Origine et histoire de l'Église de Lambader
La chapelle Notre-Dame de Lambader, lieu de dévotion et de pèlerinage à la Vierge, se situe dans la commune de Plouvorn, dans le Finistère. Elle occupe le hameau de Lambader, au sud-est du village, à la limite de Plougourvest, nichée dans un petit vallon boisé. L'édifice n'est pas ceint d'enclos et occupe la partie méridionale d'un placître légèrement incliné vers lui, planté à l'est autour d'un calvaire; au coin sud-est se trouve une fontaine de dévotion ornée d'une Pietà. D'origine XVe-XVIe siècle, la chapelle a été édifiée entre 1432 et 1440 et son nom dériverait d'une déformation de saint Patern. Lambader fut une ancienne commanderie de l'ordre des Templiers, puis un prieuré de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Menacée de ruine au XIXe siècle, la chapelle fut inscrite parmi les édifices protégés en 1840 afin de permettre des travaux; malgré plusieurs restaurations antérieures, elle a été démontée puis reconstruite d'après les plans originaux lors d'interventions menées à la fin du siècle, notamment entre 1875 et 1877, avec des poursuites jusqu'en 1881. Les statues ont fait l'objet d'une importante restauration en 1877 par le sculpteur Denis Derrien. La réputation du lieu se manifeste encore en 1916, lorsque La Semaine religieuse de Quimper et de Léon signale la présence de 25 000 personnes au pardon de Lambader le lundi de Pentecôte.
Le clocher s'élève depuis un prisme rectangulaire et se termine par une flèche ornée de crochets et de motifs en quatre-feuilles; sa décoration de fenêtres relève du style flamboyant et les piliers s'organisent en colonnettes engagées. Haut d'environ 58 mètres, il s'inscrit dans la lignée des grands clochers léonards, apparentés aux clochers-porches de Morlaix, du Kreisker, de Landivisiau, de Bodilis et de Sizun, témoignant d'une émulation locale pour la hauteur et l'élégance des beffrois. Au XIXe siècle, la disparition progressive de l'environnement bâti — arc triomphal et maisons mitoyennes — compromet sa stabilité; fragilisé par une tempête, le sommet dut être démonté entre 1837 et 1841, puis le clocher fut reconstruit à partir de 1881 par l'entrepreneur Jean-Louis Le Naour après la restauration du corps de l'édifice.
Hors du clocher, du porche nord et de la sacristie construits hors d'œuvre, la chapelle présente un plan basilical rectangulaire, sans transept et à chevet droit. Inscrite dans un rectangle de 28 m sur 14 m, elle comprend trois vaisseaux séparés par des files de piliers octogonaux; ces piliers, groupés par trois de part et d'autre de massifs en losange, définissent huit travées dont la largeur est de 6 m pour la nef et de 3,90 m et 4,10 m pour les bas-côtés. La chapelle appartient au type des églises à nef obscure, un même toit couvrant les trois vaisseaux; la grande verrière du chevet n'apporte qu'un éclairage restreint de la nef, compensé par des baies dans les collatéraux qui animent aussi les façades latérales. L'élévation du vaisseau central comporte deux registres : de grandes arcades ogivales retombant sur des chapiteaux parfois sculptés, et un pseudo-triforium composé, entre deux demi-colonnes, de séries de trois baies aveugles. Ce mur-bahut, d'aspect sobre, supporte un lambris en berceau brisé; l'ensemble de la couverture, sans sablières sculptées et maintenu par de simples entraits, est rythmé par des arcs doubleaux et des poinçons.
Le mobilier comprend un jubé en chêne à l'architecture flamboyante, placé entre la cinquième et la sixième travée; daté de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle, il est aujourd'hui dépourvu de polychromie et présente des motifs déjà influencés par la Renaissance, comme des vases et des rinceaux dans des panneaux enchâssés sous des arcs en accolade, rappelant le jubé de Kerfons à Ploubezre. La statuaire notable comprend notamment une Vierge dite Notre‑Dame de Lambader, ainsi que des groupes représentatifs de la Fuite en Égypte et de la Présentation au Temple. Des photographies de certains vitraux et du mobilier sont accessibles sur Wikimedia Commons.