Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre‑Dame de Chambly, située au cœur de la ville dans l'Oise, est une paroisse catholique d'architecture gothique rayonnante. Selon la tradition locale, saint Louis aurait donné l'impulsion à sa construction, mais l'analyse du bâti exclut aujourd'hui une attribution certaine. Les observations stylistiques permettent de retenir que le chantier a débuté vers 1260 par le chœur et s'est achevé par le transept et la nef dans les années 1270‑1280. Le chœur et ses chapelles affichent un parti conservateur du plein style rayonnant, tandis que le transept et la nef montrent un rayonnant tardif, et l'ensemble se signale par son homogénéité et la cohérence du plan. L'édifice, long d'environ 53 mètres et large de 20 mètres, se distingue par la clarté de sa conception, l'élégance sévère de ses proportions et la multiplication de fins fûts entre les fenêtres de l'abside. Le plan est cruciforme : une nef de quatre travées avec bas‑côtés, un transept non saillant, un chœur de trois travées terminé par une abside à cinq pans, deux chapelles orientées et un clocher implanté au sud. L'élévation de la nef se caractérise par deux niveaux (grandes arcades et fenêtres hautes) sans triforium, alors que le chœur et l'abside présentent des fenêtres très hautes sur un seul niveau. La croisée du transept porte une voûte à liernes et tiercerons, technique qui, remarquée ici, apparaît en France à la fin du XIIIe siècle. Une chapelle latérale, voûtée au XVIe siècle, a été ajoutée au droit de la troisième travée du bas‑côté nord ; elle a successivement porté les dédicaces de Notre‑Dame de Pitié, de la Vierge puis du Saint‑Sacrement. L'église a subi de nombreuses campagnes de réparations entre le XVIe et le XVIIIe siècle ; en 1781 elle fut interdite au culte en raison de son mauvais état et le service fut alors transféré au prieuré Saint‑Aubin. Les travaux entrepris ont permis la réouverture au culte en 1785 après des reprises des voûtes, la reconstruction d'arcs‑boutants et le relevage des toitures des bas‑côtés. La question des cloches apparaît complexe dans les sources : certaines campagnes les signalent descendues pour fonte en 1742, tandis que d'autres mentionnent des remises en place au cours de la période révolutionnaire. Au XIXe siècle, la dégradation du chœur conduisit à de vastes restaurations ; l'église fut classée au titre des monuments historiques par la liste de 1862 puis restaurée par plusieurs architectes entre 1867 et 1928. Les travaux du dernier tiers du XIXe siècle ont notamment porté sur la reconstruction partielle de l'abside, la remise en place des voûtes et toitures, le remplage des fenêtres et le remplacement des vitraux de l'abside. Une seconde campagne, engagée à partir de 1928, fut consacrée principalement à la nef, au transept et au clocher. L'abbé Jean‑Baptiste Thierry, curé de 1740 à 1754, a laissé un journal qui éclaire la vie paroissiale et les travaux de son temps : il fit bâtir un nouveau presbytère, installer des cloches et réaménager l'église, tout en conduisant des démarches pour recouvrer les contributions des décimateurs pour l'entretien des chapelles. L'intérieur conserve un mobilier varié et protégé pour certains éléments : l'orgue de tribune et la chaire à prêcher sont remarquables et protégés, le buffet de l'orgue et la partie instrumentale font l'objet de classements. L'inscription signalant un orgue «fait par Henry… en 1508» est mentionnée dans les sources, mais sa lecture et la datation de l'instrument ont été discutées ; l'orgue a connu de nombreuses réparations. La chaire, de la fin du XVIIIe siècle et d'une hauteur imposante, comporte des bas‑reliefs, des monogrammes et un abat‑voix décoré, et elle est classée avec l'édifice. Les fonts baptismaux, datés de la seconde moitié du XVIe siècle, sont taillés en bloc monolithique et présentent une décoration sobre. Le patrimoine mobilier comprend encore des stalles provenant en partie de l'église Saint‑Sauveur de Paris, un retable peint du XVIe siècle composé de volets figurant des scènes de la Passion, ainsi que plusieurs tableaux et un bas‑relief représentant la Charité de saint Martin provenant de l'ancienne église Saint‑Martin. Certaines dalles funéraires et plaques rappellent des défunts locaux, mais plusieurs éléments ont été déplacés ou ont souffert lors des restaurations. Extérieurement, la silhouette de l'église se caractérise par des contreforts fortement saillants, des arcs‑boutants, des rosaces et des fenêtres à réseaux rayonnants ; le clocher, discret et couvert d'un toit à la hache, s'inscrit près de la façade occidentale. Le chœur, avec ses hautes fenêtres et ses pinacles, est sans doute la partie la plus expressive de l'édifice, tandis que les chapelles latérales, pentagonales en intérieur, soulignent le parti rayonnant du maître d'œuvre. À travers les restaurations et les aléas, Notre‑Dame de Chambly reste une réalisation régionale notable du rayonnant, au centre d'une grande paroisse qui la maintient en service liturgique.