Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-l'Assomption
La bastide de Grenade est liée à l'abbaye de Grandselve, qui intervient dans la fondation et la construction de l’église Notre‑Dame de l’Assomption. Un missel de l'abbaye fixe le début des travaux au 15 octobre 1290, mais des érudits s’opposent sur la chronologie : Dany Couger‑Rullier estime une datation plus tardive, tandis que M. Rumeau considère l'édifice antérieur à 1296 en s'appuyant sur une lettre patente évoquant des réparations. Des actes notariés indiquent que l'abbé de Grandselve prit possession de l'église au début du XVe siècle et que les chapelles nord commencèrent à être édifiées dès 1334 ; un texte de 1395 mentionne déjà huit chapelles latérales. Le clocher, postérieur à l'église, est construit entre le XVe siècle et le milieu du même siècle selon des actes de donations ; la chapelle du Purgatoire a été commandée en 1454.
L'édifice est construit en briques et voûté sur croisées d'ogives ; les chapelles s'ouvrent entre les contreforts et les murs sont percés de hautes fenêtres à meneau central et remplages flamboyants. Le chevet, à l'origine pourvu d'ouvertures, a été obturé en 1635 lors de la pose d'un retable sur le mur oriental. Le clocher se présente comme une tour octogonale de type toulousain à trois étages, percés d'arcatures géminées en mitre et en tiers‑point, et coiffée d'une flèche entourée de pinacles. Le portail monumental, inachevé jusqu'au XIXe siècle, a fait l'objet de travaux d'embellissement dans les années 1870.
L'édifice a subi de multiples réparations en raison de faiblesses de voûtement : des effondrements importants sont attestés après des intempéries à la fin du XVIIe siècle et de nouveau au début du XVIIIe siècle, entraînant la chute de voûtes, d'une colonne sud et de la toiture. Des chapelles et annexes se sont effondrées ou ont été détruites aux XVIIe et XVIIIe siècles, et les registres consulaires du XVIIIe siècle signalent des travaux réguliers de réfection des toitures. Pendant la Révolution, un arrêté municipal de décembre 1793 ordonne la destruction d'ornements et de cloches, ainsi que la démolition de certaines annexes et de la chapelle Saint‑Bernard.
Au XIXe siècle, des campagnes de restauration intérieure visent à assainir et à décorer l'édifice ; un peintre décorateur intervient pour piquer et enduire murs, voûtes et colonnes. L'orgue originel provenant de l'abbaye de Grandselve fut perdu lors d'un effondrement, et l'orgue actuel date de 1857, œuvre d'Aristide Cavaillé‑Coll, avec un positif de dos installé en 1867 par Jules Magen ; le buffet est de style néo‑gothique.
La nef compte trois vaisseaux séparés par deux files de sept colonnes et couvre huit travées ; onze chapelles sont disposées entre les contreforts. Le mobilier et les décorations intérieures comprennent une chaire baroque en faux‑marbre inscrite dans la base Palissy, des lustres en bois doré du XVIIIe siècle, une piéta en bois polychrome attribuée à l'atelier de François Lucas et plusieurs toiles provenant de l'abbaye de Grandselve, dont plusieurs œuvres classées aux monuments historiques. Le chœur à chevet plat abrite un grand retable dont plusieurs éléments sont protégés ; la statue centrale de l'Assomption est encadrée de statues de saint Sébastien et de saint Roch, œuvres de Marc Arcis, elles‑mêmes classées.
Une autorisation préfectorale en 1878 a permis de compléter le portail en vue d'une inscription, et l'église est finalement classée au titre des monuments historiques le 10 août 1951.