Origine et histoire de l'Église Notre-Dame de Croaz Batz
L'église Notre-Dame-de-Croaz-Batz, située à Roscoff dans le Finistère, se dresse au sein d'un enclos paroissial et appartient au patrimoine religieux du Léon. Sa construction en granite, de style gothique et renaissant, a été engagée au XVIe siècle et s'est poursuivie entre 1515 et 1549, la nef ayant été édifiée entre 1515 et 1545. À l'origine, l'édifice se terminait à l'est par un chœur à chevet plat ; le chœur actuel et l'ossuaire datent du début du XVIIe siècle, autour de 1609. La charpente a été lambrissée en 1610, les lambris ayant été posés entre le 6 juin 1610 et le 20 juin 1611. La sacristie et l'enclos sont datés de 1639.
Le porche ouest à étage, pourvu d'une chambre forte, remonte à la fin du XVe siècle ; le clocher, d'inspiration renaissante et ajouré, date de la fin du XVIe siècle (les sources évoquent 1576 et 1585) et s'inspire de la chapelle Notre‑Dame‑de‑Berven, avec balustrades, dômes et lanternes. Le porche sud a été remplacé en 1634 par une chapelle dédiée à saint Joseph, tandis que la chapelle nord a été ajoutée en 1701. D'importants travaux de réaménagement intérieur ont été conduits en 1777.
L'enclos paroissial comprend l'église, deux chapelles ossuaires — l'une gothique, l'autre dans le style Henri II — et le monument funéraire de Dorothée Silburne, qui accueillit à Londres Mgr de la Marche, dernier évêque de Léon, émigré en 1790. Trois navires sculptés dans les murs rappellent le rôle des armateurs et commerçants qui financèrent la construction. L'édifice, les deux ossuaires et l'enclos ont fait l'objet de classements au titre des monuments historiques par arrêtés des 12 juillet 1886, 22 octobre 1913 et 23 janvier 1934.
L'intérieur présente plusieurs retables, notamment du Rosaire, des Agonisants, de saint Pierre et de sainte Geneviève, ainsi qu'un tableau de Notre-Dame de Guadeloupe installé devant un autel en cuir de Cordoue, témoignant de liens avec la Nouvelle-Espagne. La chapelle d'albâtre dédiée à saint Joseph, construite en 1634 à la place du porche sud, est particulièrement remarquable : elle abrite sept bas-reliefs d'albâtre du XVe siècle provenant de Nottingham, rapportés lors des échanges entre les deux rives de la Manche. Les fonts baptismaux ont été fondus en 1690 par un atelier de Landivisiau avec un étain provenant de Cornouailles.
Les orgues ont connu plusieurs renouvellements : des instruments datés de 1606 furent déposés en 1649 et remplacés par des orgues inaugurées le 7 août 1650 par le facteur anglais Thomas Harrison de l'atelier Dallam ; les orgues actuelles, fournies par Claus à Rennes, ont été reçues le 4 février 1888, électrifiées en 1926 par la maison Gloton de Nantes et complétées par trois jeux livrés le 15 décembre 1929.
L'édifice conserve une sonnerie de cinq cloches au total, dont quatre cloches de volée fondues en 1939 par PACCARD (Annecy‑le‑Vieux) — Marie‑Eugénie (1 050 kg, mi3), Jeanne (la3), Sainte Barbe (si3) et Sébastienne (do#4) — et une cloche supplémentaire installée dans un petit clocheton, actuellement hors service.
Des visites guidées de l'église sont proposées en juillet et août par l'association Sauvegarde du Patrimoine Religieux en Vie.
