Origine et histoire de l'Église Notre-Dame de l'Espinasse
L'église Notre-Dame de l'Espinasse se situe au centre-ville de Millau (Aveyron, Occitanie) et bénéficie d'une protection au titre des monuments historiques. En 1070, Béranger II, vicomte de Millau et de Gévaudan, donna l'église et un terrain aux bénédictins de l'abbaye Saint-Victor de Marseille, qui y implantèrent un prieuré. L'édifice fut consacré par le pape Urbain II après son prêche pour la première croisade. Au XIIIe siècle, il portait le nom de Notre-Dame de l'Espinasse en raison d'une relique, une épine de la Sainte Couronne. Pendant les guerres de Religion, au cours du XVIe siècle, l'église et le prieuré furent à plusieurs reprises attaqués et partiellement détruits ; statues, images et instruments de culte furent brisés et les moines dispersés, si bien que le culte catholique fut interrompu et l'édifice laissé à l'abandon. Le clocher s'effondra en 1613. La reconstruction commença au XVIIe siècle : Jacques Beaudouin dressa les plans en 1633, puis les travaux se poursuivirent sous la direction de Jean Favières et Julien Baudoin entre 1641 et 1669. L'église fut rouverte au culte en 1646, avant l'achèvement complet des travaux, achevés vers 1657. La reconstruction supprima les colonnes médianes d'origine et le clocher sud, transformant le plan primitif — initialement une nef avec bas-côté, chœur circulaire, chapelles rayonnantes et probablement un transept — en une nef unique prolongée par une abside à pans coupés. De nouvelles chapelles furent ajoutées entre 1683 et 1715, d'autres au XIXe siècle, tandis que des tribunes latérales furent élevées en 1759-1760 ; certaines chapelles et fonts baptismaux créés au XIXe ont depuis été détruits. Pendant la Révolution, l'édifice fut momentanément converti en Temple de la Raison. Les fresques du chœur et de l'abside, représentant des épisodes de la vie de la Vierge et du Christ, ont été peintes par Jean Bernard en 1939-1940. Les vitraux du chœur datent principalement de 1869 (atelier Grenade et Besseyrias), une verrière a été réalisée en 1921 par l'atelier Louis Gesta, et huit verrières modernes de la nef datent de 1982 et sont l'œuvre du maître-verrier Claude Baillon ; ces dernières remplacèrent des verrières de la nef détruites l'année précédente lors d'une tempête. L'église a été classée au titre des monuments historiques en 1945. Orientée est‑ouest, l'église présente un clocher octogonal à trois étages sur la cinquième travée de la nef, la base symétrique du clocher nord ayant été conservée. Sur les façades latérales, les toitures forment un pignon au droit de chaque fenêtre. Le portail occidental, de style Renaissance, est formé d'un double accès avec deux portes encadrées par trois pilastres cannelés aux chapiteaux corinthiens, un entablement orné de rinceaux et un fronton interrompu abritant une niche encadrée de consoles. L'intérieur présente une nef de cinq travées longue d'environ 36 mètres et large de 14, prolongée par une abside à cinq pans dont le plafond est entièrement peint. Les tribunes ceinturent la nef au nord, au sud et à l'ouest, au‑dessus du portail, où est installé l'orgue de tribune. Le mobilier comprend trois toiles du XVIIIe siècle inscrites au titre des monuments historiques (L'Adoration des bergers, L'Adoration des mages et La Crucifixion aux anges), une chaire à prêcher en bois de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle, un orgue construit en 1873 par le facteur Rocourt et un retable de saint Joseph du XIXe siècle. On y conserve également une statue en marbre de la Vierge à l'Enfant de François Mahoux et deux peintures de Bagou (1849 et 1850‑1851), copies d'œuvres de Raphaël et de Murillo. Les anciennes dépendances du monastère ont disparu et ont été remplacées par des bâtiments scolaires.