Origine et histoire de l'Église de l'Ordination-de-Saint-Martin
L'église de l'Ordination-de-Saint-Martin est une église catholique située à Blond, dans le département de la Haute-Vienne. Les parties les plus remarquables de l'édifice sont l'abside et la façade, organisées pour la défense. D'origine romane, l'église remonte aux parties anciennes du XIIe siècle et présente un plan primitif simple mais vaste : une nef unique aboutissant à une abside semi‑circulaire éclairée par trois fenêtres. Plusieurs chapelles ont été ajoutées après la construction ; l'une d'elles porte un écu de la famille Nollet et une pierre tombale dans le pavé de la nef porte les armes de la famille de Blond. La nef a été remaniée : une voûte en pierre élevée sur des colonnes neuves est mentionnée pour 1884, et, au début du XXe siècle, des colonnes et des doubleaux à visée décorative y ont été ajoutés. Durant les guerres de religion, le tiers supérieur du clocher fut élevé et renforcé par quatre contreforts, et l'édifice reçut des aménagements défensifs tels que créneaux, mâchicoulis et ouvertures pour arquebuse afin de servir de refuge aux habitants. Le curé Martial Micheau, dont les registres remontent à 1559, a consigné les épisodes de pillage subis en octobre 1567 et en juin 1569, puis la décision des paroissiens de fortifier et de garder l'église ; par la suite, des réparations ont fait disparaître une partie de ces aménagements militaires. En 1935, un ouragan ayant détérioré l'abri des cloches entraîna une réparation complète de la toiture et du clocher, la suppression du campanile d'ardoises du XIXe siècle et sa substitution par un petit beffroi ; du béton fut également coulé sur la nef, recouvrant des pierres tombales anciennes. L'édifice est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques (inscription mentionnée dans les sources).
L'église abrite un ensemble de sculptures d'art populaire qui, longuement attribuées au XVIIe siècle, se sont révélées, d'après des dossiers des archives départementales, issues d'une campagne de rénovation et de remeublement après les destructions révolutionnaires ; ces statues sont liées à la facture de Louis Brunier, ébéniste à Bellac, et figurent sur un devis du 23 août 1817 ainsi que sur un certificat de réception du 20 août 1820. Parmi elles se trouvent trois représentations de saint Martin — deux en bois doré et une en bois peint attribuée au XVIIIe siècle — montrant l'évêque en mitre, rochet et chape, tenant la crosse et la croix pectorale ; la statuaire a subi des altérations de la polychromie et de la dorure, et la crosse a disparu. Saint Martial, premier évêque de Limoges, est figuré en tenue épiscopale, bénissant de la main droite et tenant la crosse de la main gauche ; cette statue se situe à l'entrée de la troisième chapelle sud, côté est. Saint Pardoux est représenté en prêtre vêtu d'un surplis sur soutane noire, coiffé d'un bonnet à pompon, la main droite levée et l'autre posée sur la poitrine ; il est adossé au mur nord de la nef, à la première travée. Saint Cloud apparaît en costume de clerc du début du XIXe siècle, tonsuré et tenant un livre, placé à l'entrée nord de la nef. Saint Roch, sculpté en bois polychrome, est figuré en pèlerin révélant la plaie de la cuisse, accompagné d'un chien portant le pain ; cette statue est adossée au mur sud de la nef, au niveau de la seconde travée.
Une cloche dite « le gros bourdon », fondue à Blond en 1636, subsiste encore ; son inscription invoque Jésus, Marie et la Sainte Trinité et mentionne les parrains P. de Nollet et Marguerite d'Asnières ainsi que la présence du curé L. Micheau lors de sa réalisation. Autour de cette cloche circule une légende locale : on affirme qu'elle pouvait éloigner les orages et que des voisins vinrent la voler de nuit, mais qu'elle se mit à sonner lors des tentatives, permettant aux villageois de la récupérer ; une variante rapporte que le son « bloum » expliquerait l'origine du nom de la commune.