Origine et histoire
L'église Notre‑Dame de la Basse‑Œuvre de Beauvais constitue l'édifice primitif qui a précédé la cathédrale gothique et dont une partie a été démolie lors des travaux de la Haute‑Œuvre. Le site est occupé dès l'époque carolingienne et des recherches archéologiques ont mis au jour des vestiges de cette première cathédrale, notamment des fondations d'absidioles et des fragments de vitrail en grisaille. La reconstruction importante du lieu, menée en grande partie sous l'épiscopat d'Hervé (987‑997), utilisa des matériaux remployés provenant de monuments antiques de Beauvais. Dans son état ancien, l'église comportait un transept non débordant avec deux piliers cruciformes et deux absidioles, un porche occidental, une façade pourvue de petites ouvertures et une nef à trois vaisseaux de six travées dont l'élévation est en grande partie celle que l'on conserve aujourd'hui ; le sol primitif présentait des dalles de craie à l'ouest et de l'opus sectile à l'est. Par la suite furent ajoutés un portique sur le flanc sud et un petit édifice à abside. Au XIIe siècle la nef fut allongée et un transept majeur fut construit vers l'est ; des piliers carrés furent remplacés par des piliers octogonaux, le sol élevé d'environ 30 cm et un chevet à absides échelonnées paraît avoir été installé, tandis que des escaliers menaient aux combles et de grandes salles annexes furent disposées le long des collatéraux. Un décor roman orna alors la façade occidentale. Après un incendie en 1225, l'évêque Milon de Nanteuil entreprit la construction d'une nouvelle cathédrale et la Basse‑Œuvre, bien que désormais modeste face à la Haute‑Œuvre, continua d'assurer le culte jusqu'au XIVe siècle. Au XIIIe siècle le chevet fut repris et une porte sud percée ; ce chevet fut ensuite supprimé au début du XVIe siècle lors de l'édification du transept flamboyant de la cathédrale Saint‑Pierre. À la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, trois travées de la nef et du bas‑côté nord furent démolies pour permettre l'élévation de deux contreforts destinés à équilibrer les poussées de la croisée de la cathédrale, réduisant l'édifice à trois travées et demie. Un petit clocher en bois, construit vers le milieu de la nef, abritait une cloche mais fut démoli pendant la Révolution ; la façade menaçant ruine fit l'objet de réparations maladroites à la fin du XVIIe siècle et d'un avant‑corps en 1688. En 1732 des travaux de consolidation reprirent notamment quatre piliers en sous‑œuvre. Vendue comme bien national en 1794 à Henry Cartier, l'église fut transformée en dépôt de bois puis rachetée par l'État en 1840 ; elle redevint lieu de culte et salle de catéchisme, puis fit l'objet d'une restauration de 1864 à 1867 dirigée par les architectes Verdier et Aux‑Cousteaux. Les fouilles menées par Émile Chami de 1965 à 1985 ont mis au jour des bâtiments annexes préromans, un petit sanctuaire du début du XIe siècle, de nombreux tessons de céramique carolingiens, des débris de vitraux antérieurs au XIe siècle et des fragments de peintures murales, attestant une ornementation médiévale bien plus riche que l'aspect sobre actuel. L'intérieur a perdu l'essentiel de son décor primitif ; l'autel actuel en céramique peinte a été réalisé en 1883 par l'atelier beauvaisien Lévêque. Située au pied de la cathédrale Saint‑Pierre dans l'Oise, la Basse‑Œuvre présente aujourd'hui une nef de trois travées accompagnée de bas‑côtés et d'un court sanctuaire ; la nef mesure 9,30 m de large, les bas‑côtés 4,65 m, et le plafond plat atteint environ 15 m de hauteur. L'exhaussement répété des sols médiévaux a modifié les abords et provoqué la disparition de certains éléments primitif ; les fouilles ont néanmoins restitué l'ampleur et la richesse des décors peints, mosaïques et verrières en grisaille qui ornaient jadis l'édifice, le chœur conservant par ailleurs quelques éléments sculptés. Malgré ses mutilations, la Basse‑Œuvre reste un témoin majeur de l'évolution de la cathédrale de Beauvais et de l'architecture religieuse du haut Moyen Âge.