Origine et histoire
La chapelle de Rousset (capella de Rosseto) est mentionnée au XIVe siècle dans le pouillé de Die. Lors d'une visite pastorale de 1509, deux églises paroissiales y sont signalées : Sainte-Marie-Magdeleine, à l'intérieur des murs, et Saint-Mayeul, dans le cimetière hors les murs. Sainte-Marie-Magdeleine, située près du logis du prieuré, semble avoir été la chapelle seigneuriale, les premiers seigneurs de Rousset étant les prieurs, tandis que Saint-Mayeul provient à l'origine d'un prieuré clunisien attesté en 1337. En 1664, la visite pastorale relève que, faute d'entretien de Saint-Mayeul, le culte se déroule à Sainte-Magdeleine, qui comprend alors deux chapelles en vis-à-vis : Notre-Dame de Grâces, à droite de la nef, et Notre-Dame de Pitié, à gauche. La chapelle Notre-Dame de Grâces avait été fondée en 1538 par le prieur Charles de la Baume ; la chapelle de gauche, dont la clé de voûte porte les armes des Alrics de Cornillan et qui relève des seigneurs laïques, possédait une porte nord en arc surbaissé ornée de moulures, peut‑être refaite en 1633 — des vestiges en ont été mis au jour lors d'une démolition en 1902. Ces chapelles ont été intégrées lors d'une reconstruction partielle de l'édifice au début du XVIIIe siècle. Les travaux, commencés en 1716, comprennent l'agrandissement de la nef et le prolongement des chapelles, ce qui entraîne la démolition d'un local proche du prieuré appelé l'hôpital, fondé en 1587. De 1733 à 1735, selon les plans de Vincent Julian, entrepreneur à Valréas, Antoine Ulo, maître maçon de Rousset, construit le chœur à cinq pans, la sacristie et la chapelle de la confrérie du Saint-Rosaire, du côté de la bise. En mai 1736, l'église est consacrée sous le vocable de Saint-Mayeul par Mgr Daniel Joseph de Cosnac, évêque de Die. L'édifice comprend alors quatre chapelles : à droite, celles du Saint-Rosaire, finalement occupée par la confrérie du même nom, et de Notre-Dame de Grâces ; à gauche, celles de Saint-Joseph et de Saint-Vincent, cette dernière ayant été anciennement dédiée à Notre-Dame de Pitié. En 1737, l'achèvement se marque par le couvrement de la nef et l'édification du clocher ; la même année, la tour de fortification près du chœur est cédée à la confrérie du Saint-Sacrement. La façade est réparée en 1739 et un arc d'étrésillonnement est établi entre l'église et le prieuré. Le porche peu profond à arc brisé et les deux baies inférieures du clocher réutilisent des pierres de l'église primitive et de l'hôpital, peut‑être aussi des ruines de Saint-Mayeul ; sur le retour gauche, une pierre en remploi placée à l'envers porte l'inscription latine « l'année du seigneur 1441 et le 7e jour du mois de mai fut commencée la présente église », inscription cohérente avec le style gothique de la chapelle Saint-Vincent. Des corbeaux figurés romanes remployés sur l'élévation gauche attestent l'ancienneté des deux églises. Au XIXe siècle, des aménagements sont réalisés : un canal est creusé au nord pour assainir la chapelle Saint-Joseph en 1842, l'angle sud de la façade est supprimé lors de la démolition de la porte de ville en 1869, un petit corps en appentis est ajouté au sud en 1877 par le maçon Ferdinand Guille, qui fait construire en 1879 le perron ovale devant le porche. Les travaux d'entretien se poursuivent au XXe siècle et la façade a été restaurée en 2000.