Origine et histoire
La chapelle Notre‑Dame de Beaulieu‑sur‑Layon, souvent désignée comme l'ancienne église du bourg, se situe dans la commune de Beaulieu‑sur‑Layon, dans le département de Maine‑et‑Loire. Elle est inscrite au titre des monuments historiques depuis 1926. La commune se trouve au sud d'Angers, sur la « faille du Layon », à la limite géologique entre le Massif armoricain et le Bassin parisien, et à l'extrémité est de l'ancien pays des Mauges, près de la frontière ancienne avec l'Anjou.
La chapelle tire son origine du défrichement de la forêt du Lattay entrepris par l'abbaye du Ronceray à la fin du XIe siècle. Elle dépend d'abord du prieuré et de la paroisse de Saint‑Lambert‑du‑Lattay ; elle est probablement élevée avant la fin du XIe siècle, puis remaniée au début du XIIe siècle et au XVe siècle. Un premier décor peint est réalisé au XIIIe siècle, puis recouvert par un second décor en 1550. Jusqu'en 1768, la chapelle dépend de la paroisse de Saint‑Lambert‑du‑Lattay ; cette année‑là, Beaulieu‑sur‑Layon est érigé en paroisse par décret de l'évêque d'Angers Jacques de Grasse, et la chapelle devient l'église paroissiale.
La campagne de la guerre de Vendée porte atteinte à l'édifice : le 30 juillet 1794, le clocher est abattu par les républicains afin d'empêcher les contre‑révolutionnaires de se rassembler au son des cloches. Des travaux sont entrepris au début du XIXe siècle, mais ils compromettent l'intégrité du bâtiment. Face à la vétusté, la municipalité décide de construire une nouvelle église ; en 1841 l'architecte Delestre en dresse les plans. Pour financer la construction, la municipalité prévoit en 1847 la vente de l'ancienne église ; la vente n'est effective qu'en 1855 et le conseil municipal décide alors de ne conserver que le chœur comme chapelle, la nef étant destinée à la démolition. Cette destruction partielle entraîne le déclassement de l'édifice, malgré un classement antérieur.
À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, des témoignages mentionnent encore des peintures : Célestin Port signale en 1876 un Arbre de Jessé sur la voûte de l'abside, peinture qui est ensuite recouverte d'un badigeon selon le chanoine Urseau en 1918. La chapelle est inscrite définitivement au titre des Monuments Historiques en 1926. Une campagne de restauration menée en 1978 retire le badigeon, mais l'état de conservation et la présence de couches picturales antérieures conduisent à ne pas conserver l'Arbre de Jessé ; les travaux permettent en revanche de mettre au jour le Christ en Majesté de l'abside, le décor intérieur de l'oculus jusque‑là muré, ainsi que deux baies étroites.
L'aspect primitif de la chapelle avant les destructions est connu par un dessin de Joly‑Leterme et un plan conservé aux Archives nationales. La nef détruite mesurait 25 m de long sur 6,50 m de large, était éclairée par cinq baies étroites et portait un petit clocher de charpente ; des remaniements du XVe siècle étaient perceptibles, notamment sur la façade. Seul subsiste le chœur, aujourd'hui fermé au niveau de l'arc triomphal par un mur de clôture. Il est éclairé par six baies : deux étroites sur les murs nord et sud, trois plus larges dans l'abside — l'axe étant surmonté d'un oculus comparable à ceux de Fontaine‑Guérin en Anjou, de certaines églises du Poitou comme Maisonnay ou Vouvant, ou de Saint‑Eutrope de Saintes en Saintonge — et une sixième baie, peut‑être du XVe siècle, encore visible mais murée sur le mur sud.
Le chevet est ceint d'une arcature aveugle à pilastres, divisée en cinq travées par des contreforts, et le décor sculpté reste sobre : corbeilles grossièrement sculptées, attribuées par l'historien Jacques Mallet au second tiers du XIIe siècle, et modillons géométriques. La voûte en cul‑de‑four de l'abside porte un Christ en Majesté, que certaines brochures datent du XVe siècle tandis que certains traits renvoient à des caractéristiques plus anciennes, peut‑être du XIIIe siècle. Le Christ y figure trônant dans une mandorle, bénissant de la main droite et tenant un livre de la main gauche, entouré du Tétramorphe — l'homme de Matthieu et le lion de Marc à gauche, l'aigle de Jean (presque effacé) et le taureau de Luc à droite — le tout ponctué d'étoiles rouges. L'intérieur de l'oculus présente un décor en faux appareil destiné à magnifier la lumière et à renforcer le rôle symbolique de la baie, dont la lumière éclaire le Christ ; les restes très dégradés d'une seconde scène sont encore visibles sur la voûte en berceau, mais son iconographie reste inconnue.