Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre-Dame d'Ève, rue de la Courcelle, est implantée sur un parvis engazonné correspondant à l'ancien cimetière de la commune, près de la limite avec la Seine-et-Marne; une ferme jouxte l'élévation méridionale et limite la vue d'ensemble de l'édifice. Placée sous le vocable de l'Assomption, elle dépendait du chapitre Notre‑Dame de Senlis et relevait, sous l'Ancien Régime, du doyenné et du diocèse de Senlis. La partie la plus ancienne est le clocher roman du XIIe siècle, transformé aux XIIIe et XVIe siècles, dont subsistent surtout les étages supérieurs. Du XIIIe siècle proviennent notamment deux travées occidentales du vaisseau central et trois travées du bas‑côté nord, correspondant à un chœur gothique de grande qualité. Après la guerre de Cent Ans la nef romane fut détruite ou fortement endommagée; au XVIe siècle on rebâtit une façade plus large, on transforma le chœur gothique en nef et l'on prolongea l'édifice vers l'est pour créer un nouveau chœur et une abside à cinq pans. Ces campagnes, réparties sur deux phases, s'achèvent avant 1540 : la verrière d'axe du chevet porte en effet la date de 1540 et comporte des panneaux de facture renaissante. Le décor flamboyant plaqué sur la façade — pinacles, accolades, animaux fantastiques et réseaux sculptés — ainsi que la flèche culminant à 44 m datent de la première moitié du XVIe siècle. Le clocher et les vitraux furent classés aux monuments historiques dès la liste de 1862, et l'ensemble de l'église a été classé par arrêté le 13 mars 1987. L'édifice appartient aujourd'hui à la paroisse Notre‑Dame de la Visitation du Haudouin, qui regroupe quinze communes ; il accueille ponctuellement des messes dominicales anticipées et des célébrations particulières, les messes ayant repris au printemps 2016 après une période d'utilisation essentiellement cérémonielle.
Orientée, l'église se compose d'une large nef de quatre travées flanquée de deux bas‑côtés et terminée par un chevet pentagonal ; la première travée est subdivisée en deux parties correspondant à la base du clocher et au narthex. Toutes les travées sont voûtées d'ogives ; dans la quatrième travée et dans l'abside les voûtes sont enrichies de liernes et de tiercerons propres à la période flamboyante. À l'intérieur, la base du clocher conserve des éléments anciens mais a été fortement remaniée aux XIIIe et XVIe siècles ; le narthex et la façade occidentale relèvent essentiellement du style flamboyant et présentent consoles, culs‑de‑lampe et motifs sculptés. L'ancien chœur gothique devenu nef montre des chapiteaux à crochets et des élévations nord et sud distinctes, témoignage des transformations successives et parfois hétérogènes entre le XIIIe et le XVIe siècle. La dernière travée, utilisée comme chœur liturgique, se caractérise par une voûte à liernes et tiercerons et par des piliers ondulés issus d'une reprise en sous‑œuvre flamboyante. L'abside, sobre dans son traitement général, comporte cinq grandes baies conçues pour des verrières et un remplage marquant l'influence de la Renaissance sur les formes flamboyantes tardives.
Le bas‑côté nord conserve majoritairement des éléments du second quart du XIIIe siècle, tandis que sa quatrième travée relève du dernier chantier et présente une voûte à liernes ; le bas‑côté sud, plus large et stylistiquement homogène, offre des fenêtres à réseaux flamboyants et une piscine liturgique en plein cintre décorée d'une coquille Saint‑Jacques. La façade occidentale, organisée en quatre travées autour du clocher, se distingue par son ornementation riche — pinacles, arcatures, niches et chimères — ainsi que par une tourelle d'escalier intégrée à l'extrême gauche. Le clocher, réduit aujourd'hui aux étages supérieurs et percé de baies en plein cintre, est surmonté d'une flèche octogonale accompagnée de pyramidons et décorée d'écailles et de crochets ; la base du clocher atteint 25 m et la flèche porte la hauteur totale à 44 m. Les élévations latérales et le chevet, principalement en moellons, présentent contreforts et niches à statues dont les dais évoquent le goût renaissant, mais l'ornementation y demeure plus discrète qu'en façade.
Le mobilier comporte plusieurs pièces classées au titre des objets : la verrière d'axe du chevet et dix autres éléments, dont huit dalles funéraires à effigies gravées — parmi lesquelles des dalles datées de 1638, 1643 et 1646 — ; le tableau peint d'après Rubens, cité lors du classement, n'est plus conservé dans l'église. On trouve encore une Mater dolorosa en bois taillé, un Christ en croix et une statue de saint Sébastien, ainsi que des dalles et éléments déposés en attente de restauration. Des restaurations importantes ont jalonné l'histoire récente : remise en état des vitraux au XIXe siècle, suppression du beffroi en charpente et travaux de consolidation entrepris à partir de 1881 sous la direction de l'architecte Werlé, interventions qui ont notamment modifié les assises de la flèche.