Origine et histoire de l'Église de la Nativité de la Sainte-Vierge
L’église de la Nativité de la Sainte‑Vierge et Saint‑Leu, souvent appelée autrefois Notre‑Dame de la Visitation, est l’église paroissiale de Jouy‑le‑Moutier, dans le Val‑d’Oise. Sa partie la plus ancienne et la plus remarquable est le clocher roman à deux étages de baies, coiffé d’une flèche octogonale en pierre, généralement daté des années 1130. La base du clocher, qui s’élève au‑dessus de la croisée du transept et sépare la nef du chœur, a été rehaussée au XVIe siècle ; la plupart des chapiteaux romans ont été conservés lors de cette transformation. Le chœur, influencé par l’architecture de la cathédrale Notre‑Dame de Paris et édifié vers 1220–1240 par les chanoines de Paris, est resté étroit afin de contrebuter le clocher et n’est plus utilisé pour le service paroissial. La nef, remaniée dans un style gothique flamboyant au début du XVIe siècle, présente un décor moins raffiné mais original, notamment de grands chapiteaux et des galeries à balustrades ajourées sur les côtés nord, ouest et sud. L’église a été classée au titre des monuments historiques le 11 décembre 1912 ; sa restauration a cependant commencé dès les années 1870 et, si certaines interventions ont été critiquées, elles ont respecté la plupart des chapiteaux intérieurs. Des fouilles archéologiques menées en 1993–1994, lors de l’installation d’un chauffage par le sol, ont mis au jour des traces d’édifices antérieurs au XIIe siècle. Historiquement, Jouy‑le‑Moutier fut l’une des trois paroisses du diocèse de Paris situées sur la rive droite de l’Oise et dépendait du chapitre de Notre‑Dame de Paris ; la plus ancienne mention connue de la cure date de 1186 et la paroisse a ensuite été partiellement démembrée pour former la nouvelle paroisse de Lieux (aujourd’hui Vauréal). Le nom médiéval de la localité apparaît sous diverses formes latines et ce n’est que plus tard que l’on adopta l’appellation Jouy‑le‑Moutier pour la distinguer d’autres hameaux nommés Jouy ; le terme « moutier » n’implique pas l’existence d’un monastère. L’église est placée sous l’invocation de la Sainte‑Vierge ; saint Loup de Sens, appelé localement saint Leu, constitue le second patron et une chapelle du collatéral nord était dédiée à saint Gilles, dont la statue subsiste au‑dessus de l’entrée de la sacristie. La fête de la dédicace a été traditionnellement célébrée le 12 septembre, et la paroisse a finalement retenu le vocable de la Nativité de la Sainte‑Vierge, fêtée le 8 septembre. Sur le plan architectural, les observations sur la disposition des colonnettes et des chapiteaux confirment des influences normandes et permettent de rapprocher le clocher d’exemples régionaux datés du second quart du XIIe siècle. La façade occidentale, la nef et les bas‑côtés ont connu plusieurs campagnes de reconstruction aux XIIe, XIIIe et surtout XVIe siècles, qui expliquent la diversité des styles visibles aujourd’hui. Certaines restaurations du XIXe et du XXe siècle ont modifié ou reconstitué des éléments (portails, toitures, bases de colonnes), mais de nombreuses sculptures médiévales et le plan général subsistent. Après la Révolution et la réorganisation diocésaine, la paroisse fut rattachée au diocèse de Versailles puis, en 1966, au diocèse de Pontoise ; elle fait désormais partie du groupement paroissial de l’Hautil, qui comprend aussi Neuville‑sur‑Oise et Vauréal. Bien que la plus ancienne et la plus vaste du groupement, l’église de la Nativité vit aujourd’hui dans l’ombre de l’église Sainte‑Claire de Vauréal, édifice moderne financé par des dons. Des messes dominicales y sont célébrées ainsi que des offices en semaine, l’église restant un lieu de culte actif et un témoin des différentes phases de construction et de restauration qui ont marqué son histoire.
