Origine et histoire de l'Église des Carmes
L'ancienne église des Carmes se situe rue Jean Vielledent, dans les quartiers historiques de Perpignan (Pyrénées-Orientales). Elle dépendait du couvent des Grands Carmes, dont l'installation en ville est datée au XIIIe siècle selon des sources indiquant 1213, 1267–1269 ou 1270. La construction du couvent et de l'église s'inscrit dans la première moitié du XIVe siècle, le cloître étant daté entre 1333 et 1342 et le portail occidental et le cloître vers 1330 selon d'autres mentions. Le chœur et la crypte, plus tardifs, sont attribués au XVe siècle par certaines sources, le chœur ayant également été daté vers 1440. À partir du XVIIe siècle, l'ancien couvent fut transformé en arsenal; l'église, partagée par des planchers en bois, servit alors de dépôt annexe. En 1775, une demande de suppression pour transformer le site en arsenal est mentionnée, suivie d'un compromis qui permit aux moines de conserver une partie des lieux. L'armée s'installa dans l'ensemble le 4 avril 1791, occupation qui, selon le texte, perdura jusqu'en 1990. Au début du XIXe siècle l'armée fit démanteler le grand cloître, opération datée de 1830, puis ce cloître fut acheté par Alexandre Guiraud et remonté dans le parc du château de Villemartin (Gaja-et-Villedieu, Aude) en 1838. Des constructions en brique pour l'arsenal furent élevées entre 1842 et 1848 sur l'emprise de l'ancien couvent. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'occupant allemand utilisa l'église comme dépôt de pneumatiques; un incendie au moment de la Libération, le 19 août 1944 selon le texte, détruisit une grande partie de l'édifice et la tribune du XVe siècle. En 1961, les voûtes s'effondrèrent et des travaux de consolidation, achevés en 1967, laissèrent le bâtiment à l'état de ruine. Des sondages militaires en 1980 mirent au jour des enfeus décorés polychromes dans le mur sud, qui furent ensuite rebouchés pour protection. L'édifice est un vaste bâtiment de style gothique languedocien, composé d'une nef unique de huit travées bordée de chapelles et couverte d'une charpente apparente. Le chevet polygonal est également entouré de chapelles disposées entre les contreforts; le mur de clôture du chevet est reporté à l'extrémité extérieure des contreforts de sorte que sept chapelles occupent les côtés du polygone. Cette organisation est probablement d'époque XIVe, tandis que l'état primitif du XIIIe siècle ne comportait vraisemblablement pas de chapelles. Une crypte sous le chevet présente des caractéristiques attribuées au XVe siècle; le chevet est voûté en briques sur nervures de pierre. Les chapelles latérales, ouvertes sur la nef par des arcs brisés, sont couvertes de voûtes sur croisées d'ogives en briques avec clés de voûte en pierre sculptée. Le portail en marbre conserve des chapiteaux ornés d'animaux fantastiques. L'église abritait autrefois une tribune en bois polychrome, installée au fond de l'édifice sur deux arcs en maçonnerie et décorée de modillons sculptés et d'incrustations de carreaux; cette tribune a été détruite lors de l'incendie de 1944. Plusieurs éléments subsistent aujourd'hui, notamment le portail gothique ogival, une partie du mur de la façade nord, des clefs de voûte et des chapiteaux sculptés. L'édifice bénéficie de protections au titre des monuments historiques : classé par arrêtés des 13 août 1906 et 20 août 1913, et le portail ainsi que l'élévation inscrits en 1993.
