Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-l'Assomption
L'église Notre-Dame-de-l'Assomption de Montgeard, paroissiale du village de Montgeard (Haute-Garonne) et intégrée à l'ensemble paroissial de Villefranche-de-Lauragais, a été construite principalement au XVIe siècle et classée monument historique par arrêté du 25 avril 1980. L'édifice, élevé au début du XVIe siècle et achevé par une abside à trois pans, a bénéficié des dons des familles de marchands pasteliers locales, notamment les Durand, les Caussidières, les Ganac et les Faget. Il appartient à la typologie des « églises du pastel » et illustre la prospérité du Lauragais à la Renaissance. Des documents anciens témoignent d'un lieu de culte antérieur sur le même site, mentionné dès 1218 sous le nom de « Notre-Dame-des-Cabanes », rattaché au prieuré de Montgeard par un acte papal de 1318 et évoqué par plusieurs actes et inscriptions du début du XVIe siècle. Le chantier modernisé commence en 1522 sous la conduite de maîtres-maçons successifs, dont Pierre Gabriac puis Jean d'Escalquens, et progresse par étapes marquées par des contrats et des libéralités locales. La nef, d'abord limitée à trois travées et achevée en grande partie en 1528, est ensuite prolongée, tandis que l'imposant clocher-porche occidental, largement financé par les Durand, demeure inachevé et tronqué. L'édifice suit le style gothique méridional : une nef unique de quatre travées flanquée de chapelles à plan barlong entre les contreforts et une abside pentagonale, avec un extérieur sobre et peu ouvert contrastant avec une riche décoration intérieure. Le clocher, massif et carré, est renforcé par des contreforts arrondis et devait recevoir un couronnement qui n'a jamais été réalisé ; un escalier en vis logé dans une tourelle hexagonale sur la face sud dessert ses étages et sa terrasse. Une corniche de consoles reliées par petits arcs en plein cintre forme des mâchicoulis fermés, jadis surmontés de créneaux aujourd'hui disparus ou rétablis au début du XXe siècle, les mâchicoulis étant factices. Le porche, qui occupe le rez-de-chaussée du clocher, est voûté en briques en plein cintre et orné de clés et de culots sculptés en calcaire blond ; la clé centrale associe figures et un saint Jacques, probablement en référence à Jacques Durand, et les culots portent lions, génies, blasons et têtes d'indiens. Deux plaques encastrées dans les murs du porche commémorent en langue d'oc et en français les donations d'Arnaud du Faget et de Jacques Durand, cette dernière posée en 1546. Au sommet du clocher, des gargouilles occupent chaque angle : trois reprennent des animaux stylisés et la quatrième, dite « faunesse parturiente », représente une figure hybride tenant un vase et un enfant. L'intérieur présente une nef voûtée sur croisées d'ogives à liernes et tiercerons retombant sur pilastres et chapiteaux sculptés, la voûte culminant à environ 12,60 m. Les clés de voûte, jugées parmi les meilleures expressions de la sculpture toulousaine du premier tiers du XVIe siècle, figurent successivement les armes de Montgeard, des épisodes liés à Abraham et au Christ, la clé du chœur étant peinte au XIXe siècle et représentant la Vierge. Les chapelles latérales conservent des clés historiées remarquables : la chapelle Saint-Michel montre un archange combattant un dragon, la chapelle Saint-Eutrope présente un évêque d'Orange et la chapelle Saint-Antoine porte une clé flamboyante ornée de saint Antoine ermite accompagné de son cochon. Le mobilier compte un bénitier de marbre blanc importé de Pise en 1516, portant une inscription, ainsi que plusieurs reliefs d'albâtre dits « de Nottingham », fragments d'un retable ancien désormais dispersé. Ces fragments d'albâtre, datés des années 1420-1460, semblent avoir appartenu à un retable consacré à la Vie ou aux Joies de la Vierge et ont été partiellement remployés ou scellés dans les murs lors des réaménagements. La chapelle Saint-Prim et Saint-Clair conserve un retable sculpté en pierre et stuc de facture maniériste, à deux registres, dont les figures en ronde-bosse témoignent de la production toulousaine de la fin du XVIe siècle. Le chœur a été remeublé au début du XVIIIe siècle par des boiseries peintes encadrant des toiles dédiées à la Vie de la Vierge, puis la voûte du chœur et celle de la nef ont été reprises et peintes au milieu du XIXe siècle dans un décor « néo-Renaissance » inspiré de la cathédrale d'Albi, d'où le surnom de « Petit Albi ». L'architecture de l'église est restée en grande partie fidèle au XVIe siècle, malgré des transformations décoratives aux XVIIIe et XIXe siècles, et l'édifice abrite les caveaux et épitaphes des principales familles donatrices, certaines rédigées en langue d'oc.