Origine et histoire de l'Église de la Trinité
L'église de la Trinité est une église catholique paroissiale située à La Chapelle-en-Serval, dans l'Oise, en région Hauts-de-France, à la lisière de l'Île-de-France, dans le Parc naturel régional Oise-Pays de France. La paroisse a été érigée en 1246, remplaçant celle du village disparu de Géni, dont les revenus furent réunis à Orry-la-Ville. L'édifice actuel résulte d'une reconstruction après la Guerre de Cent Ans et s'inscrit dans le style gothique flamboyant. Durant la première moitié du XVIe siècle ont été bâties l'abside, la dernière travée du vaisseau central et la dernière travée du bas-côté sud, la nef antérieure continuant alors d'être utilisée ; le reste de l'église a été élevé ultérieurement. Les voûtes des premières travées de la nef portent probablement la date de 1685 et le portail occidental a été refait en 1818, d'après l'inscription qui s'y trouve. Le clocher, d'influence renaissance et inspiré de la tour méridionale de l'église Saint-Pierre de Senlis, est plus récent que les parties flamboyantes. Malgré un intérêt architectural jugé limité par certains auteurs, l'édifice est représentatif des reconstructions rurales de la fin de la période gothique et il est inscrit aux monuments historiques par arrêté du 22 août 1949.
L'église occupe l'extrémité sud-est du centre ancien, place de l'Église et rue du Vieux-Château; elle est entourée de son ancien cimetière désormais en pelouse et ses élévations occidentale, nord et orientale restent visibles depuis la voie publique. Historiquement, le site présente des liens anciens avec Orry-la-Ville et le château seigneurial, tandis que le village de Géni, cité dans une charte ancienne, fut abandonné et contribua à la formation de la paroisse de La Chapelle-en-Serval. Après les réorganisations ecclésiastiques liées aux événements révolutionnaires et napoléoniens, la paroisse fait désormais partie du diocèse de Beauvais et appartient aujourd'hui à la paroisse du Saint-Esprit du Serval, dont l'église principale est Saint-Martin de Plailly; la Trinité assure les messes dominicales environ une fois par mois, en alternance le samedi soir ou le dimanche matin.
Orientée traditionnellement, l'église présente un plan simple sans transept : un vaisseau central de quatre travées flanqué de deux bas-côtés de même longueur, un chevet à trois pans et une abside voûtée sur une croisée d'ogives. L'ensemble est couvert par une toiture unique, le clocher s'élève au-dessus de la première travée du bas-côté sud et une petite sacristie occupe l'angle entre ce bas-côté et l'abside. L'intérieur se caractérise par des murs hauts aveugles au-dessus des grandes arcades, une hauteur relativement modeste, un emploi systématique de l'arc brisé et une modénature prismatique très simple. Les grandes arcades reposent sur des piliers monocylindriques engagés sans chapiteaux et retombent directement sur des socles octogonaux non moulurés; la mouluration des ogives et des doubleaux se réduit à un profil simple reproduit sur l'ensemble des voûtes. La jonction entre la première campagne et les parties postérieures est signalée par un doubleau plus large, sur lequel les ogives et formerets retombent sur de petits culs-de-lampe sculptés de feuillages; les clés de voûte du vaisseau central restent sobres voire frustes.
L'abside, sans partie droite, présente des pans latéraux légèrement obliques et est éclairée par des fenêtres hautes à deux lancettes à têtes tréflées, munies d'un remplage inhabituel qui laisse un triangle central et des écoinçons pleins. Les bas-côtés reprennent la même charpente générale; leurs trois premières travées offrent des clés de voûte décorées par des écussons vides, des couronnes de feuillage et des motifs d'inspiration renaissance. Les fenêtres des bas-côtés, relativement étroites et à deux lancettes, suffisent à éclairer ces espaces mais laissent la nef relativement sombre; la base du clocher est séparée du vaisseau et abrite l'escalier desservant la tribune.
À l'extérieur, le clocher domine la silhouette : il se compose de plusieurs niveaux rythmés par bandeaux et larmiers, possède un étage de beffroi ajouré de baies et d'oculi, est cantonné de quatre clochetons reliés par des balustrades et se termine par un cylindre surmonté d'un dôme et d'un crucifix. La façade occidentale est sobre, avec un portail en plein cintre à double vantail, une grande fenêtre à remplage de type renaissance et un pignon percé d'un œil-de-bœuf; les élévations latérales sont rythmées par des contreforts et un larmier qui sert d'appui aux fenêtres. Les seuls ornements sculptés extérieurs se limitent à des niches à statues à dais flamboyants au chevet; les murs sont en moellons irréguliers noyés dans un mortier et le toit couvert de tuiles plates locales.
Le mobilier comporte plusieurs pièces protégées : une Vierge à l'Enfant en pierre calcaire d'environ un mètre, datée du XIVe siècle et classée depuis 1912, et deux tableaux à l'huile attribués à Mario Salvador de Maella — l'un représentant la réception du Rosaire par saint Dominique et sa mère, l'autre peint en 1819 et malheureusement volé — également classés depuis 1912. L'église abrite en outre une copie d'après Jean Jouvenet, plusieurs plaques de fondation dont une plaque de marbre noir dédiée à Jacques d'Outreleau (maître de poste, décédé en 1737) et d'autres plaques en pierre calcaire liées à la famille de Frontenay, ainsi qu'une litre funéraire aux armes du président de Brion, seigneur de La Chapelle. Malgré sa sobriété, l'église de la Trinité illustre la simplicité et la répétition des formes propres à l'architecture religieuse rurale de la période flamboyante.