Origine et histoire
L'église Saint-Aubin de Trèves se trouve sur la commune de Chênehutte-Trèves-Cunault, dans le département de Maine-et-Loire. Le village, d'abord appelé Clementiniacus, appartient dès l'époque carolingienne à l'abbaye Saint-Aubin d'Angers. Les textes indiquent que l'église se situait en 1060 à l'intérieur du château, détruit en 1068 par Foulques le Réchin, qui transfère alors le marché et le port à Cunault et reprend ensuite les lieux en 1091 après avoir reconstruit le château. Avant 1101, le château est inféodé à Geoffroy Foulcrade, qui fait en 1106 un don de terrains à l'abbaye Saint-Aubin pour la construction d'un prieuré : c'est la borne la plus ancienne pour le début des travaux de l'église. Une plaque en ardoise clouée sur le pignon du chœur porte la date 1172, peut-être celle d'achèvement de l'édifice. L'église romane du XIIe siècle se dresse au pied du donjon ; un clocher est ajouté au XIIIe siècle et, au XVe siècle, les murs latéraux sont renforcés tandis que la nef reçoit une voûte en berceau en charpente. La paroisse de Trèves est supprimée en 1809 et rattachée à Cunault ; l'église, alors délaissée, est restaurée entre 1860 et 1865 par Monseigneur Amand-René Maupoint, évêque originaire de Chênehutte. Elle a été endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale et a fait l'objet de réparations par la suite. L'édifice abrite le tombeau de Robert Le Maçon, qui avait acquis la baronnie de Trêves en 1416, fut chancelier de France sous Charles VII et protecteur de Jeanne d'Arc ; son épitaphe, gravée dans l'église, rappelle ses titres et porte une inscription mentionnant sa date de trépas. L'église est classée monument historique depuis 1862 ; le tabernacle, surmonté d'une flèche, bénéficie lui aussi d'une protection au titre des monuments historiques. À l'intérieur, l'espace dépouillé a conservé son caractère primitif : la nef unique est rythmée par de grandes arcades en cintre brisé reposant sur des colonnes. À la croisée du transept, une belle voûte sur trompes amorce une tour carrée coiffée d'une toiture en pavillon. La base du clocher, à droite de l'entrée, est percée d'un grand arc en plein cintre selon la manière poitevine qui atténue l'austérité du mur. On note un baptistère en porphyre orné de quatre masques en saillie, dont l'un représente un visage humain à barbe taillée à la romaine, et, près de la croisée, l'ancien tabernacle sous la forme d'une lanterne en pierre blanche de style flamboyant tardif. Au fond du transept droit se trouve le tombeau avec épitaphe et gisant de Robert Le Maçon. L'extérieur présente une façade sobre ornée de trois arcs entre deux contreforts d'angle ; sous l'arcade centrale, la porte en plein cintre est décorée de petites dents de scie. Les murs portent de larges arcades en cintre brisé, ouvertes au XIIIe siècle, qui semblent avoir donné accès à de vastes galeries latérales aujourd'hui détruites, et l'on retrouve les traces de petites fenêtres attribuées au XIe siècle, tandis que les baies visibles datent du XIXe siècle. Le clocher-tour, sobre et massif, est surmonté d'une flèche de tuffeau du XVe siècle cantonnée de quatre lanternons.