Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L’église Notre‑Dame et le presbytère se situent dans la commune déléguée de Brissarthe, aujourd’hui intégrée aux Hauts d’Anjou, dans le département de Maine‑et‑Loire, région Pays de la Loire. L’ensemble fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 9 septembre 1965. L’église présente un caractère roman marqué : Jacques Mallet la rapproche par son austérité et ses proportions des modèles de la première moitié du XIe siècle. Elle n’en conserve pas moins des élévations et des aménagements relevant des XIIe, XVe et XVIIe siècles ; le presbytère date du XVIIIe siècle. Le plan de l’édifice déroge aux schémas classiques : le bras de transept droit est absent et le clocher a été reconstruit au XVIIIe siècle sur les quatre piliers d’angle du bras gauche ; l’emplacement du transept droit a été investi par le presbytère.
Les archives mentionnent Notre‑Dame dans le cartulaire de l’abbaye Saint‑Serge d’Angers, où figure la donation faite par Guischard Charpi en 1162 ; cette donation est liée à la fondation d’un prieuré qui subsistera jusqu’à la Révolution. Des auteurs anciens et des chroniqueurs médiévaux évoquent en outre une église en pierres sur ce site dès le IXe siècle, refuge lors de la bataille de Brissarthe rapportée par Réginon de Prüm, et plusieurs pierres sculptées réemployées dans l’arc principal semblent provenir de cet édifice primitif.
La nef, large de 9,20 m et longue de 24,20 m, offre une impression d’austérité soutenue par des contreforts sur le mur sud ; elle conserve trois petites fenêtres ébrasées, sans doute d’origine romane, et un grand vitrail plus récent. Le mur nord comporte six arcades murées dont les intrados montrent qu’elles étaient destinées à être ouvertes, peut‑être pour une galerie latérale débouchant dans le bras gauche du transept ; on y remarque une litre et deux blasons ornés d’une croix pattée. Des remplois de sarcophages mérovingiens figurent dans la croisée du transept et sous certains éléments de l’arcature.
La façade, datée du XIIe siècle, est soutenue par quatre contreforts rapportés et présente un jeu de pierres de teintes variées et de réemplois ; le portail à double rouleau conserve l’arc de décharge d’origine, le reste ayant été restauré récemment. Le mélange de lignes courbes et droites a été qualifié de romano‑grec. Sur le côté nord extérieur, la zone dite « le tripot » était autrefois occupée par une buvette en bois vers 1900 ; ce secteur a aussi accueilli, antérieurement, un cimetière d’enfants non baptisés.
Le clocher a fait l’objet d’un récit local indiquant qu’il fut frappé par la foudre autour de 1730 et reconstruit ensuite ; le nouveau massif, cantonné de contreforts épais, est couvert d’une toiture d’ardoises en forme de « casque » et dominé par une flèche en « bec d’hirondelle ». Un témoignage du XIXe siècle attribue la prise en charge d’une partie des frais de reconstruction à une dame de la paroisse, Anne Amat, et rapporte une anecdote concernant l’allongement finalement non réalisé de la flèche.
L’autel actuellement en place, rapproché de l’arc d’accès à la croisée du transept conformément aux prescriptions de Vatican II, comprend une pierre provenant de la chapelle de La Coutardière ; une sépulture liée à cette famille est signalée dans l’église en 1605. Au fond du chœur, un autel‑retable du XVIIIe siècle, richement travaillé, associe éléments classiques et baroques ; le tableau central représentant l’Assomption est signé Jean‑Baptiste Thonnesse et daté de 1825, et l’ensemble a fait l’objet d’études de restauration. Les marbres proviennent de carrières mayennaises et les colonnes alternent ordres ionique et corinthien ; les décors en relief représentent notamment le blé et la vigne. Des travaux de restauration de la toiture de la croisée de transept et de l’abside ont été conduits avec des aides régionales, nationales et d’associations de sauvegarde du patrimoine.
La sacristie occupe une absidiole située derrière le chœur, probablement partie la plus ancienne de l’édifice, et l’on accède à cet espace depuis ce qui devait être le déambulatoire droit ; une absidiole à gauche du chœur pourrait correspondre à l’ancien débouché gauche. Le bras gauche du transept, plus ancien que le clocher qu’il supporte, abrite une statue de Robert le Fort signée David d’Angers et un sarcophage mérovingien découvert lors d’aménagements ; de nombreux restes de tombes mérovingiennes ont été mis au jour autour et sous l’église, attestant l’existence d’un cimetière ancien.
L’intérieur porte aussi les traces des troubles de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle : des traces d’incendie sont signalées par des témoignages locaux et, en 1805, la fabrique organisa l’installation de bancs financés par des paroissiens, dont les concessions figuraient sur des registres conservés.
Le presbytère, construit au XVIIIe siècle et inscrit au même titre que l’église en 1965, présente des pilastres élégants, une corniche saillante, un chaînage harpé, des linteaux segmentaires à clé passante et des fenêtres à petits bois ; la porte est en arc en tiers point à double rouleau.
Plusieurs sources médiévales, parmi lesquelles les Annales de Saint‑Bertin, les Annales de Fulda et le récit de Réginon de Prüm, évoquent la bataille de Brissarthe et l’existence d’une église en pierres sur ce site au IXe siècle, épisode qui a durablement marqué l’histoire locale.