
