Origine et histoire de l'Église Notre-Dame de Beauvoir
L'église priorale Notre‑Dame de Beauvoir, dépendant de l'abbaye Saint‑André de Villeneuve‑lès‑Avignon, est mentionnée pour la première fois en 1096 ; des actes antérieurs évoquent une « villa » en 1050 et une donation faite en 1027. Les trois premières travées de la nef appartiennent à l'édifice roman primitif, datant de la seconde moitié du XIIe siècle ; il s'agissait à l'origine d'une nef unique de trois travées. Une quatrième travée, couverte d'une voûte en berceau brisé, un chœur à chevet plat et une chapelle sud voûtée d'ogives ont été ajoutés au milieu du XIVe siècle. Sous la pression d'une visite pastorale de 1343 qui constatait la petitesse de l'édifice pour la population, la chapelle Saint‑Jean‑Baptiste fut fondée en 1348 après un legs de Sanche Botine. Au XVIe siècle, un bas‑côté sud est créé en 1560 et, à la fin du siècle, le chevet est fortifié par l'édification d'une tour dans le cadre des travaux de défense menés par le seigneur Jean de Gautier ; le maçon Nicolas Bérard intervient notamment pour la porte principale. Une sacristie est construite contre le flanc sud du chœur en 1657 et trois chapelles latérales sont ajoutées au nord au cours du XVIIe siècle. Le tremblement de terre de 1708 cause l'effondrement de la voûte en berceau de la nef et endommage les parties hautes ; la voûte est reconstruite, la façade refaite et un petit clocher destiné à l'horloge est ajouté, complété au XIXe siècle par un campanile en fer forgé ; une partie de la sacristie est reconstruite en 1855. Des contrats de travaux, notamment un marché passé en 1545 puis un compromis en 1560 avec Jacques Jehan, prévoient la création du collatéral sud et la mise en place d'une charpente au‑dessus des voûtes de la nef, entraînant le rehaussement du clocher. Lors de sondages menés en 1986 sous la quatrième travée, on a mis au jour un caveau funéraire creusé dans le rocher. Les murs gouttereaux ont été renforcés par des arcs de décharge composés de deux rouleaux en cintre légèrement brisé ; ceux du côté nord, visibles dans les travées anciennes, n'ont pas été refaits après le séisme de 1708, tandis que les arcs côté sud ont été reconstruits au XVIe siècle lors de l'ouverture du collatéral. L'arc de décharge de la première travée côté nord a été refait en 1661 à l'occasion de l'élévation de la chapelle dédiée à sainte Anne, et de larges baies ont été percées dans le mur gouttereau sud après l'effondrement de 1708. Dans les pilastres de la troisième travée sont encastrées des colonnettes doubles au style archaïque, susceptibles de remonter à l'époque de la première mention de l'église. Le chœur rectangulaire, de style gothique, est un peu moins large que la nef et couvert d'une voûte plus basse ; il est établi sur un important soubassement en raison de la pente du terrain et a probablement été construit après la visite pastorale de 1343. Côté nord, la première chapelle latérale, datée de 1661, est voûtée en berceau ; la deuxième présente une voûte d'ogives retombant sur des culots de style classique et la troisième, plus profonde, est également couverte d'ogives du XVIIe siècle. Le mobilier comprend un polyptyque de saint Jean‑Baptiste de l'école provençale daté de 1519, commandé par les frères Elzéar et Pierre Asse et leur cousin Claude, et une toile du XVIIe siècle côté sud représentant la Glorification de la Vierge priée par saint Pancrace et saint Christophe, accompagnée de deux évêques à genoux, probablement saint Léger et saint Blaise, qui pourrait être l'ancien tableau du maître‑autel. L'église est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 29 janvier 2001.