Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-l'Assomption
L'église Notre-Dame-de-l'Assomption se situe à Anzy-le-Duc, en Saône-et-Loire, et est classée au titre des monuments historiques depuis 1851. Elle est une église romane, ancienne église priorale du prieuré d'Anzy-le-Duc, édifiée en deux campagnes entre la fin du XIe et le début du XIIe siècle, ce qui se manifeste dans la différence des maçonneries du chevet et du transept par rapport à la nef. La fondation du monastère remonte à l'époque carolingienne : un noble nommé Lethbald et son épouse Altasie donnèrent leur villa d'« Enziacum » à l'abbaye de Saint-Martin d'Autun en 876, et l'un des premiers prieurs fut le moine Hugues de Poitiers, dont la tombe attira de nombreux pèlerins. Au fil des siècles, des donations et actes de patronage enrichirent l'établissement, parmi lesquels des legs de dîmes, une vigne et des dispositions pour anniversaires liturgiques, et des arrangements de tutelle et d'administration furent pris avec les évêques et l'abbaye de Saint‑Martin. En 1652 un violent orage fit tomber la foudre sur le clocher, provoquant un incendie qui détruisit la charpente et fit fondre plusieurs cloches ; le clocher et le beffroi furent ensuite relevés et une cloche refondue et remise en place en 1653. Monseigneur Roch‑Étienne de Vichy effectua une fondation destinée à perpétuer des messes et un soutien pour le desservant, et l'église devint église paroissiale en 1808. Parmi les religieux connus associés au prieuré figurent Hugues de Poitiers, divers sacristains et prieurs attestés aux XVe et XVIIe siècles, ainsi que Roch‑Étienne de Vichy comme dernier titulaire.
La prieurale est considérée comme l'une des plus belles églises romanes du Brionnais et de la Bourgogne du Sud, en raison de la qualité de son décor sculpté et de l'harmonie de ses proportions ; son élévation à deux étages s'inscrit dans la tradition architecturale bourguignonne, à l'opposé des principes développés à Cluny III. Orientée vers l'est, la construction repose sur un moyen appareil de calcaire blond et présente une nef initialement sous charpente qui fut élevée en deux niveaux et en cinq travées voûtées d'arêtes, un dispositif précoce en Bourgogne et proche du modèle repris à Vézelay. À l'extérieur, les modillons du flanc sud sont pour la plupart figuratifs et témoignent d'une exécution sculpturale de haut niveau, tandis que les bras du transept et la façade principale sont soulignés par des pignons surhaussés.
Le clocher roman, octogonal et élancé, se compose de trois étages d'arcatures lombardes, de baies cintrées géminées séparées par des colonnettes et de bandes lombardes ; il abrite une des plus anciennes cloches du diocèse d'Autun, fondue en 1514 et classée au titre des monuments historiques en 2021. La façade occidentale présente un portail remarquable dont le tympan du XIIe siècle, conservé in situ, figure le Christ en gloire dans une mandorle soutenue par deux anges ; le linteau représente l'Ascension et les voussures restaurées portaient autrefois les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse, tandis que l'un des tympans originaux est conservé au musée du Hiéron à Paray‑le‑Monial. Le portail sud narre, par son tympan et son architrave, des épisodes du salut et du jugement, mêlant Adoration des Mages, Péché originel et scènes infernales ; son style, plus fruste, montre une influence possible de l'atelier de Gislebertus d'Autun tout en s'en distinguant. Le chevet, en échelon, comporte cinq chapelles absidiales comme dans la seconde abbatiale de Cluny.
À l'intérieur, la nef offre un équilibre entre lignes verticales et horizontales : grandes arcades, fenêtres hautes et travées voûtées d'arêtes forment une composition sobre et sereine. Les chapiteaux de la nef, datés du XIe siècle, sont au nombre d'une quarantaine et sculptés de motifs végétaux et animaliers ; on y reconnaît des scènes telles que saint Michel combattant le démon, des combats symboliques entre l'homme et le Mal, et des représentations satiriques de vices ou de ruses humaines, qui s'appliquent aux blocs plutôt que de les modeler entièrement en ronde‑bosse. Le chœur comprend une travée voûtée en cul‑de‑four, des bas-côtés terminés par des absidioles et une abside centrale ; la coupole octogonale sur trompes et les fresques subsistantes témoignent de décors peints.
La crypte, redécouverte lors de fouilles récentes, date du début du XIe siècle et a servi de sépulture à Hugues de Poitiers ; elle communiquait avec l'église par deux escaliers et sa voûte repose sur des piliers, dont certains réemployés proviennent d'une colonne antique. La sépulture d'Hugues fut profanée en 1576, tandis que la crypte conserve des fragments de peintures murales, dont la représentation d'un saint abbé probablement Saint Benoît, étudiés par MM. de Canat et de Surigny.
Plusieurs épisodes contemporains ont marqué la vie de l'édifice : en 2015 un projet de vitraux contemporains soutenu par un mécène local suscita une vive polémique et fut finalement rejeté par l'évêque d'Autun, la presse estimant que le projet heurtait l'architecture romane; un orgue de 16 jeux réalisé par la maison Guerrier de Willer et financé par le comité des fêtes a été installé dans le transept sud en 1991 et inauguré par l'organiste Marie‑Claire Alain; une mosaïque offerte par l'association "M. comme mosaïque" et réalisée sous la direction de Verdiano Marzi a été placée en 2008 près de l'escalier conduisant à la crypte, s'inspirant d'un détail du portail conservé au Hiéron. L'église demeure, neuf siècles après sa construction, un lieu de culte catholique actif relevant de la paroisse Saint‑Hugues‑en‑Brionnais‑Bords‑de‑Loire.