Origine et histoire
L'église de la Paix est un temple luthérien situé à Frœschwiller (Bas-Rhin), adossé au château des Eckbrecht de Durckheim. Le village passa très tôt à la Réforme luthérienne lors de l'entrée en possession par les Eckbrecht de Durckheim en 1552, et en 1685 l'ancienne église devint simultanée, le chœur étant réservé aux catholiques et la nef aux protestants. En 1841 fut décidée la construction d'une nouvelle nef, qui fut élevée en 1845 avec l'entrée principale donnant sur la rue dans l'axe nord-sud. Le 6 août 1870, lors de la bataille de Frœschwiller-Wœrth, l'église, qui servait d'ambulance pour plus d'une centaine de blessés, fut incendiée par un obus et les autorités allemandes victorieuses promirent sa reconstruction. La première pierre fut posée symboliquement le 6 août 1872 et le projet de l'architecte Charles Winkler fut ensuite retenu pour la reconstruction. L'ouvrage, placé sous le haut patronage du prince héritier Frédéric-Guillaume, bénéficia de nombreux dons d'Allemagne, organisés notamment par l'association d'aide de Nuremberg, pour financer le gros œuvre et l'ameublement. L'édifice de style néo-gothique fut achevé et inauguré en 1876 ; le pasteur Charles Klein prononça le discours d'inauguration le 30 juillet 1876 en dédiant l'église à la Paix. L'église fut classée monument historique par les autorités allemandes en 1898, radiée par les autorités françaises en 1930, puis inscrite au titre des monuments historiques français le 3 novembre 2020 et classée le 9 mai 2022.
Orientée nord-sud, l'église est précédée d'un porche à trois travées voûtées d'ogives ; les portails en arc brisé sont surmontés de gâbles et l'arc central porte une statue d'ange. Le tympan de la porte ouvrant sur la nef est sculpté d'un relief représentant le Christ et le tétramorphe. Le clocher en pierre de taille est coiffé d'une flèche et orné de dais, de gâbles et de gargouilles. La nef compte quatre travées en moellons enduits, éclairées par deux niveaux de fenêtres : des lancettes à l'étage inférieur et des doubles lancettes avec trilobes au niveau supérieur ; il n'y a pas de transept. La façade nord présente deux tourelles d'escalier aux angles nord-est et nord-ouest, contenant des escaliers à vis. Le chœur, peu profond, est voûté à la croisée d'ogives et percé de cinq hautes baies. À l'intérieur, le vaisseau central voûté d'ogives est flanqué de tribunes au-dessus de passages latéraux couverts de voûtes en berceau surbaissé ; entre les travées se succèdent des arcs trilobés. Piliers, arcs et nervures des voûtes sont en grès sculpté ; les clés de voûte portent des rosaces et les chapiteaux sont à crochets. Les garde-corps des tribunes sont en tôle découpée, à l'exception de la tribune d'orgue qui a un garde-corps en bois.
L'orgue, seul instrument en France du facteur bavarois Steinmeyer, est un opus 145 de 16 jeux sur deux claviers et pédale ; ses tuyaux de façade furent réquisitionnés en 1917 et remplacés en 1931 par Georges Schwenkedel par des tuyaux en zinc. La chaire, un banc pastoral et les bancs de fidèles ont été réalisés par Ch. Winkler en collaboration avec J.-Ph. Muller, tandis que d'autres éléments du mobilier furent exécutés par des artistes allemands, dont un retable peint par Fr. W. Wanderer en 1876 et un meuble de sacristie. Parmi les objets d'orfèvrerie figurent une croix d'autel, six chandeliers et un lustre de type couronne de lumières ; les vitraux sont d'après des dessins de Fr. W. Wanderer et les cloches ont été fondues par G. Hamm de Kaiserslauten.
Le monument commémoratif de la famille Straus-Durckheim se trouve dans l'enclos de l'église, entre le chevet et le château ; il fut dressé lors de la vente du château à leur cousin Ferdinand Eckbrecht de Durckheim vers 1850. Il se compose d'un piédestal carré aux angles ornés de pilastres fasciculés surmonté d'un obélisque, entouré d'une clôture en fer forgé et de piédroits en grès. Le bas-relief en grès rose porte les noms des membres de la famille Straus-Durckheim, notamment Charles Frédéric Straus (1742-1824), Louise Françoise Straus, née Eckbrecht de Durckheim (1747-1835), Charles Théodore Straus-Durckheim (1783-1849), Erasme Maximilien Straus-Durckheim (1786-1853) et Hercule Eugène Grégoire Straus-Durckheim (1796-1865).