Origine et histoire de l'Église de la Trinité
L'église de la Trinité d'Angers, située dans le quartier de la Doutre sur la rive droite de la Maine et orientée sud-est, est classée parmi les monuments historiques depuis 1840. Elle jouxte au sud le boulevard Descazeaux et, au nord, l'École nationale des Arts et Métiers. Fondée par les religieuses de l'abbaye du Ronceray, la première église, adossée au clocher de l'abbatiale, remonte aux alentours de la fin du XIe siècle, comme l'indiquent deux petits contreforts et des traces de baies sur le mur nord de la nef. Peut-être à la suite de l'incendie de 1088, l'édifice est reconstruit entre 1140 et 1180, avec des parties basses antérieures aux parties hautes de la nef et un voûtement achevé par les travées occidentales. Au XVIe siècle, l'architecte Jean Delespine surélève le clocher par un étage octogonal coiffé d'un dôme et d'un lanternon : une inscription restaurée porte la date d'achèvement et le vocable de l'église. La sacristie conserve deux voûtes de la première moitié du XVIe siècle. Peu après 1722, des réaménagements intérieurs sont effectués, notamment la suppression du jubé et la reconstruction des autels. En 1794, le lanternon du clocher est détruit, et au XIXe siècle les maisons en pan de bois qui masquaient l'élévation sud et le porche du portail sud sont abattues.
Entre 1864 et 1886, l'architecte des Monuments historiques Charles Joly-Leterme restaure entièrement l'église : il restitue le lanternon, reconstitue des pignons pour le transept auparavant couverts d'appentis, et ouvre un troisième portail sur le bras sud du transept. L'essentiel des travaux concernant le chœur et le clocher est achevé vers 1867 et la crypte, dégagée en 1857, est rattachée à l'église et inaugurée en 1882 ; l'absidiole sud de l'abbatiale du Ronceray est également intégrée intérieurement. Vers 1885, l'architecte diocésain Gustave Raulin remanie et agrandit à l'ouest la sacristie sans réaliser l'étage carré prévu au-dessus des voûtes primitives. L'édifice subit des dommages pendant la Seconde Guerre mondiale aux niveaux du clocher, de la couverture et des verrières, puis fait l'objet d'une restauration par Bernard Vitry vers 1950. Les derniers travaux d'entretien extérieurs connus datent de 1986.
Le lanternon élevé à la croisée, attribué à Jean de l'Espine, date de 1540, tandis que les statues des évangélistes appartiennent au XIXe siècle. La façade sud, donnant sur le boulevard Descazeaux, présente un porche néo-roman et des frises ornées de mascarons humains et animaux; le portail roman y a été restauré au XIXe siècle. L'église a un plan à nef unique avec des chapelles latérales peu profondes ; la nef est séparée du chœur par un arc triomphal flanqué de passages berrichons. La voûte, répartie en trois travées et demie, est renforcée par des nervures irrégulières et présente des clés de voûte toutes différentes, dont une clé centrale dite de « voûte suspendue », caractéristique du premier gothique angevin.
Le maître-autel en pierre polychrome, réalisé en 1873 par l'atelier Saint-Joseph dans la Doutre, comporte un motif trinitaire sommitale et un groupe d'apôtres entourant Jésus où Judas est remplacé par Paul ; le tabernacle porte la représentation d'un Christ enseignant sur fond émaillé. La chaire à prêcher et le confessionnal, tous deux du XIXe siècle et installés dans des chapelles latérales, présentent de nombreuses sculptures, parmi lesquelles saint Georges terrassant le démon, l'Annonciation et plusieurs évangélistes. L'église conserve une piéta du XVe siècle dont la polychromie a été effacée par des crues au XXe siècle. La plupart des vitraux de la nef ont été détruits pendant la Seconde Guerre mondiale ; au deuxième niveau ils ont été remplacés par du verre blanc, apportant une grande luminosité, et au premier niveau par des verrières modernes. Les vitraux du chœur, pour la plupart dus à l'atelier angevin Thierry fils et réalisés vers 1865-1867, représentent notamment la vie de la Vierge et s'inspirent des verrières du XIIIe siècle.
L'orgue de tribune, propriété de la ville d'Angers et classé pour sa partie instrumentale en 1997, a été réalisé par la maison Daublaine et Callinet en 1840 ; il comporte deux claviers, pédalier et 24 jeux. Cavaillé-Coll a démonté l'instrument en 1868 pour la réfection de la tribune, puis le facteur Sévère, sur proposition du chanoine Jeanneteau (organiste de 1941 à 1960), a installé un Plein Jeu et un pédalier séparé ; on y remarque notamment la trompette, le cornet et les fonds du grand orgue. L'édifice porte enfin plusieurs statues commémoratives en mémoire d'anciens curés, parmi lesquelles celles du curé Gruget et du curé Malsou.