Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre‑Dame de Bar‑le‑Duc, dans la Meuse (région Lorraine), est le plus ancien édifice religieux de la ville ; elle a été construite et remaniée du XIe au XVIIIe siècle et présente une combinaison de styles architecturaux. Classée au titre des monuments historiques le 19 février 1981, elle conserve de nombreux objets protégés. Située sur la rive droite de l'Ornain, dans le quartier Notre‑Dame de la Ville Basse, elle occupe le site du plus ancien habitat urbain, développé à l'époque gallo‑romaine le long de la voie Reims‑Metz (actuelle rue des Romains). En 1088 la comtesse de Bar Sophie fonde sur cet emplacement un prieuré bénédictin dédié à la Vierge, dépendant de l'abbaye de Saint‑Mihiel ; l'évêque de Toul Pibon fixe les relations entre moines et habitants et nomme le prieur curé de la paroisse. Faute de documents antérieurs à la fin du XIVe siècle, l'évolution du bâtiment se reconstitue par ses styles : l'édifice primitif, du XIe au XIIe siècle, est roman et calqué sur l'abbatiale Saint‑Michel de Saint‑Mihiel ; des piliers des tours carrées datent de la fin du XIe siècle. Au XIIe siècle le double transept et le chœur à deux travées avec chapelles autour de l'abside sont édifiés, puis, au XIIIe siècle, transept, chœur et chapelles sont remaniés dans un gothique d'influence champenoise et la travée entre les deux tours est voûtée tandis que les collatéraux de la nef sont construits. En 1299 une chapelle hors‑œuvre dédiée à saint Jean‑Baptiste et sainte Madeleine, fondée par Jean II d'Ourches et Isabelle d'Épinal, s'étend sur deux travées le long du collatéral sud ; en 1383 le duc de Bar Robert Ier fait reconstruire la nef et aménager l'entrée principale côté sud, avec une tour sud coiffée d'une haute flèche en plomb qui dominait la ville, l'achèvement général étant attesté au début du XVe siècle. Aux XVIe‑XVIIIe siècles la chapelle Notre‑Dame de Lorette est ajoutée au collatéral nord (1540‑1541) et, en 1619, la foudre détruit la flèche en plomb et fait fondre les cloches ; six nouvelles cloches sont fondues en 1620, la flèche n'est pas reconstruite et la couverture devient en ardoise. Les XVIIe et XVIIIe siècles voient de nombreuses transformations (réfection de voûtes, percements de grandes baies, agrandissement des fenêtres et remplacement des vitraux), la démolition de la tour nord en 1717, puis la démolition de la tour sud décidée en 1725 et le remplacement du porche gothique par un clocher‑porche dans l'axe de la rue Bar‑la‑Ville, dont la première pierre est posée en 1728 ; les travaux, marqués par des tassements, aboutissent en 1743‑1744 à un clocher réduit à un seul étage, couronné d'un dôme à lanternon recouvert d'ardoises. En 1751 le sculpteur Louis Humbert réalise un haut‑relief de l'Assomption qui surmonte le nouveau portail et des travaux d'entretien sont effectués en 1776. Durant la Révolution l'église est transformée en temple de la Raison et dépouillée de son mobilier, puis retrouve le culte en 1802 lors de la réconciliation des clergés. Aux XIXe et XXe siècles des campagnes de restauration successives sont menées par les abbés et des architectes : l'abbé Barry et l'abbé Gallet entreprennent réparations et aménagements, le chœur est restauré par l'architecte Birglin et des vitraux sont commandés à Laurent‑Charles Maréchal ; des restaurations financées après 1870 restituent progressivement l'aspect du XIVe siècle et l'édifice accueille encore des manifestations religieuses au XXe siècle. L'église est longue de 50 m pour 37,40 m de large, orientée approximativement Ouest‑Est, et compte trois entrées dont la principale actuelle sur la façade sud en axe de la rue Bar‑la‑Ville. Extérieurement la construction associe pierres de Ville‑sur‑Saulx pour la majeure partie du bâtiment et pierres de Brillon‑en‑Barrois et Savonnières‑en‑Perthois pour la façade ouest et le clocher‑porche ; la façade ouest, reconstruite en 1728, présente un parti classique avec deux portes symétriques sous un arc roman, une frise à triglyphes, balustrades et oculi. Les façades nord et sud laissent apparaître les dispositifs de soutènement médiévaux (contreforts, arcs‑boutants, pinacles, gargouilles) et des vestiges romans et gothiques se lisent sur les croisillons et le chevet, qui présente des contreforts d'angle à double glacis et des fenêtres superposées. Le clocher‑porche, en hors‑œuvre au sud, associe un rez‑de‑chaussée d'ordre ionique et un étage corinthien, se termine par un dôme à lanternon et abrite, sous la coupole, huit cloches ; trois petites sonnent les quarts et demi‑heures et heures, cinq grosses, fondues par Royer à Bar‑le‑Duc entre 1844 et 1850, forment la sonnerie principale et portent les noms Marie‑Pauline (si♭, 1845, 2 459 kg), Marie‑Augustine (ut, 1845, 1 729 kg), Marie‑Grégorienne (ré, 1845, 1 273 kg), Marie‑Louise‑Joséphine‑Basilienne (mi♭, 1850, 1 029 kg) et une cloche sans nom (fa, 1844, 705 kg). À l'intérieur la nef compte six travées encadrées de collatéraux étroits (26 m de long, 11 m de large, 13,40 m de haut) ; la travée proche du transept est voûtée au XIIIe siècle tandis que les cinq autres datent d'une reconstruction au XIVe siècle, avec voûtes d'ogives et clés plates, colonnes cylindriques et chapiteaux polygonaux ornés de guirlandes de feuillage. Les collatéraux conservent des travées romans et gothiques, la porte d'accès au prieuré est aujourd'hui murée et une baie du XIIIe siècle côté sud a été obstruée lors de l'adjonction d'une chapelle. Deux chapelles hors‑œuvre subsistent : au sud une chapelle du XIVe siècle longue de deux travées, avec escalier menant à l'ancien clocher, et au nord une chapelle de la Renaissance (1541) de trois travées, éclairée par trois grandes baies cintrées et voûtée de panneaux décorés. Le chœur, à deux travées terminé par une abside à cinq pans, mêle roman et gothique, présente des fenêtres superposées et des voûtes d'ogives soutenues par des colonnettes. Le double transept, qui occupe près de la moitié de la superficie de l'église, est entouré de quatre chapelles regroupées par deux le long de chaque bras ; la croisée est encadrée par de larges arcades en plein cintre reposant sur des pilastres et son oculus recevait la cloche d'un ancien lanternon. Le mobilier comporte 51 objets classés, dont de nombreuses peintures et sculptures : parmi les sculptures figurent le bas‑relief polychrome Vierge des Litanies de Jean Crocq (fin XVe‑début XVIe siècle), inspiré d'une gravure de 1505 et classé en 1905, la statue du Christ en Croix attribuée à Ligier Richier (XVIe siècle, classée en 1913) et un groupe de la Descente de Croix en bois polychrome (XVIe siècle, classé en 1939 et conservé au Musée Barrois). Dans la chapelle de Lorette se trouvent trois pierres funéraires du XVIe siècle représentant la Vanité au miroir, la Pesée des âmes et le Purgatoire, classées en 1995, dont les bas‑reliefs portent des inscriptions moralisantes. Plusieurs peintures de Louis Yard (Noces de Cana, Annonciation, Ascension et autres œuvres) et d'autres auteurs du XVIIe au XIXe siècle illustrent des scènes bibliques ; certaines œuvres sont classées aux monuments historiques. La présence d'orgues est attestée dès le XVIIIe siècle ; l'orgue de tribune actuel, commandé à la maison Larroque et réceptionné en 1868 avec 30 jeux sur deux claviers et pédalier, conserve une esthétique romantique et la partie instrumentale a été classée en 1985 ; l'orgue de chœur, installé et enrichi aux XIXe siècle, est également classé. Des bâtiments conventuels n'ont été que partiellement conservés et transformés en hospices civils à partir de 1812, le cimetière paroissial a laissé place à un square et les abords intègrent aujourd'hui le presbytère, le parvis accueillant des services publics et le parc de l'ancien cimetière.