Église du Saint-Esprit des Guibertes au Monêtier-les-Bains dans les Hautes-Alpes

Patrimoine classé Patrimoine religieux Eglise

Église du Saint-Esprit des Guibertes

  • Rue du Caire
  • 05220 Le Monêtier-les-Bains
Église du Saint-Esprit des Guibertes
Église du Saint-Esprit des Guibertes
Église du Saint-Esprit des Guibertes
Église du Saint-Esprit des Guibertes
Église du Saint-Esprit des Guibertes
Église du Saint-Esprit des Guibertes
Église du Saint-Esprit des Guibertes
Crédit photo : Odenel - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

1er quart XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Eglise, y compris son presbytère (cad. AR 193) : inscription par arrêté du 29 février 1988

Origine et histoire de l'Église du Saint-Esprit

L’église du Saint-Esprit des Guibertes, située au Monêtier-les-Bains (Hautes-Alpes), est dédiée au Saint-Esprit et à saint Antoine et est inscrite au titre des monuments historiques depuis 1988. Une première chapelle, aujourd’hui disparue, aurait été construite en 1509 ; une chapelle succursale existait dès 1510 et bénéficiait des messes financées par les habitants. L’édifice actuel est composite : l’avant-chœur, le chœur et le clocher, de proportions homogènes, sont stylistiquement datables de la fin du XVIIe siècle, tandis que la coupole et le clocher résultent d’une reconstruction menée entre 1707 et 1712. L’église a subi plusieurs incendies en 1665, 1741 et 1770 ; la nef visible aujourd’hui paraît être une adjonction réalisée probablement en 1776, date portée sur le tirant de la tribune, et la façade a été reprise en 1847. Le hameau fut érigé en paroisse en 1836.

La façade occidentale, au fronton triangulaire et à pierres apparentes daté de 1847, présente au sommet une croix en fer forgé et, au centre, une niche vide dont la statue a été déposée au musée d’art sacré du Monêtier ; la porte est encadrée de pilastres et surmontée d’une archivolte en plein cintre dont la clé représente un cœur et une croix. Le clocher, à quatre niveaux séparés par des cordons et percés de baies doubles sur les deux derniers étages, compte seize ouvertures pour le son des cloches ; il est coiffé d’un dôme à quatre pans en ardoise, surmonté d’un lanternon, d’un globe et d’une croix, et s’apparente à ceux de la collégiale de Briançon. Deux cloches ont été commandées en 1835 chez Vallier, fondeur à Plampinet ; l’une d’elles, endommagée, a été remplacée au début du XXIe siècle par une cloche neuve fondue à Annecy.

De l’extérieur se lisent trois parties distinctes de l’église, correspondant vraisemblablement à trois phases de construction, la cure étant adossée au chevet plat à l’est. À l’intérieur, la nef, partiellement couverte par une tribune, est voûtée à pénétration, la partie centrale carrée, surélevée de deux marches et plus étroite, semble correspondre au chœur ou à la chapelle primitive du XVIe siècle et accueille deux autels baroques latéraux. Le chœur, lui aussi surélevé de deux marches supplémentaires, est plus large et couvert d’une coupole octogonale décorée en plâtre avec colombe au plafond, panneaux vides sur les arcs et une corniche alternant angelots et oculi ; à son fond se trouvent l’autel baroque majeur et deux portes donnant accès à la sacristie et à l’escalier menant au clocher et à la cure.

L’éclairage repose sur trois types de verrières en verre blanc : de grandes lancettes dans le chœur qui mettent en valeur l’autel baroque, deux baies moyennes dans la partie centrale pour les autels latéraux, et des fenêtres basses « à la française » dans la nef, protégées à l’extérieur par des grilles, ainsi que des baies hautes ouvrant sur la tribune, difficiles d’accès en raison de leur vétusté. La tribune, ancien siège de la confrérie des pénitents fondée en 1644 et active jusque vers 1925, conserve son mobilier associatif (bancs-coffres, bâtons de procession, lanternes, catalogue des membres) et une barrière en fer forgé partiellement remplacée par une structure en bois qui modifie la perception de la nef.

Le mobilier baroque commande la lecture de l’édifice : le grand autel, daté de 1651 selon la date portée sur le tableau de la Pentecôte, est un retable de style baroque savoyard avec colonnes torses en pin cembro, angelots, volutes et un tabernacle orné de colonnettes ; il présente des statues des évangélistes dont deux ont été volées et est flanqué de statues de saint Antoine d’Égypte et de la Vierge à l’Enfant. Les deux autels latéraux, symétriques, sont décorés de colonnes torsadées en pin cembro, de sarments de vigne dorés et de tableaux finement sculptés ; ces trois autels contribuent au caractère exceptionnel de l’église dans la vallée de la Guisane.

Parmi les autres mobiliers remarquables figurent une balustrade en noyer semi-circulaire fermant l’espace liturgique, une chaire sculptée en mélèze avec cuve ornée de panneaux floraux et un abat-son en forme de couronne décoré d’un soleil et d’étoiles, ainsi que des fonts baptismaux datés de 1707, composés d’une base en granit et d’une pyramide en bois abritant le réceptacle des saintes huiles. L’église abrite de nombreux tableaux ; parmi eux, deux grands toiles rénovées dans les années 2010, disposées de part et d’autre de l’autel central, représentent saint Antoine abbé, la Vierge à l’Enfant et saint Jean-Baptiste, et l’apparition de la Vierge et de l’Enfant à saint Antoine de Padoue. Un tableau face à la chaire, représentant le Christ en croix entouré de la Vierge, de saint Sébastien et de saint François, était en cours de restauration en 2024.

L’église du Saint-Esprit des Guibertes constitue un ensemble riche par ses autels, ses tableaux et son mobilier, mais son état intérieur nécessite des travaux, notamment pour les murs décrépis. L’association La Guibertine a reçu un legs au cours des années 2010 qui pourrait couvrir une partie des restaurations, mais la mise en œuvre dépend des accords de la commune, propriétaire depuis 1905, et de l’administration des monuments historiques, ce qui complique l’instruction des dossiers ; en 2025, la réfection des murs internes n’est pas engagée. Pour le Monêtier-les-Bains et la vallée de Serre Chevalier, l’église représente un élément patrimonial et touristique important.

Liens externes