Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-Fougeray
L’église Notre‑Dame‑de‑Fougeray, paroissiale et affectée au culte catholique, se situe à Cormery (Indre‑et‑Loire) et a été classée au titre des monuments historiques en 1912. Sa construction, attribuée aux moines de l’abbaye Saint‑Paul, s’est déroulée au XIIe siècle en deux phases, la documentation mentionnant toutefois un édifice antérieur cité en 1139 et dont l’emplacement est inconnu. L’église, implantée en bordure nord de la route qui longe la vallée de l’Indre à environ 300 mètres de l’enclos abbatial, permettait aux habitants de recevoir des offices sans pénétrer dans l’abbaye ; elle domine la vallée à l’abri des crues et était entourée d’un cimetière au sud et de parcelles de vigne au nord et à l’est. Orientée ouest‑est, elle adopte le plan d’une croix latine : une nef unique sans bas‑côtés, un transept dont chaque bras ouvre sur une absidiole, une croisée surmontée d’un clocher et un chœur terminé par une abside semi‑circulaire. Extérieurement, un grand pignon a englobé une partie du chevet ; la charpente et le clocher ont été repris au XVe siècle et le clocher reste inachevé dans sa partie supérieure. Les murs sont en moellons calcaires et rognons de silex, tandis que les parties autour des baies du chœur et des absidioles sont en grand appareil. La nef, assez rare en Touraine par son voûtement, est couverte d’un berceau brisé traversé par la charpente refaite au XVe siècle ; les murs gouttereaux, non épaulés par des contreforts, atteignent 1,70 m d’épaisseur pour résister aux poussées. Le chœur et les deux transepts sont également voûtés en berceau, l’abside et les absidioles en cul‑de‑four, et la croisée présente une coupole à seize pans dont les arcs principaux reposent sur des pendentifs sphériques. Les ouvertures de la nef paraissent avoir été remaniées à l’intérieur dans la seconde moitié du XIIe siècle ; seul le mur sud comporte six baies en plein cintre (dont une murée) et le mur nord est aveugle. Une tourelle d’escalier, dans l’angle entre la nef et le croisillon nord, donne accès aux combles et au clocher ; un auvent moderne, inspiré d’un porche du XVIe siècle, précède la façade ouest, et une sacristie moderne a été adossée au croisillon sud.
L’intérieur conserve plusieurs éléments notables : des chapiteaux sculptés et des statues de pierre placées dans les arcades supérieures aveugles de l’abside qui semblent antérieures à la construction de l’église et pourraient provenir d’un autre lieu ; ces statues, datées du XIe siècle, sont classées. Des fresques peintes au XIIIe siècle ornaient la nef, mais nombre d’entre elles furent recouvertes de badigeon à la suite d’une opération de refonte des cloches au XVIIIe siècle ; le badigeon a masqué et abîmé ces peintures, dont un fragment représentant une Vierge à l’Enfant a été mis au jour au XXe siècle et la fresque du mur nord fait l’objet d’une protection. Le dallage central réutilise de grandes dalles funéraires formant une croix, et certaines verrières du chœur et des chapelles absidiales proviennent de l’atelier de Julien‑Léopold Lobin (1858‑1859).
Parmi le mobilier et les éléments protégés figurent une cuve baptismale du XIIe siècle, inscrite dans la base Palissy, deux groupes de trois stalles en bois sculpté du XVe siècle provenant de l’abbatiale Saint‑Paul, une banquette en pierre aménagée le long des murs de la nef, et une croix de mission en fer forgé datée de 1823. L’édifice a subi des dommages et des vols : le clocher et les combles furent abattus et incendiés en 1358 par une bande armée, le clocher fut reconstruit au XVe siècle selon un plan différent, des objets classés ont été dérobés en septembre 1976, des travaux de maçonnerie et de toiture ont eu lieu en 1976‑1977, et la foudre a frappé l’église le 22 juin 2008, détériorant la couverture du clocher.