Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-Bon-Port
L’église Notre‑Dame‑de‑Bon‑Port, parfois appelée localement « église Saint‑Louis », est un édifice religieux de Nantes construit par les architectes Saint‑Félix Seheult et Joseph‑Fleury Chenantais ; sa construction date de 1852 et son inauguration a eu lieu en 1858. Son appellation officielle est « Notre‑Dame‑de‑Bon‑Port », mais le surnom « église Saint‑Louis » renvoie à Louis‑Hyacinthe Levesque, généreux donateur et maire lors de la construction d’une première église en 1827. Cette première chapelle, modeste et vite délabrée, a été démolie en 1843 au profit d’un nouvel édifice érigé sur le site de l’ancien hospice du Sanitat, au nord de la place du même nom. La façade principale donne sur la place du Sanitat, reliée par la rue Mazagran au quai de la Fosse, alors cœur du trafic portuaire de Nantes ; l’église est bordée à l’ouest par la rue Damrémont, à l’est par la rue Mascara et isolée au nord de la rue Dobrée par un groupe d’immeubles accolés au chevet. Les architectes, choisis par le curé Fresneau, proposèrent dès 1845 un projet monumental de plan carré et de type baroque, refusant l’emprunt au Moyen Âge pour renouer avec la tradition de la Contre‑Réforme : le dôme évoque celui de l’Hôtel des Invalides, la façade rappelle Saint‑Pierre de Rome et une statue d’archange dorée couronne la flèche. L’édifice, greffé sur un quartier en pleine extension, devint l’élément majeur de ce secteur proche du port et fut décoré intérieurement de marqueteries et de parquets somptueux. Les peintures murales commencées dès 1858 ne furent achevées qu’au début du XXe siècle ; les travaux de la flèche ont été repris en 2006. L’église a été inscrite au titre des monuments historiques le 29 octobre 1975.
Bâtie en croix grecque, l’église forme un carré de 38 mètres de côté et s’élève à 30 mètres de hauteur, surmontée d’un dôme coiffé d’une lanterne et d’une fléchette dont la croix culmine à 60 mètres. Pour alléger et élancer la coupole, une charpente métallique a été adoptée plutôt qu’une charpente en bois, innovation technique notable pour l’époque. Le tambour qui porte le dôme comporte de vastes fenêtres séparées par des pilastres jumelés et porte, au‑dessus de chaque fronton, la tête d’un saint patron d’une église nantaise. La façade, haute de 30 mètres, présente un rez‑de‑chaussée dorique et un étage corinthien, la partie centrale en saillie renouant avec le style antique par l’archivolte surélevée.
Le fronton est consacré à la Vierge, patronne des marins : au centre, Amédée Ménard représente en 1858 la Vierge en gloire, flanquée de deux anges intercesseurs, l’un bénissant les marins au départ et l’autre les accueillant au retour. Le tympan, décoré en 1860 par Joseph‑René Gouézou, montre le Christ consolateur ; au‑dessus de la porte centrale figurent saint Louis et Marguerite de Provence. La statue de Notre‑Dame‑de‑Bon‑Port (1913), placée sur le pilier avant gauche, porte trois symboles marins — l’étoile, l’ancre et l’anneau — qui renvoient respectivement à la foi, à l’espérance et à la charité.
Le Grand Orgue, construit en 1891 par le facteur nantais Louis Debierre, élève de Cavaillé‑Coll, est considéré comme un des chefs‑d’œuvre de la facture d’orgue du XIXe siècle ; la partie instrumentale a été classée au titre des monuments historiques le 11 décembre 1975 et le buffet l’a été en 2014. Debierre, qui fit de cet instrument son œuvre maîtresse, finança des ajouts personnels, notamment la tribune imposante reposant sur quatre piliers, favorisant la sonorité dans l’église au dôme remarquable. L’orgue comporte trois claviers manuels, un pédalier à l’allemande de 30 notes, 45 jeux et quelque 3 800 tuyaux ; sa transmission électrique fut l’une des premières en France. Après deux restaurations en 1929 et 1980 et des travaux d’urgence en 2020‑2021, une restauration générale reste nécessaire ; les titulaires actuels sont Florence Ladmirault et Damien Rahier. L’orgue de chœur, lui aussi signé Debierre, a été acquis en 1932 et installé derrière le maître‑autel.
Les décors peints associent plusieurs artistes : Henri‑Pierre Picou réalisa une première peinture de La Cène dans le cul‑de‑four de l’abside, aujourd’hui recouverte par une œuvre moderne de Henry Leray et Laure Martin ; Alphonse Le Hénaff peignit entre 1858 et 1860 sur le tambour de la coupole une frise à la cire sur fond d’or représentant la Vierge Immaculée entourée de groupes bibliques proclamant le dogme de l’Immaculée Conception. En 1865, l’abside reçut trois panneaux illustrant des épisodes précurseurs de l’Eucharistie, ces peintures murales étant classées au titre des monuments historiques en 1975. Antoine Chalot décora en 1859 la chapelle de la Vierge et Joseph Gouézou réalisa en 1879 le décor de la chapelle Saint‑Louis ainsi que, en 1872, la fresque du tympan.
Plus récemment, le 7 décembre 2021, des catholiques intégristes ont bloqué les entrées de l’église et empêché le public d’assister au concert d’Anna von Hausswolff, organisé par le Lieu Unique avec l’accord de l’évêché.