Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-l'Assomption
L’église Notre‑Dame de l’Assomption, à Marsat (Puy‑de‑Dôme), est l’ancienne église du prieuré bénédictin et est inscrite au titre des monuments historiques le 19 février 1971. Grégoire de Tours mentionne déjà une église à Marsat entre 537 et 590. Au VIIe siècle, l’évêque Saint‑Priest y fonda un monastère de femmes qui, en 1165, adopta la règle de saint Benoît et se plaça sous l’obédience de l’abbaye de Mozat. La relique principale du trésor était la ceinture de la Vierge, dont l’existence a été constatée en 1698 par l’évêque de Clermont. L’édifice se présente comme deux bâtiments accolés : la partie romane, aujourd’hui collatéral nord, dont la construction remonterait au Xe siècle, et le vaisseau principal, devenu la nef, qui date du XIIIe siècle et est couvert de voûtes plus récentes; le clocher octogonal est daté des XVIIIe ou XIXe siècles. Une description ancienne note deux nefs accolées réunies par des arcs percés postérieurement, la nef nord romane avec voûte en berceau et un chœur du XVIe siècle, la nef sud de style gothique avec voûte sur croisées d’ogives du XVe siècle et un chœur du XIVe siècle; transept et cœurs appartiennent à différentes époques. La nef nord, placée sous le vocable de Notre‑Dame de l’Assomption, comprend au chevet une chapelle de la Vierge carrée, du XVIe siècle, voûtée en plein cintre et divisée par un arc‑doubleau soutenu par un atlante; elle abrite la Vierge noire en majesté, vénérée depuis l’époque de Grégoire de Tours selon plusieurs témoignages. Une vitrine de cette chapelle conserve une croix reliquaire aux armes de Talleyrand contenant une épine de la couronne du Christ, deux chandeliers de 1641 en vermeil et cristal de roche, une couronne en or ornée de 198 pierres précieuses et un diadème en or orné de 62 pierres pour l’Enfant, offerts lors du couronnement de la Vierge en 1939, ainsi qu’un calice, un ostensoir et une patène inscrits au titre d’objets aux Monuments historiques, une statue en bois doré et une pietà. La chapelle du Rosaire, également carrée, est voûtée sur croisées d’ogives supportées par de petits fûts cylindriques posés sur des culs‑de‑lampe sculptés. Le portail de la face sud, placé après la construction de la nef sud en remplacement de l’entrée ouest, associe plusieurs pierres — rouleaux en granit, fûts en domite très friable, chapiteaux en arkose et abaques en trachy‑andésite ou pierre de Volvic — et a vraisemblablement été démonté à plusieurs reprises aux XIVe et XVIe siècles, ce que confirmerait le recul du linteau et l’absence de tympan. Six chapiteaux romans qui soutiennent les colonnes de la voûte du portail représentent des motifs de feuillage, de feuillage accompagné d’animaux comme des oiseaux ou des singes, et des scènes historiées parmi lesquelles la Résurrection, figurée par un personnage nimbé sortant du tombeau, et le Christ en majesté entouré d’anges. Le maître‑autel, classé monument historique, est daté du milieu du règne de Louis XIV ; il est complet, comprend deux tabernacles et quatre chandeliers, et présente les symboles des évangélistes — le lion pour saint Marc, le taureau pour saint Luc, l’aigle pour saint Jean et l’enfant pour saint Matthieu — surmontés de la Sainte Gloire et, au‑dessus, du Christ de la Résurrection sur un globe. Le cloître, qui remonte à l’origine à la fondation attribuée au comte de Saint Genes, formait un quadrilatère voûté d’arêtes avec des baies géminées à arcs en plein cintre et des colonnettes doubles aux chapiteaux à crochets; des travaux furent entrepris vers 1550 sous l’impulsion de l’évêque Guillaume Duprat et du prieur de Mozac, et la porte d’entrée de l’église fut alors déplacée côté sud. Pillé et abandonné après la Révolution, le cloître fut partiellement dépouillé en 1925, mais des habitants sauvèrent quelques éléments; des études menées à partir de 1992 ont permis une restauration partielle fondée sur les bases visibles existantes plutôt que sur des plans d’époque. Le monastère, déjà établi au VIIIe siècle, fut successivement possédé et restitué aux chanoines de Saint‑Martin de Tours par divers souverains; en 1095 le pape Urbain II maintint Mozac et le prieuré sous l’obédience de Cluny, et la dépendance de Marsat à Mozac figure dans la bulle du pape Alexandre III en 1165. Un oratoire, édifié sur les roches volcaniques de Marsat, servait à protéger les reliques de la Vierge et une épine de la Sainte Couronne; l’évêque Saint‑Priest confia la garde de ces reliques à une jeune noble, Gondelana, et les religieuses se conformaient à la règle de saint Césaire, alliant travail manuel et étude des Évangiles. Saint Calmin et sainte Namadie, fondateurs de l’abbaye de Mozac, se retirèrent au couvent de Marsat et y accueillirent des filles de haute naissance, parmi lesquelles Anne de Benaud, Sibylle de Joniac, Guillerme de la Plastrière, Françoise de la Fayette, Chauvigny de Blot, Charlotte de Talleyrand de Chalais et Flamine de Brion; le couvent put compter jusqu’à soixante religieuses. La prieure Gabrielle Dufour de Villerose fut la dernière à vivre au couvent de 1732 à 1776; en 1794 sœur Gilberte de Barbecot procéda à la liquidation des biens, puis le 1er germinal an II le conseil général ordonna la destruction des statues et représentations religieuses et le domaine fut morcelé et vendu en 39 parcelles, laissant aujourd’hui peu de vestiges du monastère. Une tradition locale, liée à la vénération de Notre‑Dame de Marsat, institua dès le XIIIe siècle une confrérie pour honorer la Vierge et organiser l’offrande annuelle de la « roue de cire » : les marguilliers transformaient une quantité de cire en un fil enroulé autour d’une roue, puis la procession de Riom conduisait cette roue jusqu’à Marsat selon un rite solennel régi par les confréries de la Chandelle et de Saint‑Amable; la corde de cire utilisée pour cette offrande mesure aujourd’hui 250 mètres.