Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L'église Notre‑Dame de Doulezon, en Gironde, est un édifice d'origine romane daté primitivement du XIe siècle et classé au titre des monuments historiques (arrêté du 17 décembre 2002). Elle se situe au cœur du village, le cimetière l'entourant et la place principale étant à proximité. L'édifice repose sur un ancien site gallo‑romain dont des vestiges réemployés restent visibles dans l'élévation de la nef. Il se compose d'une nef unique charpentée et d'un vaste chœur voûté en croisée d'ogives, terminé par un chevet en hémicycle précédé d'une travée droite. Un faux transept forme la souche d'un clocher rectangulaire détruit vers 1700 ; le chevet a été rehaussé au XVIe siècle et l'édifice a été agrandi aux XIIe et XIIIe siècles. La façade ouest présente un clocher‑mur et un portail en plein cintre constitué de trois arcades en retrait retombant sur colonnes cylindriques ; l'ébrasement est profond, les voussures restent plates et le tympan ainsi que les tailloirs sont dépourvus d'ornement. L'intérieur de la nef et du chœur est essentiellement aniconique ; la décoration figurée se concentre aux entrées du transept et du chœur. Plusieurs chapiteaux et modillons sculptés, datés des XIIe‑XIIIe siècles, retiennent l'attention par leur répertoire mêlant scènes profanes, épisodes bibliques et traits burlesques ou moralisateurs. Sur le portail nord, un chapiteau montre un homme nu assis lissant sa barbe, encadré par de gros volatiles et un personnage au regard réprobateur, et un autre oppose un soldat tenant la lance à un homme assis tenant une tige à connotation sexuelle. Côté sud du portail, on distingue un décor de feuilles, une représentation érodée de Daniel entouré de quatre lions et un chapiteau bicorporé où deux fauves partagent une tête humaine, leurs queues stylisées à connotation sexuelle constituant un symbole maléfique. Parmi les chapiteaux intérieurs, on trouve un lion solitaire parmi des grappes de fruits, peut‑être lié à la sensualité, et une scène de danse profane associée à deux chiens dansants et à un grand oiseau caladrius qui détourne le regard, signe de condamnation morale. D'autres corbeilles montrent une mêlée de lutteurs illustrant la discorde, des lions hilares bousculant un homme en prière — parodie burlesque de Daniel — avec un geste obscène d'un des lions, et une scène de Salomé dansant devant Hérode tandis que le bourreau présente la tête de Jean‑Baptiste. Un chapiteau dégradé évoque la lamentation d'Adam et Ève et la défense de l'Arbre de vie : on y lit encore Adam voûté, la feuille de figuier et des fruits sphériques sur l'arbre. Les modillons qui soutiennent la corniche du chevet, datés de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, présentent cinq têtes humaines, cinq animaux fantastiques et trois motifs géométriques ; ceux de la façade ouest sont très dégradés. Dans l'ensemble, la sculpture de l'église mêle images bibliques, allégories morales et touches d'humour ou de parodie caractéristiques de l'art roman.