Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-la-Gloriette
L'église Notre-Dame-de-la-Gloriette, anciennement Sainte-Catherine-des-Arts, se situe au centre-ville ancien de Caen (Calvados) et est classée au titre des monuments historiques depuis le 9 juillet 1909. Construite par les jésuites à la fin du XVIIe siècle, elle fut désacralisée pendant la Révolution puis rendue au culte catholique en 1802 ; elle accueille aujourd'hui fréquemment des concerts de musique classique. Les jésuites du Collège du Mont disposaient d'une simple chapelle avant d'acheter, en 1667, des terrains dans le Pré-aux-Ébats ; les fondations de la nouvelle église furent posées en 1684 et l'édifice fut consacré sous le nom de Sainte-Catherine des Arts en 1689. Après le bannissement de la Compagnie de Jésus, l'église fut affectée à l'université de Caen, utilisée pour le culte constitutionnel puis pour les fêtes décadaires, et servit d'entrepôt pour du mobilier d'églises pendant la Révolution. La ville envisagea diverses reconversions, dont un musée, et les tableaux destinés au musée des Beaux-Arts furent entreposés dans l'ancienne église pendant la transformation de l'ancien séminaire jusqu'en 1809. Redevenue paroissiale sous le vocable de Notre-Dame en 1802, elle remplaça l'église de Froide-Rue devenue Saint-Sauveur ; les ossements de Jean Eudes, transférés en 1810, furent déplacés le 6 mars 1884 dans la crypte sous le transept sud. Des travaux de rénovation et d'embellissement eurent lieu au XIXe siècle, et depuis 1987 le diocèse prête l'édifice à la Maîtrise de Caen pour des auditions et des concerts liés au Théâtre de Caen. De plan basilical et d'une superficie totale de 1 163 m2, l'église mesure 48 mètres de long et 23 mètres de large au maximum (21 mètres au niveau de la façade). Orientée nord-est — sud-ouest dans l'axe de la rue Jean-Eudes, elle s'ouvre par un parvis rectangulaire sur la rue Saint-Laurent ; l'extérieur, comprenant ce parvis, est classé depuis le 30 mars 1939. La façade principale, soignée et inspirée de l'église du Gesù, contraste avec des élévations latérales restées nues ; des portes secondaires et des oculi ont été percés en 1846-1847. Construite près de la courtine des fortifications et sur un terrain marécageux bordant le Petit Odon, comblé dans les années 1930, la façade présente un léger penchant vers la droite. À l'intérieur, l'église est orientée à l'ouest ; la nef, encadrée de deux bas-côtés et surmontée de tribunes réalisées en 1846-1847, se prolonge par un transept faiblement saillant et une abside semi-circulaire aveugle. Le cul-de-four du chœur porte une Assomption peinte par Perrodin en 1876, les doubleaux du chœur furent ornés à la fin du XIXe siècle par l'atelier Jacquier, et la coupole du transept reçut en 1901 une Glorification de Saint-Jean-Eudes par Henri Lerolle. Le mobilier liturgique, pour une large part classé au titre d'objet, a été entreposé dans l'église depuis le Consulat ; certains éléments rejoignirent les collections du musée des Beaux-Arts de Caen tandis que d'autres y demeurent. Le maître-autel, provenant de l'abbaye aux Dames, est en marbre blanc : il présente un bas-relief de la Vierge, un tabernacle du XVIIIe siècle à porte en bronze doré encadrée de palmiers, et derrière lui un groupe de statues dorées représentant l'Enfant Jésus, saint Joseph et la Vierge, inspiré d'une crèche de Michel Anguier. Le baldaquin, commandé en 1707 à Guillaume de La Tremblaye et fortement inspiré de l'autel de Saint-Germain-des-Prés, est attribué à un Brodon (Guillaume ou ses fils André et Michel) et repose sur six colonnes monolithes corinthiennes en marbre de Vieux, posées sur des socles en pierre de Caen avec application de marbre vert ; la coiffe en bois doré forme une couronne surmontée d'un globe et d'une croix et présente une guirlande nuageuse animée par deux chérubins et un ange tenant la banderole IN EXCELSIS DEO. Cet ensemble, classé au titre d'objet depuis le 16 décembre 1907, est aujourd'hui en mauvais état et nécessite consolidation et redorure, notamment pour le bras droit de l'ange. D'autres autels en bois taillé, peint et doré sont exposés dans l'église — autels de sainte Anne, de la Vierge, des fonts baptismaux, de saint Laurent, de saint Charles Borromée et de Notre-Dame de Pitié — et plusieurs pièces ainsi que des grilles ont fait l'objet de classements en 1909 et 1980. Les retables des croisillons du transept, conçus probablement dès l'origine pour l'église des jésuites, présentent des toiles d'Étienne Jeaurat et une architecture de pilastres ioniques et de volutes ; les compositions du transept nord et sud mettent en scène respectivement l'Annonciation et l'apparition du Christ à Marie-Madeleine. Une chaire en bois sculpté, attribuée selon Bouet aux années 1735-1750 et provenant du monastère des bénédictins, a été remontée sur le pilier oriental séparant le chœur du transept. La partie inférieure des murs du chœur, datée de la fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle et classée en 1907, comprend des lambris peints, un entablement, cinq reliquaires — pour la plupart venus de l'abbaye aux Dames — des bas-reliefs illustrant l'Annonciation, l'Adoration des Mages et la Purification, ainsi que des anges en terre cuite dorée ; les ferronneries fermant le chœur sont des grilles en fer forgé peint et doré datées de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle et classées en 1980. L'orgue, acquis en 1837 et restauré successivement par Barker, Mutin, Cavaillé-Coll, Victor Gonzalez et modifié en 1959 par la maison Rothinger qui y ajouta un positif et l'électrifia, est un instrument néo-classique de transition dont le buffet et la partie instrumentale ont été classés respectivement en 1976 et 1989 ; le buffet, décoré de nœuds, d'instruments de musique et d'un oiseau, repose à l'entrée de la nef sur les tribunes de 1846-1847 dont les grilles du XVIIe siècle sont classées depuis 1907.