Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-Beaulieu
L'église paroissiale Notre-Dame-de-Beaulieu de Cucuron présente des origines médiévales dont la datation précise reste incertaine : la nef est attribuée à une première construction du milieu ou de la seconde moitié du XIIIe siècle. Au cours de la première moitié du XIVe siècle furent ajoutées la quatrième travée, deux chapelles, le chœur et le portail d'entrée. Le chevet pentagonal et la voûte de la quatrième travée correspondent à une reconstruction gothique effectuée à cette période. Le bourg de Cucuron, mentionné dès 1017 comme castrum, s'est étendu au pied de la colline et de nouveaux faubourgs se sont développés vers l'est au XIVe siècle, entraînant la construction d'une église pour ce quartier ; l'édifice est cité en 1292 puis en 1348 sous le nom ecclesia beate Maria de pulchro loco, Notre-Dame-de-Beaulieu. La paroisse y fut transférée en 1541 après la ruine de l'église Saint-Michel, et la même année les consuls décidèrent d'englober les nouveaux faubourgs et l'église dans une nouvelle enceinte pour se prémunir contre de nouvelles invasions. La seigneurie locale passa notamment entre les mains des Sabran, dont Rainier (1160-1224) puis Guillaume (1200-1259) et leurs descendants, cités dans les sources médiévales. Aucun texte ne permet de préciser finement toutes les phases de construction antérieures au XVIIe siècle ; c'est l'étude archéologique du monument qui a permis de reconstituer ces campagnes de travaux. L'église est à nef unique de quatre travées : les trois premières, de style roman provençal, sont couvertes en berceau brisé, tandis que la quatrième est voûtée selon des formes gothiques. Le clocher fit l'objet d'un projet après l'effondrement du clocher de Saint-Michel en 1588 ; la construction fut interrompue en 1596 et, relevée par la suite, resta longtemps inachevée avant d'être finalisée en 1624, les travaux ayant été commencés par Rolland Jacomin puis achevés par ses fils Pascal et Claude. L'interruption entre 1588 et 1620 tient à une malfaçon qui provoqua un effondrement du chantier. Les chapelles latérales ont été édifiées par des confréries successives, de la quatrième travée vers l'entrée : celles de la quatrième travée, de style gothique, datent probablement du milieu du XIVe siècle ; les chapelles flanquant la troisième travée, dédiées à saint Blaise au nord et au Rosaire au sud, étaient en place en 1620 ; les autres chapelles datent du XVIIe siècle. L'église a fait l'objet d'une réfection complète de la toiture en dalles de pierre et d'un décapage des enduits intérieurs en 1961. Classée au titre des monuments historiques le 25 septembre 1961, elle conserve un mobilier principalement daté des XVIe et XVIIIe siècles. Un maître-autel de 1517 a disparu entre 1789 et 1795 ; en 1801 la paroisse mit en place un nouveau retable initialement commandé en 1661 pour la chapelle de la Visitation d'Aix-en-Provence par Laure Martinozzi. Les tableaux originaux de Reynaud Levieux qui décoraient ce retable se trouvent aujourd'hui dans l'église de la Madeleine à Aix ; ils ont été remplacés par des peintures du XVIIIe siècle représentant la Circoncision au centre, l'Immaculée Conception ainsi que sainte Marthe et sainte Marguerite. L'orgue a une longue histoire : un premier instrument fut construit vers 1614 par Pierre Marchand ; l'orgue actuel situé sur la tribune d'entrée a été réalisé entre 1786 et 1788 par Pierre Duges. De l'orgue de Pierre Marchand subsistent un peu plus de quatre jeux, le reste relevant du XVIIIe siècle ; l'instrument a été modifié en 1810 par François Borme, en 1835 par un facteur italien (Giovanni Mentasti ?), puis au XXe siècle, avant d'être restauré dans son état d'origine entre 1975 et 1983 par Patrice Bellet. Le buffet, simple et composé de trois tourelles encadrant deux plates-faces, a été exécuté par le menuisier Augustin Moutonnet.