Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre-Dame de Corme-Écluse est un édifice roman saintongeais situé en Charente-Maritime, ancien siège d'un prieuré bénédictin dépendant de l'abbaye royale de Saint-Jean-d'Angély. Elle a été donnée vers 1104 par l'évêque de Saintes à cette abbaye, qui a commandité la reconstruction du sanctuaire au milieu du XIIe siècle. Une plaque apposée sur le mur sud de la nef conserve des mentions évoquant l'achèvement et l'ornementation en 1200, une visite en 1327, l'établissement d'un pèlerinage en 1628 et la mutilation ultérieure d'une statue. Le plan de l'église est en croix latine légèrement asymétrique, le bras nord du transept étant plus long que le bras sud. La nef, composée de deux travées voûtées en berceau, est éclairée par des fenêtres refaites au XIIIe siècle ; l'abside en cul-de-four, éclairée par trois baies symboliques, a été restaurée au XIIe siècle. La croisée du transept, sous le clocher, est couverte d'une coupole sur trompes et le bras sud s'ouvre sur une absidiole voûtée ; le croisillon nord, rebâti au XVIIe siècle dans un style roman, est de plan rectangulaire et possède un portail à colonnes et rouleaux toriques. La façade occidentale, tripartite au rez-de-chaussée, présente une porte centrale flanquée de deux fausses portes, des arcatures aveugles et un pignon ; ses voussures et archivoltes sont ornées d'entrelacs mêlés de figures humaines et animales, et la sculpture de la façade est datée de la période 1130-1140. Le portail central porte une voussure externe décorée d'une série d'oiseaux et d'un personnage assis à la clé du cintre, motif dont les bras ont été en partie détruits. Parmi les huit chapiteaux du rez-de-chaussée, deux sont authentiquement romans tandis que les six autres résultent de la restauration de 1860. La corniche du deuxième niveau repose sur dix modillons, dont cinq romans, qui développent des thèmes moralisateurs mettant en garde contre les péchés, notamment la luxure et la vanité ; d'autres modillons datent de la restauration du XIXe siècle. Le clocher, de plan carré, conserve un premier étage roman à arcature portée par hautes colonnes ; l'étage supérieur a été refait au XVe siècle, il est ajouré par des baies en lancette et accessible par un escalier logé dans une tourelle. À l'intérieur, la nef présente des colonnes engagées soutenant arcs et voûtes, des baies hautes qui diffusent la lumière et des chapiteaux sobrement décorés, en contraste avec la richesse sculptée de la façade. Le carré du clocher est délimité par quatre massifs de colonnes qui portent la coupole sur trompes ; quelques têtes d'animaux ornent la naissance des trompes, plusieurs ayant été mutilées. L'arc triomphal et les chapiteaux du transept offrent les principales sculptures intérieures, dont des motifs de vannerie et d'entrelacs. L'édifice a connu peu de dommages pendant la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion, et a fait l'objet de travaux d'entretien et de restauration réguliers, parmi lesquels la reconstruction de la charpente du clocher en 1822, la reprise de la façade en 1852, des interventions vers 1860, des réfections de couvertures à partir de 1880, le déplacement du cimetière à la fin du XIXe siècle, des travaux de couverture et d'étanchéité dans les années 1920, des opérations d'assainissement et de démolition de constructions masquantes en 1971, le remplacement de la porte principale en chêne en 1990 et des réparations et mises en lumière au début des années 2000. L'église abrite des vestiges de peintures murales, une plaque résumant son histoire, un monument aux morts et un cadran canonial sur le mur sud de la nef. Classée au titre des monuments historiques depuis le 19 novembre 1910, elle conserve un décor extérieur principalement concentré sur la façade, le clocher et la corniche de l'abside, tandis que l'intérieur privilégie la lisibilité architecturale et quelques ensembles sculptés remarquables.