Origine et histoire de l'Église de Saint-Lothain et de la croix
L'église de Saint-Lothain, située dans le Jura à 7 km à l'ouest de Poligny en Franche-Comté, est dédiée à saint Lothain, moine ermite du VIe siècle. La crypte, datée de la fin du Xe siècle, a longtemps servi d'église primitive et renferme le sarcophage mérovingien portant l'inscription latine « HIC REQVIESCIT SANCTVS LAVTENVS CONFESSOR ». L'édifice supérieur a été construit entre les XIe et XIIe siècles; la voûte en ogive du vaisseau central remplaça la charpente de bois au premier quart du XVIIIe siècle. Le clocher, couronné d'un dôme comtois, porte la date de 1716, tandis que la date 1816 inscrite sur la voûte correspondrait au décor intérieur. Un bâtiment d'habitation attenant est daté du XVe siècle.
Selon la tradition, Lothain (Lautein), né à Autun, se retira en ermite à Silèze; sa présence attira des disciples qui fondèrent un premier monastère d'environ soixante moines, puis un second d'une quarantaine de moines à Maximiacus, dont la localisation exacte reste incertaine. Après la mort de Lautein, vers 518, le village prit son nom et conserva ses reliques dans la crypte. Le prieuré de Silèze fut relevé au IXe siècle par l'abbé Bernon, premier abbé de Cluny, et dépendait alors de l'abbaye de Baume-les-Messieurs. L'église est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 26 octobre 1927 et la crypte est classée depuis le 23 janvier 1946.
La renommée du fondateur et la présence de ses reliques expliquent la richesse du mobilier religieux, qui comprend de nombreuses statues des XVIe et XVIIe siècles. Parmi les œuvres se trouvent un haut-relief en albâtre polychrome représentant la châsse de saint Hubert daté de 1526, un buste reliquaire de sainte Foy en albâtre, un Christ aux liens en bois du XVIe siècle, un groupe polychrome représentant Joseph et Marie du XVIIe siècle et une Sainte Trinité en marbre du XVIe siècle. L'église conserve également un Chemin de croix du XIXe siècle composé de quatorze huiles sur toile et un ensemble remarquable de bancs du XIXe siècle à ossature de fonte figurant une architecture religieuse.
La crypte présente une fresque sur la mort de saint Lothain dont le mur a été marqué par les gravures de visiteurs au fil du temps, un traitement qui produit un effet de modernité singulier. Un petit édicule en albâtre, la « Fontaine à huile miraculeuse », est associé à la tradition selon laquelle saint Lothain oignait les malades; la légende ajoute que la source se serait tarie lorsque des mercenaires suédois de Louis XIV y auraient graissé leurs bottes. Certaines œuvres ont été reproduites en 1841-1842 par l'intellectuel jurassien Désiré Monnier dans ses albums de voyage régional.