Église Notre-Dame de Beauchalot en Haute-Garonne

Patrimoine classé Patrimoine religieux Eglise

Église Notre-Dame de Beauchalot

  • 50 Le Village
  • 31360 Beauchalot
Église Notre-Dame de Beauchalot
Église Notre-Dame de Beauchalot
Église Notre-Dame de Beauchalot
Église Notre-Dame de Beauchalot
Église Notre-Dame de Beauchalot
Église Notre-Dame de Beauchalot
Église Notre-Dame de Beauchalot
Église Notre-Dame de Beauchalot
Crédit photo : Romainbehar - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XIVe siècle

Patrimoine classé

Tour carrée et patio précédant l'église : inscription par arrêté du 11 avril 1950

Origine et histoire de l'Église Notre-Dame

La tour carrée forme un porche voûté qui donne accès à l’église et au cimetière par une cour intérieure. Le mur du cimetière est surmonté de petites croix de pierre sculptées, dont quelques-unes portent une date, l’une affichant 1780. Un document municipal, attribué à Vincent Ferras (1928-2020), signale la présence d’un prieuré bénédictin dès le Xe siècle aux abords de l’église et du presbytère, mais il est difficile d’affirmer que l’édifice actuel remonte à cette époque. Un fragment de corniche en calcaire orné de denticules visible dans le mur du cimetière près du clocher pourrait être un vestige de l’église ancienne ou provenir d’un monument voisin ; il s’agit du seul élément de ce type repéré. La documentation mentionne aussi un chapiteau jumelé et une colonnette suggérant l’existence possible d’un ancien cloître roman, éléments que l’on n’a pas retrouvés ; les quelques fragments lapidaires relevés sont des remplois d’origine incertaine. La construction de l’église a suivi de peu la fondation de la bastide et les parties les plus anciennes encore en place datent de la première moitié du XIVe siècle ; l’édifice est mentionné dans un pouillé de 1387 (Raymond Corraze). Un acte de 1459 confirme la fondation médiévale et rapporte que les habitants commencèrent à construire l’église et édifièrent une tour. La tour, aujourd’hui clocher, présente en partie basse une maçonnerie en pierre de taille de très belle qualité ; sa face orientale, tournée vers le village, est en moyen appareil sur toute la hauteur, tandis que les faces latérales et postérieure sont en moellon équarri noyé dans du mortier dès le premier niveau. La présence d’archères en partie haute et d’empochements de poutres à l’intérieur du porche atteste de l’usage défensif de la tour et de sa capacité à servir de retranchement ; des vestiges d’un rempart contre l’élévation nord confirment cette fonction et la qualité de construction. La sculpture des voussures, des chapiteaux et de la clé de voûte du porche est d’excellente facture, caractéristique du XIVe siècle ; les culots portent des feuilles de chêne ou de vigne. À l’entrée du porche, côté intérieur, un chanfrein à ressaut adoucit l’angle et, à la sortie, un faisceau de colonnettes repose sur des bases prismatiques. À l’étage, une porte en encorbellement, construite dans le même appareil, présente le même chanfrein et un linteau décoré d’un blason à trois rocs d’échiquier. La tradition veut que la nef ait été liée au clocher, mais rien ne permet de l’affirmer avec certitude ; les traces d’empochements sur la tour laissent seulement envisager une passerelle ou un plancher. Un culot feuillagé encore en place dans le mur intérieur nord de la cour pourrait avoir supporté des poutres de charpente, mais il constitue l’unique vestige attestant ce dispositif. Des reprises de maçonnerie sur ce mur confirment que l’église médiévale fut partiellement détruite, probablement en 1459, puis reprise au cours du troisième quart du XVe siècle. L’hypothèse d’un soutien financier de Jean de Mauléon, reprise par Jean Jacques Dard en 2000, est jugée peu plausible au regard du style des chapiteaux et des culs de lampe orientaux, ancrés dans la tradition gothique flamboyante et invitant à une datation antérieure à 1530. L’église médiévale se présentait comme un édifice à chevet plat flanqué de deux chapelles latérales, probablement seules parties voûtées, et les puissants culots des deux sacristies et les contreforts renforçant le chevet témoignent de la présence possible de voûtes. Ces culots représentent des visages humains : au sud un personnage coiffé d’une mitre ou couronné, au nord une figure encapuchonnée aux mains levées vers le ciel. Le décor du chœur est délicat : gorges polygonales ornées de feuillages découpés — chou, acanthe, chêne ou lierre — parfois accompagnés de têtes grimaçantes ; les sculptures des chapelles latérales, plus raides, suggèrent l’intervention de plusieurs artisans. Si le sanctuaire était voûté, la nef devait être couverte par une charpente portée par des arcs diaphragmes ou une ferme prenant appui sur des culots dans les murs gouttereaux et sur des piliers de bois mentionnés au XVIIIe siècle. Le compoix de 1775 donne une description sommaire de l’église et précise ses confronts au levant et au septentrion par les fossés, au midi par la maison presbytérale et au couchant par la rue. La première description détaillée figure dans les délibérations municipales du 1er mai 1836, le maire y dénonçant un état de dépérissement : toiture percée, bois de support défectueux, plafond de la nef vermoulu et tombant en lambeaux, dallage insuffisant et pavage essentiellement composé de galets debout du lit de la Garonne, inconfortable pour la prière. Les devis et délibérations des années suivantes témoignent d’estimations financières successives, de ventes de biens communaux et de tentatives de financement : devis de 1838 et 1845, adjudication des travaux en 1849, interventions d’entrepreneurs tels que Jean Laforgue, et achats d’éléments d’ameublement financés par dons et avances paroissiales dans les décennies suivantes. Le clocher menaçant ruine en 1846, l’architecte Estupuy de Saint-Gaudens est nommé sur un plan de 1847 et le peintre Pédoya se voit confier le décor ; la restauration progresse au cours du XIXe siècle avec des réparations diverses, la fourniture d’une horloge commandée en 1893 à Louis Lartigue et l’ouverture de baies dans le chevet, trois étant finalement percées pour l’assainissement et l’éclairage du sanctuaire. L’église Notre-Dame, telle qu’elle se présente aujourd’hui, est un édifice de la seconde moitié du XIXe siècle qui remploie en partie des maçonneries médiévales (chevet et parties basses des élévations). Certaines baies sur le mur donnant sur le cimetière pourraient être médiévales et avoir été remployées dans l’appareil travaillé par Jean Laforgue. Les piliers en pierre, la charpente, la fausse voûte et le lattis des collatéraux sont modernes ; le lattis et le décor à pochoir des chapelles latérales sont vraisemblablement l’œuvre d’un des frères Pédoya. Jadis enduite, la nef a été décroutée dans la seconde moitié du XXe siècle, laissant aujourd’hui apparaître le galet des maçonneries sur les élévations intérieures.

Liens externes