Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre‑Dame est une église catholique paroissiale située à Chamant, dans le département de l'Oise, en région Hauts‑de‑France. Elle est affiliée à la paroisse Saint‑Rieul de Senlis et les messes dominicales y sont célébrées d'octobre à avril à 11 h 15, sauf le premier dimanche du mois. L'édifice est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 4 mai 1921.
L'église occupe la partie est du bourg, rue de la baronne Léonino, au nord de Senlis et à l'est de la forêt d'Halatte ; son élévation méridionale donne sur une place triangulaire tandis que le chevet fait face à la rue et qu'un parking borde l'élévation septentrionale. Le mur occidental, qui ouvre sur la cour du presbytère, remplace une façade traditionnelle; l'édifice reste cependant visible de tous les côtés. Le cimetière autour de l'église a été désaffecté au milieu du XIXe siècle et le cimetière actuel, sur la route de Balagny‑sur‑Aunette, a été inauguré en 1832.
Le village de Chamant est connu depuis la fin du XIe siècle et la paroisse a été fondée en 1129, la paroisse voisine de Malgenest lui ayant été rattachée peu après. Sous l'Ancien Régime la cure relevait du doyenné et du diocèse de Senlis et le chapitre de la cathédrale était collateur, patronage confirmé par une bulle pontificale; la seigneurie demeura propriété du chapitre jusqu'à la fin du XVIe siècle. Après les troubles de la seconde moitié du XIVe siècle, l'évêque de Senlis réunit la paroisse du Plessis à celle de Chamant par décision du 7 avril 1368.
Pendant la Révolution l'abbé Antoine Henry Arnould Bloquet, curé depuis 1784 et maire‑adjoint, ne paraît pas avoir été inquiété, mais le presbytère fut vendu comme bien national; le concordat de 1801 modifia l'organisation diocésaine et la cure connut de longues périodes de vacance au XIXe siècle, ponctuées de rétablissements et de nominations. Parmi les curés, Charles de Blanchefort fut nommé en 1505 avant d'accéder à l'épiscopat de Senlis; plus tard, l'abbé Ernest Boulanger exerça son ministère pendant quarante‑quatre ans et fit l'objet d'une plaque commémorative. La paroisse de Chamant a été intégrée en 1996 à la grande paroisse Saint‑Rieul de Senlis.
Sur le plan architectural, le clocher roman a été bâti à la suite de la fondation de la paroisse en 1129 et sa flèche octogone en pierre a été ajoutée au cours du XIIIe siècle, formant un ensemble représentatif des clochers d'Île‑de‑France. Le chœur roman a été remplacé par un chœur gothique rayonnant, d'une grande simplicité, vers 1260 ou quelques décennies après; ce chœur actuel n'est pas voûté et ne reçoit pour ornement que les trois fenêtres au remplage de type rayonnant tardif. Le reste de l'église a été rebâti pendant la première moitié du XVIe siècle; la chapelle de la Vierge, au sud de la base du clocher et du chœur, est voûtée d'ogives dès son origine, tandis que la nef et son unique collatéral sud présentent à l'origine une facture sommaire.
Une importante restauration financée par Napoléon III et menée par l'architecte‑décorateur Philippe Bruslé eut lieu entre 1863 et 1877; elle a instauré un voûtement néogothique et une décoration intérieure de style troubadour, remplacé le plafond lambrissé signalé antérieurement et ajouté des éléments comme la chapelle baptismale et la tribune occidentale. Les seules parties de la nef et du collatéral authentiquement gothiques flamboyantes sont, selon les auteurs, les grandes arcades et le portail méridional, ce dernier conservant ses vantaux en chêne d'origine, classés objets historiques depuis 1912.
L'église est régulièrement orientée et se compose d'une nef de quatre travées avec un collatéral au sud, de la base du clocher qui tient lieu de première travée du chœur, d'un chœur rectangulaire d'une travée, d'une chapelle de la Vierge de deux travées et d'une chapelle des fonts devant la première travée du collatéral; la sacristie occupe l'angle entre le chevet de la chapelle de la Vierge et le mur méridional du chœur. La base du clocher est voûtée d'arêtes et la chapelle de la Vierge présente deux voûtes d'ogives de la première moitié du XVIe siècle, tandis que les autres voûtes intérieures sont néogothiques.
L'intérieur montre des grandes arcades en anse de panier aux moulures prismatiques, reposant sur des piliers ondulés à renflements qui s'inscrivent dans l'esprit flamboyant régional, mais l'aspect plaqué des voûtes et le profil de certains arcs renvoient à l'intervention du XIXe siècle. Les élévations latérales se caractérisent par un soubassement élevé et des baies trapues dont le remplage, surtout dans le chœur, relève du style rayonnant tardif avec lancettes, oculi et pentalobes.
La base du clocher conserve des éléments romans authentiques : arcades en tiers‑point, chapiteaux sculptés et une voûte d'arêtes qui figure parmi les rares exemples romans subsistants dans la région; une petite fenêtre latérale en plein cintre, aujourd'hui bouchée, est un autre témoignage de cette phase. La chapelle de la Vierge se distingue par un décor peint troubadour abondant, la présence du monument funéraire de Christine‑Éléonore Boyer transféré en 1857 et décoré sur proposition de Viollet‑le‑Duc à la demande de l'empereur, ainsi que par une tourelle d'escalier cylindrique et des voûtes d'ogives de style XVIe siècle.
L'élévation extérieure montre un clocher à trois étages, un étage de beffroi sobre percé de baies gémelées et une flèche octogonale agrémentée de lucarnes et de pyramidons; les murs sont en moellons enduits avec emploi de pierre de taille pour chaînages, entourages des baies et contreforts, et le portail méridional, en anse de panier, conserve des niches à statues et des vantaux sculptés. L'édifice a été endommagé par les bombardements lors des combats de la Libération en août 1944 ; le portail méridional a été restauré en 1979 par un artisan local et les vitraux ont été remis en état grâce aux reliquats des dommages de guerre alloués à la commune.
Parmi le mobilier, la Vierge à l'Enfant en pierre polychrome et la petite plaque funéraire du curé Jehan Ponderon sont classées au titre des objets, tout comme les vantaux du portail ; la majeure partie du mobilier présent est postérieure à 1850 et comprend notamment une chaire, un confessionnal et un maître‑autel néogothiques de qualité.