Origine et histoire
L'église paroissiale Saint-André, dédiée à l'apôtre André et rattachée au diocèse de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre, se situe à Morne-à-l'Eau en Guadeloupe. Elle a été reconstruite de 1930 à 1933 sur les ruines de la chapelle détruite par le cyclone du 12 septembre 1928, d'après les plans de l'architecte parisien Ali Tur (1889-1977), chargé par l'État de la reconstruction de l'île. Entre 1930 et 1936, Ali Tur et son agence réalisèrent cent vingt édifices, dont cinq églises ; l'église Saint-André est la première qu'il construisit en Guadeloupe. L'architecte, l'un des intervenants du ministère des Colonies, dirigea des travaux pour des édifices gouvernementaux et de nombreux bâtiments communaux. Il opta pour le béton, matériau alors peu employé, dont l'usage contribua au déclin des constructions en bois. L'édifice, adjudiqué le 26 juillet 1930 pour 1 800 000 francs, adopte un plan basilical sans transept ; la nef, organisée en trois travées, présente un vaisseau central haut de 13 mètres. De grandes baies verticales assurent éclairage et ventilation ; elles étaient autrefois fermées par des lames verticales créant des contrastes de lumière. Des claustras moulés en béton ferment les murs de la tribune et le plafond de la nef, protégés par des lames de béton pour limiter l'ensoleillement et les intempéries ; ces dispositifs remplacent les vitraux et permettent des effets de clair-obscur. Le narthex, formé d'une galerie couverte à caissons débordante, s'ouvre via une double volée d'escalier à grand emmarchement. L'église domine un parvis sur lequel s'ouvre le presbytère, également dessiné par Ali Tur. Le clocher-campanile, prévu dès les plans pour être détaché du corps de l'église, fut finalement érigé derrière l'abside ; ajouré de claustras verticaux, il est surmonté d'une croix pattée et porte une horloge. On note l'influence indirecte des travaux d'Auguste Perret, notamment de l'église Notre-Dame du Raincy, dans le soin apporté à l'entrée de la lumière et aux ornements. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1992, classé en 2017, a reçu le label « Patrimoine du XXe siècle » et a bénéficié en 2019 de financements dans le cadre du second Loto du patrimoine ; le clocher a par ailleurs fait l'objet d'une restauration en 2020 grâce à ces soutiens.