Origine et histoire de l'Église des Dominicains
L'église fut édifiée au XVe siècle et les bâtiments conventuels, dont le cloître adjacent, furent élevés entre 1562 et 1585 ; le couvent se distingue par sa division en deux îlots séparés par une ruelle. Une partie du site était consacrée aux fonctions religieuses autour d'un cloître communicant directement avec l'église conventuelle, tandis qu'une partie domestique, organisée autour d'un cellier, réutilisait l'ancienne église primitive. Les dominicains s'étaient installés à Arles dès 1231, d'abord hors les murs, puis à l'intérieur de l'enceinte après la destruction de leur premier établissement ; pressés par l'urbanisme et le désir d'expansion, ils entreprirent la construction d'une nouvelle église plus à l'est. L'édifice, de style gothique méridional, est à nef unique voûtée sur croisées d'ogives et comprend cinq travées ; son vaisseau principal est bordé de chapelles latérales formant des collatéraux sans communication entre elles. Le collatéral nord est cloisonné en cinq chapelles, tandis que le côté sud comporte une chapelle orientale et, sur les trois travées occidentales, une longue chapelle hors œuvre dédiée à saint Dominique, construite en 1469 par la famille des Quiqueran de Beaujeu. L'éclairage du vaisseau central provient de hautes fenêtres placées entre des contreforts extérieurs et soutenues par des arcs-boutants ; l'abside pentagonale est peu profonde et, comme les chapelles, moins élevée que la nef. La façade ouest est caractérisée par une tourelle d'escalier hexagonale qui séparait autrefois deux portes d'entrée et donnait accès, par un balcon, à une tribune aujourd'hui disparue ; à l'origine la porte nord était destinée aux fidèles et la porte sud aux frères. Une entrée sur la façade sud a été embellie par la construction, au début du XVIIe siècle, d'une antéchapelle voûtée en forme de porche et décorée en 1629 par Mamet Simon. À l'angle sud-ouest, un cloître ajouté au XVIe siècle n'est aujourd'hui que partiellement conservé : subsistent notamment un pan de mur de clôture muni d'une porte au décor gothique flamboyant et des vestiges des galeries nord et ouest enchâssés dans des immeubles privés. Pendant la Révolution, le couvent fut vendu comme bien national et l'église dépouillée de son mobilier ; l'édifice servit ensuite de garages et d'entrepôts, et une usine hydraulique remplaça plus tard le cloître attenant. En 1858, la totalité des galeries est et sud du cloître ainsi qu'une partie des galeries nord et ouest furent entièrement détruites. Classé au titre des monuments historiques en 1921, le bâtiment fut progressivement racheté par les pouvoirs publics après la Seconde Guerre mondiale, puis devint la seule propriété de la ville en 1981, qui lança des travaux de consolidation et de restauration et fit restaurer des sculptures des XVe et XVIIe siècles mises au jour. Des fouilles menées entre 1985 et 1988 ont montré que les piliers de la nef reposent sur un mur antique constitué de grandes pierres taillées, utilisé comme fondation et perceptible encore au XVe siècle. Aujourd'hui désaffectée, l'église des Dominicains reste le plus vaste édifice religieux gothique de la ville, fortement enserré par le tissu urbain et difficile à appréhender dans son ensemble depuis l'extérieur.