Origine et histoire de l'Église Notre-Dame-de-la-Joie
La basilique Notre-Dame-de-la-Joie de Pontivy est une basilique mineure de l'Église catholique située place Bourdonnay-du-Clézio, au cœur de la ville médiévale de Pontivy, dans le Morbihan. La première pierre de l'édifice a été posée le 29 avril 1533 par les paroissiens, comme l'atteste une inscription en moyen français placée au-dessus du portail occidental. La famille de Rohan a contribué aux travaux et ses macles et armoiries figurent au-dessus de la porte de la tour. Selon la tradition locale, une épidémie de dysenterie en 1695‑1696 conduisit les habitants à faire le vœu, le 11 septembre 1696, d'offrir une lampe éternelle à la Vierge si le fléau cessait ; la disparition de l'épidémie donna lieu à l'allumage de la lampe, à une procession et au vocable Notre‑Dame‑de‑Joie, sans toutefois que le culte marial ne soit nouveau dans la région. L'édifice a été transformé à la fin du XVIIIe siècle et à la fin du XIXe siècle pour répondre à l'accroissement des fidèles ; la flèche, les bas‑côtés du chœur et les voûtes de la nef datent notamment de 1886. Le pape Jean XXIII lui a octroyé le titre de basilique mineure le 10 janvier 1959. Les parties originelles conservées, le portail occidental et la tour (à l'exception de la flèche), ont fait l'objet d'une protection au titre des monuments historiques dès 1925, et l'ensemble de l'église a été inscrit en 2018 ; certains éléments du mobilier et de l'orgue bénéficient également de protections spécifiques. Depuis 2017, la paroisse est animée par la congrégation de l'Oratoire.
L'architecture utilise abondamment les granites locaux de Pontivy, tant à faciès grossier qu'à faciès fin très blanc, ainsi que des schistes et grès briovériens gris‑vert. Les remaniements successifs ont modifié le plan primitif en croix latine, mais l'élévation conserve des indices de l'ancien croisillon sur la façade méridionale. Les fenêtres en arc brisé ont été restaurées au XIXe siècle et sont surmontées de pignons décorés de crosses et de choux. Le portail occidental se compose de deux baies jumelles en anse de panier, encadrées de trois colonnettes et soulignées par une double voussure sculptée de feuillages de vigne et de chêne, le tout surmonté d'accolades fleuronnées ; au‑dessus des chapiteaux apparaissent des pinacles légers ornés de losanges ajourés qui reprennent les macles de la maison de Rohan. La tour s'élève en étages percés de longues fenêtres et se termine par une galerie flamboyante chargée de gargouilles et de pinacles ; un tambour octogonal flanqué de clochetons porte la flèche de pierre qui a remplacé une charpente d'ardoises en 1886. La nef, à trois vaisseaux et quatre travées, communique avec les bas‑côtés par des arcades brisées à multiples archivoltes qui s'appuient sur des piliers carrés engagés, en granite à gros grain.
Le mobilier est riche et partiellement protégé. Le maître‑autel, en marbre gris poli et pierre polychrome, a été exécuté à Rennes en 1782 ; son retable architecturé en marbre et tuffeau, daté de 1725 et de style Louis XV, présente un plan concave avec un corps central abritant une grande niche en anse de panier qui contient un groupe en terre cuite représentant la Sainte Famille. Le retable associe colonnes de marbre noir, entablement sculpté de rinceaux, un fronton semi‑circulaire et une niche de couronnement où figure saint Ivy, entouré d'anges musiciens ; les ailes incurvées abritent les statues de saint Joachim et sainte Anne, et des médaillons semblent évoquer les donateurs, le duc et la duchesse de Rohan. Le devant du maître‑autel porte le nom de Jéhovah en caractères hébraïques et des motifs solaires ; le tabernacle, en marbre, est muni d'une porte ouvragée en mosaïque d'or et d'émail. C'est sur cet autel que les Fédérés signèrent leur acte d'union le 19 janvier 1790, lors duquel l'expression « Vivre libre ou mourir » fut employée pour la première fois. L'église conserve également une série de statues des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, probablement issues de l'ancien couvent des Récollets, ainsi qu'un aigle‑lutrin en bois du XVIIe siècle offert par le duc de Rohan. Une huile sur toile de la Descente de Croix, attribuée à l'école flamande et datée de 1635, a été restaurée en 1974. La chapelle nord, dédiée à Notre‑Dame‑de‑Joie, abrite le retable et la statue vénérée de la Vierge, tandis que le retable du calvaire, en bois sculpté, est représentatif du XVIIe siècle et la lampe perpétuelle y est suspendue à la voûte. Du XIXe siècle datent des vitraux réalisés par Ernest‑Victor Laumonnier et un orgue Cavaillé‑Coll de 1836 ; d'autres verrières ont été ajoutées au XXe siècle.