Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-l'Assomption
L’église Notre‑Dame‑de‑l’Assomption de Champagne‑sur‑Oise, église paroissiale catholique située au centre de la commune, est notamment connue pour l’élégance gothique de sa nef, édifiée vers 1230‑1240 sous l’influence des grands chantiers royaux parisiens. La fondation d’une chapellenie par saint Louis en 1239 invite à penser à une intervention royale dans la reprise du chantier après une interruption autour de 1190‑1230. Les grandes arcades de la nef s’inspirent en plusieurs points du rond‑point de l’abside de la basilique Saint‑Denis, tandis que les parties hautes relèvent du meilleur style rayonnant ; les fenêtres hautes évoquent la Sainte‑Chapelle basse ou la cathédrale d’Amiens et leur réunion aux arcatures plaquées simulant un triforium constitue l’originalité de l’édifice. Le transept et le chœur, construits vers 1180‑1190, témoignent d’une architecture de qualité malgré l’exiguïté du chœur, et les deux absidioles plus anciennes conservent un caractère roman soigné. La croisée du transept a été remaniée à la fin du XVe siècle dans un style flamboyant : ses piles reçoivent des frises figurées mêlant motifs végétaux, animaux fantastiques et personnages du quotidien, et la poutre ajourée sous l’arc triomphal, bien que mutilée, reste un élément remarquable du remaniement. Classée monument historique dès la liste de 1862, l’église se trouvait alors dans un état critique ; les restaurations engagées à partir de 1870, nécessaires pour sauver l’édifice, ont cependant été trop radicales sur les parties extérieures et ont altéré son authenticité, tandis que le clocher gothique à deux étages a conservé son élégance et figure parmi les clochers les mieux réussis du département. Implantée dans le Val‑d’Oise, au cœur du parc naturel régional du Vexin français, l’église occupe la limite sud du massif de collines et domine la partie basse du village à l’est et la vallée de l’Oise au sud ; elle est libre de toute construction et entourée de pelouses et du jardin du presbytère, offrant une circulation périphérique. Au nord se trouvent la place du Général‑de‑Gaulle, la mairie, le monument aux morts et un parking ; une courte rue longe le chevet et relie la place à la rue Notre‑Dame, qui passe en contrebas de l’élévation sud et dont la vue d’ensemble est limitée par un important dénivelé et un mur de soutènement. Devant la façade occidentale se dresse un calvaire, ancienne croix de cimetière du XVIe siècle classée en 1931.
La localité est mentionnée dès 635 dans un acte de donation au monastère de Saint‑Denis sous le nom de Campagnia villa ; la construction de l’église actuelle débute vers 1160‑1170 par les chapelles orientées, suivies du transept puis du chœur vers 1180‑1190, puis le chantier marque une interruption d’environ quarante ans. Après le retour du village au domaine royal, les travaux de la nef reprennent vers 1230‑1235 ; les parties hautes et les voûtes datent de circa 1235‑1240 et reflètent l’influence des grands chantiers parisiens ; dès 1245‑1250, les murs latéraux sont percés de grandes fenêtres à remplage rayonnant et le chevet reçoit une grande rosace dont le réseau actuel est une création de la fin du XIXe siècle. À la fin du XVe siècle, les piles de la croisée sont renforcées et la voûte refaite tout en conservant le noyau du XIIIe siècle, et une poutre de pierre est installée sous l’arc occidental ; le porche Renaissance du portail sud date du milieu du XVIe siècle. Dès 1849, l’architecte Daniel Ramée signale l’état alarmant de l’édifice et des travaux urgents sont entrepris puis prolongés par des campagnes de restauration à partir de 1870 et par la suite, incluant l’abaissement des toits des bas‑côtés, la reconstruction des arcs‑boutants, la reprise des murs et voûtes des bas‑côtés, la consolidation des croisillons et la stabilisation du clocher ; à partir de 1887 l’architecte Sainte‑Anne Auguste Louzier prend en charge la restauration du chevet. Sous l’Ancien Régime la paroisse dépendait du diocèse de Beauvais ; après la Révolution elle est rattachée au diocèse de Versailles, puis intégrée au diocèse de Pontoise lors de sa création en 1966 ; la paroisse n’est plus indépendante et est desservie par le curé de Persan, l’église restant la plus vaste du groupement paroissial et accueillant la plupart des messes dominicales anticipées le samedi.
