Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-l'Assomption
L'église Notre-Dame de l'Assomption de Villeneuve-sur-Yonne, dans l'Yonne, est dédiée à l'Assomption de la Vierge et dépend de la paroisse Sainte-Alpais de l'archidiocèse de Sens-Auxerre. La fête paroissiale a lieu le 15 août et se conclut par des feux d'artifice. L'édifice, qui relève à la fois de l'école champenoise et de l'école bourguignonne, vit sa première pierre posée en 1163 par le pape Alexandre III, la même année que celle de Notre-Dame de Paris. Le clocher, commencé au XIIIe siècle et achevé dans le style gothique flamboyant après 1546, s'élève à 47 mètres. Le portail, réalisé en 1575 d'après un dessin de Jean Cherreau, provient d'un parchemin offert à la ville par le baron de Chateaubourg. L'église a été classée au titre des monuments historiques en 1862.
Avant la Révolution, le clocher abritait sept cloches correspondant aux sept notes de la gamme ; trois furent requises pour la défense nationale et envoyées à Paris pour être fondues. Parmi les cloches restantes, la grosse cloche en bronze de 1 850 kilos et 7 centimètres d'épaisseur donnait le do naturel ; fabriquée en 1766, elle fut fêlée et refondue sous la halle en 1821 pour le baptême du duc de Bordeaux. La seconde, de 1,30 m de diamètre, donnait le ré, pesait 1 250 kilos et fut bénite en 1691 ; la troisième, dite Chiméry, datait de 1504 et pesait 200 kilos, tandis qu'un ancien tocsin ajouté pesait 150 kilos et donnait le ré. Après la Libération, Chiméry et l'ancien tocsin furent refondus avec ajout de métal pour créer une cloche donnant le sol, bénite en 1946 en présence de l'archevêque Monseigneur Lamy, du curé Vabois, du maire Condemine ainsi que du député et du sous-préfet de Sens.
L'intérieur se compose de trois nefs réparties en douze travées. L'église abrite plusieurs objets classés appartenant à la commune, notamment une chaire à prêcher en chêne sculpté du XVIe siècle provenant du prieuré de l'Enfourchure, une dalle funéraire du XVIe siècle à décor compagnonnique en pierre gravée, et un aigle-lutrin en bois polychrome de la seconde moitié du XVIIe siècle, classés aux Monuments historiques en 1992 et 1995.
Les chapelles se succèdent le long de la nef et dans l'abside : la première à droite, consacrée à Notre-Dame-des-Vertus, contient une statue de la Vierge à l'oiseau en pierre blanche du XIVe siècle provenant de l'ancienne porte Notre-Dame et un grand vitrail Renaissance illustrant la vie de la Vierge. La chapelle suivante est dédiée à saint Nicolas, patron des mariniers, et sa verrière du XVIe siècle décrit la vie du saint. Dans l'abside, la troisième chapelle est consacrée à saint Joseph et renferme une petite statue de saint Vincent, patron des vignerons, tandis que la quatrième, axiale, est la chapelle de la Sainte Vierge et présente des reliquaires. La chapelle du Sacré-Cœur, également dans l'abside, conserve le tableau du bon Samaritain offert par madame de Chateaubriand et une verrière représentant l'Arbre de Jessé ; ces trois chapelles absidiales de style gothique (XIIIe siècle) sont reliées par des ouvertures en anse de panier, particularité rare. La chapelle Saint-Louis contient une statue du Christ aux liens et un tableau du XVIIIe siècle représentant Saint Louis recevant la sainte Couronne d'épines. La chapelle suivante abrite les fonts baptismaux et un bas-relief intitulé Le Repos en Égypte (1889) d'Émile Peynot. La chapelle du Saint-Sépulcre présente un groupe sculpté de la Mise au tombeau composé de six personnages en pierre du XVIe siècle et d'un Christ en bois de tilleul du XIVe siècle ; ce groupe, provenant du monastère des Prémontrés de Dilo (Arces-Dilo), est classé aux Monuments historiques en 1992. La chapelle Notre-Dame-de-Lourdes contient au-dessus de l'autel une Vierge polychrome en pierre du XVIe siècle, et la dernière chapelle est dédiée à saint Roch avec une statue et un vitrail en médaillon.
Les vitraux comptent vingt verrières des XIIIe, XIVe et XVIe siècles, classées aux Monuments historiques en 1992. Le vitrail de la chapelle Saint-Nicolas illustre la vie du saint, avec en bas à droite la Pêche miraculeuse, et le vitrail de la Crucifixion, donné en 1529 par le prévôt Claude Dindelle qui s'y représente avec sa femme, a vu son panneau central remplacé par une Pietà de la Renaissance encadrée par la Vierge et saint Jean, tandis que Dieu le Père apparaît entouré des symboles des évangélistes. Les verrières du Jugement dernier, à la cinquième travée, sont attribuées à Jean Cousin le Jeune et présentent des détails proches de ceux des vitraux de l'église Saint-Pierre de Saint-Julien-du-Sault, en particulier la légende de saint Julien. Le grand vitrail Renaissance de la chapelle Notre-Dame-des-Vertus montre la Nativité de la Vierge, la Mort de la Vierge et l'Assomption et comporte le rare détail d'un homme portant des lunettes lisant devant le lit de la Vierge.
Le petit orgue de chœur à tuyaux a été construit en 1898 par Narcisse Duputel de Rouen, et la paroisse disposait déjà d'un orgue en 1622 avec des réparations alors confiées à Jean Duval ; divers organistes sont mentionnés aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les grandes orgues actuelles à trois claviers furent commandées en 1737 à Marcellin Tribuot pour 5 100 livres, livrées en août 1739, avec comme premier organiste Jean-Baptiste Duvergier ; cet instrument est classé aux Monuments historiques en 1997.
Parmi les peintures se distinguent Saint Louis recevant la sainte Couronne d'épines, toile de De Beauvais (1769) classée en 1992, une copie du Christ en croix d'après Rubens par Baume, et sous les grandes orgues La Madeleine de Pierre-Jacques Cazes (XVIIIe siècle), don du prince François-Xavier de Saxe et classée en 1992. On y trouve également une Annonciation copie du XVIIIe siècle d'un tableau de Le Sueur, L'Adoration des bergers de François-Guillaume Ménageot (fin XVIIIe siècle) classée en 1992 et provenant de l'ancienne église Saint-Jean-Baptiste de Neuilly-sur-Seine, ainsi qu'une Vierge à l'Enfant, peinture sur bois du XVIe siècle, classée en 1992.
Pour financer des restaurations, la ville organisa le 22 mars 1861 une loterie d'un capital de 100 000 F dont le prix représentait 250 tonnes de pain évaluées, selon la conversion mentionnée, à 675 000 € en 2012 au kilogramme de pain à 2,70 €. Des opérations de collecte et des travaux ont perduré aux XXe et XXIe siècles : un match de gala le 7 avril 2011 pour la restauration, puis des travaux d'urgence engagés en 2012 pour 2,4 millions d'euros sur trois ans visant à refaire la charpente et la couverture en tuiles, financés à hauteur de 40 % par la Direction générale des affaires culturelles, 20 % par le conseil général et par la commune ; en 2016 une nouvelle croix en pierre de Saint-Maximin fut posée au faîte du pignon ouest, remplaçant celle de 1597 ôtée à la Révolution.