Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-l'Assomption
L'église Notre‑Dame‑de‑l'Assomption, située au Vigan dans le département du Lot, remplace l'ancienne église Saint‑Gall. La première mention du Vigan remonte à la visite de l'évêque de Cahors Gausbert entre 898 et 902 ; à cette époque existait un petit monastère dédié à la Vierge où étaient conservées les reliques de sainte Charité. En 1077 (plutôt qu'entre 1083 et 1085), l'évêque Géraud de Gourdon transforma le monastère en couvent de chanoines réguliers et le donna aux chanoines de la basilique Saint‑Sernin de Toulouse ; ce nouveau statut fut confirmé par le pape Pascal II en 1107. On y honorait les reliques de Foi, d'Espérance, de Charité et de leur mère sainte Sophie. L'église, alors en mauvais état, fut rebâtie dans le dernier quart du XIe siècle : des chapiteaux découverts lors de fouilles en 1953 ont été datés autour de 1100. Pendant tout le XIIe siècle, Le Vigan enrichit ses possessions et l'église demeura propriété des chanoines de Saint‑Sernin jusqu'au milieu du siècle, puis passa sous la protection de l'archevêque de Bourges, qui confirma les biens du couvent lors d'une visite en 1143. Des actes ultérieurs montrent l'extension des dépendances et la prise de contrôle de diverses églises par le chapitre. Les visites de l'archevêque Simon de Beaulieu en 1285 et 1290 révèlent que le prieuré, bien que régulier, n'avait ni réfectoire ni dortoir commun et que la construction de l'église, entreprise sur de grands moyens, risquait de ne pas être achevée sans aides et indulgences accordées pour en favoriser l'achèvement. Le chevet présente un style qui invite à le situer vers les années 1250‑1270 ; la façade occidentale, par comparaison avec le massif occidental de la cathédrale de Cahors et selon les analyses chronologiques citées, pourrait dater de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle. L'édifice a été bâti d'est en ouest en trois phases : la partie orientale comporte trois absides échelonnées reliées par de larges arcs, avec une abside centrale plus élevée et des chapelles latérales ; la nef, plus large que l'abside centrale mais moins que l'ensemble oriental, est désaxée de six degrés et sa jonction avec les absides se fait par un polygone formé des cinq pans d'un octogone ; enfin la première travée de la nef et la façade occidentale relèvent d'un parti architectural différent, avec un renforcement des arcs doubleaux et des murs plus massifs, laissant supposer la prévision d'une tour au‑dessus de cette travée. En 1309, l'évêque de Cahors Raymond de Pauchel s'empara du couvent, le transforma en abbaye et institua l'évêque de Cahors et ses successeurs comme abbés, ce qui provoqua son excommunication en 1312 ; malgré cela, le Vigan conserva ce nouveau statut et l'abbaye connut au début du XIVe siècle une grande prospérité. La guerre de Cent Ans provoqua ensuite le déclin de la communauté ; en 1562, pendant les guerres de religion, l'abbaye fut dévastée et les reliques de sainte Sophie et de ses filles auraient disparu. La collégiale fut supprimée en 1793 et les bâtiments conventuels vendus comme biens nationaux pour 3 000 francs, tandis que l'église devenait paroissiale. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques le 18 octobre 1893.