Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre‑Dame de Dijon, chef-d'œuvre de l'architecture gothique du XIIIe siècle, s'élève place Notre‑Dame, face à la rue Musette et près du Palais des ducs et des États de Bourgogne ; elle se trouve au cœur du secteur sauvegardé inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Classée au titre des monuments historiques depuis la liste de 1840, l'édifice actuel a été construit aux alentours des années 1220‑1250. À l'origine se dressait sur ce site une chapelle Sainte‑Marie, devenue paroisse intra‑muros en 1137, puis reconstruite en style roman vers 1150 ; elle prit une place importante dans la vie municipale dijonnaise dès l'octroi du statut communal. Les Dijonnais élevèrent à partir des années 1220 l'église gothique que l'on connaît, l'architecte restant inconnu ; pour gagner de la surface au sol dans un quartier dense, tout le poids de la charpente et de la toiture repose sur les piliers et non sur des arcs-boutants. Admirée dès le XVIIIe siècle, l'édifice a fait l'objet d'une restauration menée de 1865 à 1884 par Émile Boeswillwald, Eugène Millet et Charles Laisné, qui supprimèrent les constructions adventices, rétablirent la tour-lanterne et refirent les sculptures abîmées ; la flèche fut ensuite restaurée en 1969‑1970. La chapelle de l'Assomption, construite de 1877 à 1882 par Édouard Mairet en style néo‑gothique pour servir d'annexe et accueillir le culte pendant les travaux, conserve l'ancien autel majeur de 1684 et le tableau de l'Assomption de 1694 par Jean Dubois, venus du chœur après la « débaroquisation » de l'église ; quatre baies hautes de cette chapelle abritent des vitraux du XVIe siècle provenant de la Sainte‑Chapelle de Dijon. La sacristie, réalisée en 1845 par Pierre Paul Petit en néo‑gothique à partir d'éléments du XVe siècle, s'appuie contre l'emplacement d'une ancienne sacristie détruite en 1867 ; la chapelle, la sacristie et la galerie qui les relie à l'église sont inscrites au titre des monuments historiques depuis le 5 juillet 2002.
L'édifice mesure au total 65 mètres de longueur ; la façade occidentale fait 19,5 mètres de large et 28,6 mètres de haut, tandis que la tour-lanterne s'élève à 83,6 mètres ; l'intérieur présente une longueur utile de 46,7 mètres, une largeur intérieure de 17,2 mètres, une largeur à la croisée du transept de 27,3 mètres, une hauteur sous voûte de la nef et du chœur de 18,5 mètres et de 8,7 mètres pour les bas-côtés. Le plan est une croix latine orientée : un porche précède la nef, surmonté d'une vaste tribune ; le vaisseau central, flanqué de collatéraux, présente trois niveaux — grandes arcades soutenues par des piles cylindriques, triforium et fenêtres hautes — le triforium formant une galerie de circulation devant les fenêtres hautes. Le transept, marqué, présente des pignons avec lancettes et roses, et la croisée s'ouvre sur une tour-lanterne comportant un triforium et huit grandes fenêtres ; le chœur comprend quatre étages, le triforium ayant été percé au XVIIe siècle de sept grands oculi. L'usage de voûtes sexpartites et l'équilibre entre vides et pleins contribuent à donner une impression monumentale à un espace de dimensions modestes.
La façade occidentale, d'une planéité singulière et unique en architecture gothique française, forme un écran masquant l'organisation intérieure ; elle s'ouvre par trois grandes arcades formant un porche aux voûtes soutenues par deux rangs de piliers, et se surmonte de deux galeries d'arcatures superposées reposant sur dix‑sept colonnettes chacune, soulignées par des bandeaux ornés de fausses gargouilles et de métopes ; les voussures et sculptures du porche ont été détruites en janvier 1794. Sur la souche de la tour sud de la façade, un campanile supporte le Jacquemart ; les deux tours prévues n'ont été élevées que partiellement.
Les cinquante et une « gargouilles » de la façade sont des éléments décoratifs et ne servent pas à l'évacuation des eaux, tandis que de véritables gargouilles existent sur les murs gouttereaux et l'abside. Une première série fut retirée vers 1240 après un accident mortel mentionné par le moine Étienne de Bourbon ; les chimères actuelles, représentant humains, animaux et monstres, datent de la restauration de 1880‑1882 et sont l'œuvre de sept sculpteurs parisiens nommés dans les archives.
Le Jacquemart occupe un rôle célèbre : installé sur le campanile, il forme une famille d'automates — Jacquemart et Jacqueline qui frappent les heures sur la grosse cloche, Jacquelinet et Jacquelinette qui marquent les quarts et les demi‑heures —, l'automate et la grosse cloche provenant de Courtrai après le pillage par les armées de Philippe le Hardi en 1382 et placés à Dijon en 1383 ; d'autres automates furent ajoutés aux XVIIe et XVIIIe siècles et en 1884.
Les vitraux de Notre‑Dame comptent parmi les plus anciens : cinq lancettes du bras nord du transept, datées d'environ 1235, subsistent et racontent la vie des apôtres Pierre et André ; à partir de 1874 le verrier Édouard Didron créa un ensemble de cinquante‑huit verrières, dont deux grandes roses de 6 mètres de diamètre aux pignons nord et sud du transept.
Dans l'absidiole sud se trouve la statue en bois dite Notre‑Dame de Bon‑Espoir, attribuée aux XIe ou XIIe siècles et considérée comme l'une des plus anciennes de France ; elle représentait originellement une Vierge assise avec l'Enfant, dont le siège a été supprimé et l'Enfant disparu en 1794, alors que la statue avait déjà perdu ses mains au XVIIIe siècle et conservé un visage presque intact. Longtemps couronnée et habillée, elle fut parfois dissimulée par une polychromie noire appliquée aux XVIe‑XVIIe siècles, couche retirée en 1945 pour révéler la polychromie romane ; la teinte faciale autrefois conservée a été définitivement enlevée en 1963, si bien que la statue n'est plus considérée comme une Vierge noire. Surnommée successivement Notre‑Dame de l'Apport ou de l'Espoir, elle devint Notre‑Dame de Bon‑Espoir et lui sont traditionnellement attribués des miracles liés aux délivrances de Dijon en 1513 et en 1944 ; une tapisserie commémorant ces événements, commandée à Dom Robert et tissée aux Gobelins de 1946 à 1950, est exposée depuis 1950 sous l'orgue.
Un orgue existait sur la tribune dès le XVIe siècle et Jean‑Philippe Rameau y joua de 1709 à 1713 ; après démontage lors des travaux de 1874, un nouvel instrument fut construit en 1893, inauguré en 1895, avec la mécanique et la partie sonore réalisées par le facteur Jean‑Baptiste Ghys et installées dans un buffet néo‑gothique pré‑romantique.
Enfin, la célèbre chouette sculptée sur un contrefort côté nord, haute de 35 cm et très usée par les caresses des visiteurs, est devenue un symbole populaire de Dijon ; gravement endommagée par un vandale en janvier 2001, elle a été réparée à partir d'un moulage réalisé en 1988 et restaurée début 2001 avant d'être inaugurée le 12 mai 2001, puis protégée par vidéosurveillance ; depuis, son image sert de marqueur touristique et d'élément d'identité pour la ville.