Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre‑Dame de Châtel‑Montagne (Allier) est une église romane médiévale, liée à un prieuré clunisien fondé à la fin du XIe siècle. Elle présente un plan à trois nefs, un transept peu saillant et un chœur muni d'un déambulatoire circulaire desservant quatre chapelles rayonnantes. Les arcs de la nef sont surmontés de galeries ouvertes qui donnent sur des voûtes en quart de cercle couvrant les bas‑côtés et les collatéraux. Le clocher s'élève au centre de l'édifice ; il était autrefois surmonté d'une flèche pyramidale avec édicule aux angles, détruite à la fin du XVIIIe siècle par vandalisme. Pour protéger l'intérieur des intempéries, la tour est ouverte seulement sur trois côtés et entièrement fermée du côté ouest. Les parties hautes du transept et du clocher semblent avoir été achevées à la fin du XIIe siècle. Dans le chœur se trouvent des stalles en bois du XVe siècle. La pierre employée est un granit local souvent à gros grains, ce qui limite le développement du décor sculpté. Le décor des chapiteaux du chœur est principalement végétal — palmettes, acanthes, feuilles plates — et inclut des animaux ; dans les bas‑côtés figurent un âne et une sirène‑poisson. L'église reflète des influences diverses, liées à sa position à la limite de la Bourgogne et de l'Auvergne.
L'église, dédiée à la Vierge, fut donnée par Dalmas de Châtel‑Montagne à l'abbaye de Cluny vers 1081‑1088 ; une copie de l'acte de donation mentionne la fondation du prieuré au 2 mai 1082, et le pape Urbain II confirma la possession par Cluny le 16 mars 1095. Un acte du 21 septembre 1131 atteste que l'évêque Aimeric de Clermont approuva Pierre le Vénérable dans la reconnaissance du droit du prieur de nommer à la cure d'Arfeuilles. Le prieuré comptait trois ou quatre moines, attestés en 1270, 1295 et 1354, et il passa en 1331 sous la mense du prieuré féminin de Laveine ; le XIVe siècle marque le repli de ces petits établissements. Les visites clunisiennes signalent un mauvais état des bâtiments conventuels en 1354, 1386 et 1417. En 1501, la réforme du prieuré de Laveine par l'abbé Jacques d'Amboise conduisit le prieur à céder ses droits à la prieure Gabrielle de Polignac pour la gestion du temporel. Des moines étaient encore présents en 1679 ; on ignore les circonstances et la date précises de leur départ, mais après leur départ les offices paroissiaux furent transférés à l'autel de l'abside et l'autel de saint Genest, placé à l'est de la nef, fut détruit entre 1698 et 1702.
En l'absence de documents de chantier, Eugène Lefèvre‑Pontalis a proposé en 1905 une périodisation des travaux : parties basses de la nef, des collatéraux et du transept au début du XIIe siècle ; élévations hautes de la nef à partir de la fausse tribune, voûtes des collatéraux et porche occidental vers 1150 ; voûtes du transept et chœur à la fin du XIIe siècle ; porche sud au XIIIe siècle. Bernard Craplet a contesté cette chronologie et a suggéré une construction homogène de la nef entre 1100 et 1125, un transept plus ancien d'origine XIe siècle remanié au début du XIIIe siècle, et un porche occidental du milieu du XIIe siècle. Au XIXe siècle, la première absidiole nord fut démolie en 1835 et remplacée par une chapelle rectangulaire ; l'église est classée monument historique en 1840 et a fait l'objet de campagnes de restauration au milieu et à la fin du XIXe siècle : reconstruction du porche latéral sud en 1853 après expertise d'Eugène Millet, réfection des toitures en 1864‑1865, puis travaux dirigés par Georges Darcy entre 1873 et 1876.
La clôture de chœur médiévale, qui séparait autrefois le déambulatoire du chœur et reposait sur un bahut en bois, se trouve aujourd'hui dans la tribune et est classée depuis 1999. Trois statues sont inscrites au titre des monuments : une Vierge de Pitié du XVIe siècle, une Vierge à l'Enfant du XVe siècle et un Saint Antoine ; le chemin de croix, peintures sur tôle réalisées par le chanoine Desrosiers entre 1895 et 1911 et restaurées en 2005, est également inscrit. La tour de croisée abrite trois cloches actionnées depuis la coupole par des sonneurs au moyen de cordes descendant dans l'édifice : Jacqueline‑Denise, la plus lourde, pèse 613 kg et sonne le fa dièse, refondue en 1835 par Bollée d'Orléans avec des fragments de l'ancienne grosse cloche ; Bernadette‑Marguerite‑Marie pèse 416 kg et sonne le la dièse, également refondue en 1835 ; la troisième, plus ancienne (1806), pèse 390 kg, sonne le la et n'a pas de nom connu. L'horloge installée dans une armoire transparente du bas‑côté sud commande le cadran principal et les sonneries par un système de renvoi apparent ; son mouvement, fabriqué en 1927 par Odobey Cadet à Morez, est entraîné par deux contrepoids dont le principal de 300 kg se remonte toutes les sept jours.