L’édifice présente un plan cruciforme orienté vers le nord‑ouest au niveau de la façade et se compose d’une nef de six travées avec bas‑côtés, d’un transept largement débordant dont le croisillon nord est plus long que le sud, de deux absidioles hémicirculaires prolongeant les croisillons vers l’est, d’un chœur court à chevet plat d’une seule travée, d’un clocher central au‑dessus de la croisée, d’un porche attenant à la cinquième travée du bas‑côté sud et d’une sacristie au sud du croisillon sud ; des tourelles d’escalier subsistent à gauche de la façade et entre le chœur et l’absidiole nord. L’ensemble est voûté d’ogives, y compris le porche ; la nef, les croisillons et le chœur se terminent par des pignons et sont couverts de toits à deux pans, les bas‑côtés par des appentis et le clocher par un toit en pavillon. À l’intérieur la nef, spacieuse malgré une luminosité modérée, joue sur un subtil clair‑obscur grâce à des petites fenêtres hautes associées à colonnettes et moulurations ; la grande rosace occidentale à remplage douze lobes orne la façade et une coursière relie les combles des bas‑côtés. Les voûtes reposent sur des croisées d’ogives simples dont les ogives et doubleaux partagent un même profil et dont les clés sont aujourd’hui dépourvues de décor. Les élévations latérales, raffinées, suggèrent une élévation à trois niveaux mais remplacent le triforium par des arcatures plaquées ; l’assemblage des arcatures aveugles et des fenêtres hautes en un même réseau, formant l’effet d’une vaste verrière, est l’un des traits originaux de la nef, laquelle présente des roses hexalobées inscrites dans des triangles et des fenêtres d’influence amiénoise ou de la Sainte‑Chapelle. Les colonnettes des faisceaux sont en nombre de trois, aux bases ornées de perles et aux chapiteaux sculptés de crochets schématisés formant un bloc unique ; cette disposition rapproche la nef d’autres réalisations régionales comme Royaumont ou Marly‑la‑Ville.
La nef communique avec les bas‑côtés par six grandes arcades en tiers‑point de chaque côté, reposant sur tailloirs octogonaux et piliers cylindriques appareillés ; ces éléments conservent des caractères du gothique primitif et les fenêtres latérales sont de simples lancettes sans remplage. Les bases et certains tailloirs, semblables à ceux du rond‑point de Saint‑Denis, indiquent une datation avancée du XIIIe siècle ; les chapiteaux, peu ouvragés, portent des motifs végétaux comme l’arum et la vigne et sont authentiques. Les premières et dernières grandes arcades présentent des dispositions particulières et l’extrémité orientale des bas‑côtés a été remaniée lors de la réfection des piles de la croisée, avec l’adjonction de frises flamboyantes figurées visibles depuis la nef ; l’une des clés de voûte du bas‑côté nord, transformé en chapelle baptismale, représente le Christ reçu dans le Jourdain. La croisée du transept, plus basse que la nef, a conservé des noyaux gothiques remaniés pour obtenir des piles ondulées de mode flamboyante ; la voûte, percée pour la remontée des cloches, s’organise autour de huit nervures prismatiques et présente des clés sculptées aux motifs variés. Les piles remaniées portent des frises historiées montrant animaux, dragons, petits nus et végétaux ; l’arc triomphal est orné d’une poutre de pierre ajourée dont les statues ont été bûchées à la Révolution mais dont subsistent les socles.
Le chœur liturgique se trouve aujourd’hui dans la croisée où est installé le maître‑autel, le chœur primitif conservant la voûte, ses supports et les soubassements des fenêtres qui ont été transformés en murs‑bahut lors de l’ouverture des grandes verrières rayonnantes ; des faisceaux de colonnettes aux chapiteaux à crochets et un répertoire sculptural plus varié — trèfle, renoncule, chélidoine, figuier, lierre — enrichissent les parois et le remplage latéral combine lancettes trilobées et oculus dans un réseau réticulé ; une piscine liturgique existe dans le mur sud et la rosace actuelle du XIXe siècle présente un réseau de trèfles. Les croisillons conservent une atmosphère sombre et relativement austère, avec une unique fenêtre étroite par bras destinée à préserver la solidité des murs contrebutant le clocher, et le principal intérêt réside dans les absidioles romanes, possiblement héritées d’une construction antérieure, où les pleins cintres et la subdivision hémicyclique en segments révèlent une architecture soignée mêlant acanthe romane et nénuphar gothique.
À l’extérieur, hormis les parties trop restaurées, le clocher demeure l’élément le plus remarquable : bâti en deux étages, le premier conserve des traits romans de la région tandis que le second, plus élancé, multiplie les colonnettes et s’orne de rosaces en bas‑relief et de têtes sculptées ; la corniche et les modillons présentent des masques et têtes grimaçantes et le toit en pavillon est d’origine moderne. Le porche Renaissance, malgré des réparations, reste le second point d’intérêt extérieur : voûté d’ogives décoratives, il s’ouvre par une arcade méridionale cantonnée de pilastres et abrite des niches à statuaire dont le décor a été en partie mutilé à la Révolution ; la niche centrale contient une Vierge à l’Enfant en pierre datée du XIIIe ou du XIVe siècle. La façade occidentale fait apparaître la lecture intérieure en trois vaisseaux, rythmée par une tourelle d’escalier octogonale et un contrefort vertical ; la grande rosace et la décoration de la baie occidentale mobilisent des motifs hérités du vocabulaire roman local.
Le mobilier comporte plusieurs pièces classées : la Vierge à l’Enfant en pierre du trumeau du portail sud, les fonts baptismaux du XVIe siècle sculptés d’écailles et de fleurs de lys, le maître‑autel et son retable monumental du XVIIe siècle, une Vierge à l’Enfant en bois peint du début du XVIIIe siècle, une console en bois et marbre de style Louis‑XVI de la seconde moitié du XVIIIe siècle, et une plaque d’argent gravée du baiser de paix du XVIe siècle, retrouvée lors d’une restauration en 1891 et classée la même année bien qu’elle ne soit plus conservée dans l’église.