Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre‑Dame de Carentan est un édifice catholique des XIIe‑XIXe siècles, situé dans la commune déléguée de Carentan au sein de Carentan‑les‑Marais (Manche, Normandie) et classé au titre des monuments historiques en 1862. Mentionnée dès le XIIe siècle, elle conserve des vestiges romans, notamment le portail occidental, les bases des piles de la nef et les piles cruciformes de la croisée du transept. L'église a accueilli en 1106 l'événement où Serlon, évêque de Sées, reçut le roi d'Angleterre Henri Ier Beauclerc. Ruinée lors de la guerre de Cent Ans, elle fit l'objet de réparations et d'une reconstruction aux XVe siècles : des indulgences furent accordées en 1357 pour financer les travaux et la remise en chantier est attestée dans les années 1420–1430. Sous domination anglaise, le chœur fut reconstruit dans le style flamboyant ; Guillaume de Cerisay en prit l'initiative et le financement à la fin du XVe siècle, et le chœur avec déambulatoire et arcs‑boutants, élevé sur deux niveaux, date des années 1466–1490. En 1517, une chapelle axiale fut ajoutée, puis au XIXe siècle une sacristie au nord et une pièce en pendant du caveau furent aménagées. Un ensemble de sculptures monumentales, notamment des anges musiciens, subsiste et a été restauré à différentes époques, en particulier après la Seconde Guerre mondiale.
À l'extérieur, l'édifice présente l'allure générale du XVe siècle : massif ramassé, bas‑côtés aussi élevés que la nef et transept peu saillant. Le portail occidental roman, en tiers‑point, conserve des voussures décorées et des colonnettes ; les traces d'un ancien porche subsistent dans les arrachements de maçonnerie. La façade ouest et les collatéraux sont éclairés par des fenêtres au décor flamboyant ; le versant sud est rythmé par des contreforts, des gables ornés d'anges musiciens et une balustrade ajourée, et un porche s'ouvre à la troisième travée. La croisée du transept porte un clocher gothique carré de la fin du XVe siècle, percé de baies jumelées, couronné d'une balustrade et d'une flèche en pierre rappelant celle de l'église Saint‑Pierre de Caen. Des gargouilles médiévales, toutes différentes et expressives, décorent le chœur et le bas‑côté nord ; il n'en subsiste aucune sur le bas‑côté sud.
L'intérieur conserve des traces romanes dans les bases de piliers et les piles de la croisée, tandis que les arcades et les chapiteaux reflètent les remaniements du XVe siècle. Les chapiteaux à tailloirs présentent des motifs variés — godrons ou figures fantasques — parmi lesquels un joueur de tambourin, une scène de fabliau, deux anges musiciens (l'un soufflant dans un cornet à bouquin), un homme drapé, un fou à la marotte, un âne broutant des chardons, un enfant juché sur un coq et un gnome. Le chœur, financé par Guillaume de Cerisay, s'organise autour d'un déambulatoire et d'arcs‑boutants sur deux niveaux.
L'église abrite de nombreux objets protégés : quatorze verrières des XVe et XVIe siècles dont deux vitraux illustrent la destruction de l'édifice vers 1443 et sa reconstruction à la fin du XVe siècle, ainsi qu'une scène de la charité de saint Martin. Le maître‑autel porte les armoiries d'Urbain VIII ; les stalles du chœur, du XVIe siècle, présentent des miséricordes intéressantes. Dans une chapelle du déambulatoire subsiste un fragment de peinture murale du XVe siècle à fond damassé, destiné autrefois à mettre en valeur deux statues aujourd'hui disparues. On y voit également une statue de Léon de Carentan portant sa tête, et l'épitaphe d'André Cabieul en l'honneur de son épouse Gillette Le Monnier, décédée le 18 septembre 1597, ornée des armes du couple.