Origine et histoire de l'Église de Roquemartine
Le site de Roquemartine, sur la commune d'Eyguières (Bouches‑du‑Rhône), réunit les ruines d'un château fort et l'église Saint‑Sauveur. Le château en ruine, appelé « castellas de Roquemartine » ou « château de la Reine Jeanne », remonte aux XIIe–XIIIe siècles et appartenait à la famille d'Albe (ou d'Aube). D'aspect extérieur, il rappelle le château des Baux et se dresse au sommet de hautes falaises dénudées, dont les pentes herbeuses sont fréquentées par des troupeaux de moutons ; l'ensemble forme un paysage perché sur un éperon qui domine la plaine de Roquemartine. Le site a été inscrit aux monuments historiques en 1926.
Le castrum de Roca Martina apparaît dans les textes à la fin du XIe siècle, lorsque ses seigneurs — Raimond, Gérald et Pons — vendent une part de dîme à l'abbaye Saint‑Victor de Marseille pour financer leur participation à la première croisade. Au milieu du XIIe siècle Raimond Catel cède Roquemartine à Hugues Sacristain ; la petite‑fille de ce dernier, Porceleta, apporte la place en dot à Peire de Lambesc au début du XIIIe siècle. Après le décès de Peire (1221), ses héritiers reçoivent la seigneurie, puis les armées de Raimond Bérenger V, lors de la reconquête du comté de Provence, détruisent le castrum en 1222. La place et son péage sont alors confiés à Albe (ou Albeta) de Tarascon, dont les droits sont confirmés en décembre 1237 ; c'est à cette famille que l'on attribue la construction du château tel qu'on le connaît aujourd'hui, la datation précise restant discutée par les chercheurs.
Durant la fin du XIVe siècle, la communauté de Roquemartine adhère à l'Union d'Aix (1382–1387), soutenant Charles de Duras contre Louis I er d'Anjou et maintenant son soutien après la reddition d'Aix. En juillet 1384, les Tuchins d'Étienne Augier dit Ferrugat prennent sans difficulté le château ; cinq ans plus tard, Raimond Roger de Beaufort, vicomte de Turenne, s'empare des Baux et de Roquemartine après les avoir incendiés. Malgré plusieurs sièges et tentatives de reprise, le maréchal Boucicaut libère la place en 1399 en négociant avec ses défenseurs. Le château, fortement endommagé, fait l'objet de campagnes de restauration et de modernisation : une chapelle est construite au XVe siècle, une fenêtre à meneaux est percée à la fin du XVe siècle, une cheminée est aménagée dans le logis ouest et une canonnière dans le bâtiment sud.
Au début du XVIIe siècle, le castellas est abandonné au profit d'un nouveau château bâti en plaine ; le domaine est élevé en marquisat en 1672 et appartient aux descendants qui résident dans la plaine. En 2022, le castellas de Roquemartine a été choisi pour le département des Bouches‑du‑Rhône par la Fondation du patrimoine et bénéficie du soutien du Loto du patrimoine pour financer sa restauration et l'ouverture du site au public après sécurisation des ruines.
L'église Saint‑Sauveur ne remonte qu'au XIVe siècle, mais un lieu de culte est attesté sur place à la fin du XIe siècle ; elle fut autrefois l'église paroissiale du bourg de Roquemartine et fut rattachée à la commune d'Eyguières en 1805. On y entre par deux portes cintrées, au nord et au sud ; l'édifice se compose d'une nef à deux travées et d'une abside semi‑circulaire, avec une toiture en dalles et des murs en moellons. Dans la chapelle subsistent des peintures murales médiévales en mauvais état : on y distingue encore un personnage auréolé, sans doute un saint, et une représentation du Christ en croix entouré de Marie et d'un apôtre, sur un fond bleu parsemé d'étoiles rouges.