Origine et histoire de l'Église fortifiée
L'église Saint-Jean de Villeneuve-de-Mézin, située sur le territoire de la commune de Lannes (Lot-et-Garonne), remonte à la fin du XIIe siècle, éventuellement au début du XIIIe siècle selon certaines mentions. Elle a été transformée et agrandie aux XVe et XVIe siècles. L'édifice comprend un chœur à chevet plat et une nef dont les voûtes en croisées d'ogives, avec liernes et tiercerons, datent du XVe siècle. Sur la face sud se trouvent deux chapelles voûtées en croisées d'ogives qui semblent avoir été ajoutées au XVIe siècle. Dès sa construction, l'église a été intégrée à un dispositif défensif : les murs de la nef et du chœur sont très épais et se terminent par un crénelage desservi par un chemin de ronde. Un chéneau en pierre, porté par une assise en encorbellement, subsiste encore. La trace de l'ancienne toiture est visible sur le mur du clocher, au-dessus de l'arc triomphal, et une porte percée dans ce mur marque le niveau d'un étage où pouvaient se réunir défenseurs et habitants. Un escalier en pierre logé dans l'épaisseur de la façade ouest permettait d'accéder au chemin de ronde. Le système défensif pouvait être complété par des hourds en charpente, soutenus par des pièces de bois engagées dans des trous carrés visibles sous le chemin de ronde. Le portail occidental est surmonté d'un chrisme ancien. Selon Marboutin, la cure aurait été donnée à l'abbaye de Saint-Sever par Guillaume Sanche à la fin du Xe siècle; au XIIe siècle la cure dépendait du prieuré de Fonclair (Buzet-sur-Baïse), qui nommait le curé. L'église faisait partie du castrum de Villeneuve, mentionné en 1259, et l'on relève des vestiges de l'enceinte avec un mur et une porte fortifiée à l'ouest. L'édifice comportait des salles hautes au-dessus du chœur et de la nef; à la fin du Moyen Âge ces salles furent surélevées et pourvues d'un chemin de ronde, de créneaux et de hourds, comme l'atteste la ligne de trous de boulins. À la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle, la nef fut voûtée en remployant une partie de la hauteur de la première salle haute et un deuxième vaisseau fut construit au sud ; les voûtes de ce bas-côté reçurent des peintures au XVIIe siècle. Un escalier a été adossé au mur est en 1880 et des contreforts ont été ajoutés; la façade ouest et le portail ont été restaurés en 1884 sous la direction de l'architecte Casimir Laffitte, et le clocher a fait l'objet d'une restauration en 1901 par l'entrepreneur Adrien Barbé. La porte d'entrée en plein cintre présente trois ressauts ornés de têtes de clous; une pierre gravée au-dessus porte le monogramme du Christ (croix, alpha, oméga, X et P) ainsi que les lettres B A I G S N T, dont la signification n'a pas été clairement élucidée. Des vestiges de peintures subsistent dans la chapelle latérale. L'édifice est classé au titre des monuments historiques depuis 1941.